Lutter
contre le chômage commence par interdire les licenciements
En 2013, le gouvernement
s’était fixé pour objectif « l’inversion de la courbe du chômage ».
Sur les 24 mois de présidence Hollande, il y a eu 1 mois de baisse et 23 mois
de hausse. Désormais, il ne vise plus que sa « stabilisation »
et le ministre du Travail a décidé de ne plus commenter les chiffres mensuels
de Pôle emploi.
Avec 31
500 chômeurs de plus en février, 1 600 en mars, 11 000 en avril, 25 000 en mai,
le gouvernement reconnaît 5 millions de chômeurs, toutes catégories confondues,
un niveau jamais atteint.
Valls
assure que « le chômage n’est pas une fatalité ». Mais, à
partir du moment où il soutient les licencieurs, le chômage ne peut
qu’augmenter.
Il y a
tout un cinéma autour du chômage des séniors, comme s’il s’agissait d’un
nouveau « phénomène social ». Mais les séniors, de plus en plus
nombreux à Pôle emploi, ne viennent pas de la planète Mars. Ce sont des anciens
de Moulinex, de Continental, de Peugeot, des abattoirs Gad, des Trois Suisses,
sans parler de ceux licenciés d’entreprises plus petites.
Le
gouvernement prétend aussi s’occuper du chômage des jeunes. Stages,
apprentissages, formations, emplois aidés… les mesures sont légion. Pour peu
qu’ils se donnent la peine de monter des dossiers, les patrons peuvent se payer
des jeunes pour pas cher.
Il
n’empêche ! Le nombre d’emplois disponibles diminue dans toutes les
entreprises, privées comme publiques. Les 30 000 postes que la SNCF a supprimés
en dix ans, les milliers supprimés chaque année à La Poste et dans la fonction
publique, correspondent à autant de jeunes au chômage.
Le
chômage n’est pas une fatalité, c’est un choix économique et politique. Il
découle du fonctionnement même de notre système économique aberrant où il est
plus rentable d’exploiter des travailleurs à mort et d’imposer aux autres de
végéter au chômage. Où la recherche du profit conduit à laisser des millions de
travailleurs sur le carreau alors qu’il y aurait tant à faire pour répondre aux
besoins de tous, dans les domaines du logement, celui des transports, de
l’éducation ou de la santé.
L’exploitation,
les bas salaires et le chômage résultent des intérêts de classe de la
bourgeoisie. Intérêts auxquels le gouvernement est dévoué corps et âme. Le
grand patronat licencie à tour de bras ? Le gouvernement le défend !
Il n’est pas seulement impuissant à combattre le chômage, il en est
co-responsable.
Même
dans le secteur public où tout ne dépend que du gouvernement et de ses choix,
ce ne sont jamais les emplois qui sont prioritaires mais les coupes budgétaires
et le remboursement de la dette aux banquiers.
Comme
le patronat, le gouvernement ne jure que par la rentabilité des capitaux, la
bonne tenue de la Bourse, les affaires de la bourgeoisie. C’est un choix de
classe.
Quant
au combat contre le chômage, ce n’est qu’un prétexte supplémentaire pour
baisser les cotisations, diminuer les impôts patronaux et imposer plus de
flexibilité. La droite estime que le gouvernement ne va pas assez vite et pas
assez loin. Il n’en demeure pas moins qu’il a dépassé tout ce que Sarkozy a
fait dans le domaine.
Car, de
gauche ou de droite, c’est la même politique depuis des années, pour le même
résultat : les cadeaux sont encaissés par le patronat, le déficit de la
Sécurité sociale se creuse, les droits des travailleurs reculent. Mais pas de
reprise en vue et pas d’embauches.
Et ils
vont continuer. Alors que le gouvernement a concocté, pour le patronat, un plan
inédit d’allègement de ses prétendues « charges », celui-ci menace de
ne pas siéger lors de la prochaine conférence sociale. Il refuse de discuter
des contreparties en emplois car il ne veut aucune « contrainte ». Il
faudrait être naïf pour croire que cela débouchera sur des créations
d’emplois !
La
lutte contre le chômage est une question de combat, une question de lutte de
classe. Seuls les travailleurs, qu’ils soient au chômage ou en activité, ont
intérêt à ce combat.
On peut
stopper la montée du chômage en interdisant les licenciements et toute
suppression d’emplois. Et on résorbera le chômage en imposant aux grands
groupes de répartir le travail de sorte qu’il n’y ait pas, d’un côté, des
salariés qui s’usent au boulot et, de l’autre, des travailleurs forcés de
survivre au chômage.
Ces
mesures ne peuvent faire l’objet que de la lutte des travailleurs. S’ils ne se
battent pas eux-mêmes pour leurs intérêts les plus vitaux, personne ne le fera
à leur place.