Chômage,
pouvoir d’achat, retraite, la coupe se remplit : elle finira par
déborder !
Emploi,
salaires, retraites, compétitivité, TVA : sur tous ces sujets, il n’y a
aucune différence entre la politique menée par Hollande et celle que menait
Sarkozy, si ce n’est dans la méthode affichée. A la différence de la droite,
qui assumait ses attaques contre les classes populaires, le gouvernement
socialiste est plus hypocrite. Comme la réforme du code du travail, la réforme
des retraites doit, dit-il, être le fruit du « dialogue social » et
de la « concertation ». Quelle mascarade !
Le gouvernement n’a peut-être pas arrêté
toutes les modalités de sa future réforme, mais il en a décidé
l’essentiel : la durée de cotisation sera augmentée pour tout le monde,
jusqu’à 43 ou 44 années. Les confédérations syndicales et le patronat peuvent
discuter pendant des semaines et s’empailler sur des détails, le recul est
décidé et programmé par le gouvernement. La date du vote à l’Assemblée est même
peut-être fixée. Il ne manque plus que l’enrobage.
Parce que le gouvernement réfléchit à des
aménagements pour les jeunes, les femmes et les métiers pénibles, il parle de
réforme « juste ». Mais ce qu’il donnera d’une main, il le reprendra
de l’autre car en augmentant la durée de cotisation pour tous, c’est bien tous
les travailleurs qui reculeront !
Quant à prétendre que cette réforme
n’aurait rien à voir avec celle de Sarkozy car l’âge de départ ne sera pas
touché, c’est se moquer du monde ! Avec 43 ou 44 annuités de cotisation,
il faudrait commencer à travailler à 19 et 18 ans pour toucher une retraite
complète à 62 ans. Faut-il rappeler qu’un jeune de moins de 25 ans sur quatre
est aujourd’hui au chômage ?
Ce discours sur une réforme
« juste » est de la poudre aux yeux. Que le gouvernement parvienne ou
pas à entraîner dans son jeu les confédérations syndicales ne rendra pas cette
attaque meilleure.
« Nous vivons plus longtemps, nous
pouvons travailler plus longtemps », entend-on du matin au soir. Mais
avant de forcer les salariés à travailler jusqu’à 65 ou 67 ans, il faudrait
embaucher les chômeurs. Et que dire des centaines de milliers de femmes et
d’hommes qui ne « peuvent » pas travailler plus longtemps parce
qu’ils sont licenciés, malades ou en invalidité bien avant 60 ans.
« Nous pouvons travailler plus
longtemps » Mais qui parle au nom de ce « nous » ?
Des sénateurs ? Des ministres ? Des grands patrons ? Eh bien, il
faut croire que ce n’est pas le travail qui les use ! Sur le terrain de
l’espérance de vie, « nous » ne sommes pas du tout
égaux : entre un cadre et un ouvrier, il y a sept ans d’espérance de vie
en moins.
Et ces chiffres ne disent rien de l’état
de santé ! Tous les retraités ne se portent pas aussi bien que les seniors
montrés dans les publicités, et c’est sans même parler des travailleurs qui ont
eu des métiers pénibles, de ceux qui ont travaillé avec des horaires décalés ou
de nuit. C’est sans parler de ceux qui ont été empoisonnés au travail, par
l’amiante ou d’autres produits toxiques.
Oui, l’espérance de vie augmente, et
alors ? Tout au long des 19ème et 20ème siècles, l’espérance de vie s’est
accrue et c’est allé de pair avec la réduction du temps de travail. Et on
voudrait nous faire croire que ce n’est plus possible ! Aujourd’hui, la
société part de plus haut, les richesses et les progrès se sont accumulés et
continuent à s’accumuler malgré la crise.
Les travailleurs sont bien placés pour
savoir que, même en étant moins nombreux sur les lignes de montage, dans les
ateliers ou les bureaux, ils produisent plus. C’est le fruit du progrès mais
aussi de l’exploitation, du travail plus intense, des cadences plus dures. Les
experts économiques font mine d’oublier les gains de productivité, mais les
travailleurs la sentent, eux, dans leurs muscles, leur dos et leurs
articulations.
Les travailleurs ne sont pas dupes des
mensonges du gouvernement et de ces experts qui nous font la leçon du matin au
soir. Tous ces gens là ne sont experts qu’en sacrifices à imposer aux
travailleurs ! À force de mentir, ils feront éclater la colère.
Au
Brésil, les manifestations monstres montrent que cette colère peut éclater sans
prévenir car les travailleurs ne sont pas prêts à tout supporter. Comme au
Brésil, il faut dire « ça suffit » ! On ne peut plus laisser les
dirigeants s’en prendre à ce qui est le plus vital pour la population alors que
l’argent est dilapidé dans une gabegie financière !
Il manquera 20 milliards en 2020 pour les
retraites ? Que le gouvernement commence par faire payer aux riches les 60
milliards d’évasion fiscale qu’ils doivent chaque année !