Iran :
une épreuve de force payée par la population
10 Juillet 2019
Alors que l’embargo décidé
unilatéralement par Trump il y a plus d’un an asphyxie dramatiquement la
population iranienne, les dirigeants de la République islamique viennent
d’annoncer qu’ils ne respecteraient plus l’accord sur le nucléaire signé en
2015 avec les grandes puissances.
Concrètement, les dirigeants
iraniens annoncent qu’ils vont augmenter la teneur en uranium 235, présent dans
l’uranium naturel, au-delà des 3,67 % autorisés par l’accord de 2015.
L’uranium 235 est celui qui permet les réactions de fission nucléaire. Selon le
type de réacteur, pour produire de l’électricité, le taux d’uranium 235
nécessaire peut aller jusqu’à 20 %, voire plus. Mais pour produire des
bombes, il faut dépasser les 80 %, un seuil bien loin des 4,5 %
annoncés par les dirigeants iraniens.
En signant l’accord de 2015,
l’Iran avait accepté les contrôles les plus intrusifs du monde, selon l’un des
représentants de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) chargée
de ces contrôles. Cette énorme concession aux dépens de leur souveraineté
nationale avait permis aux dirigeants iraniens de réintégrer le marché mondial,
pour vendre leur pétrole en échange de multiples produits. En dénonçant
brutalement cet accord en mai 2018 puis en imposant un sévère embargo, respecté
par tous les pays du monde sous peine de sanctions américaines, Trump a placé
les dirigeants iraniens dans une impasse. Dénoncer à leur tour cet accord est
une façon pour eux de montrer qu’ils ne reculent pas devant l’épreuve de force,
en espérant que cette attitude leur permettra une réouverture des négociations.
En particulier, ils tentent de
faire pression sur les dirigeants européens qui prétendent vouloir la poursuite
des relations avec l’Iran, mais qui ont cédé à toutes les exigences
américaines.
Quelle que soit l’issue de ce
poker menteur dangereux, qui a conduit dernièrement à des affrontements
militaires dans le golfe Persique, c’est la population iranienne qui paie le
prix fort.
Chaque mois qui passe aggrave la
pénurie dont elle est victime. En plus de cet embargo qui provoque une
inflation record, elle subit les effets d’une série de catastrophes
environnementales : pollutions, pénuries d’eau récurrentes, pluies
diluviennes qui ont provoqué des inondations majeures et le déplacement de 500
000 personnes. Le tout s’ajoute à la dictature des mollahs et à la corruption
permanente imposées au pays depuis quarante ans. Mais, en aggravant les souffrances
des classes populaires iraniennes, les dirigeants impérialistes ne font que
renforcer cette dictature.
Xavier
LACHAU (Lutte ouvrière n°2658)