Covid 19
: course aux vaccins, course aux profits
21 Octobre 2020
À l’échelle de la planète, 42
candidats vaccins sont aujourd’hui engagés dans la grande course qui conduira
les gagnants, ceux qui se révèleront efficaces et sûrs contre le Covid, à leur
mise sur le marché.
Les plus gros, les plus riches
laboratoires, les Sanofi, Merck, Johnson & Johnson, GSK, Pfizer et autres
AstraZeneca, se préparent à fabriquer les milliards de doses qui pourraient
leur rapporter demain des milliards de dollars, d’euros ou autre monnaie.
Avant de pouvoir prendre le
départ, chaque vaccin a été testé sur des animaux, pour vérifier qu’il provoque
bien une réponse immunitaire. Mais ensuite, avant de franchir la ligne
d’arrivée, plusieurs étapes s’imposent encore.
D’abord, en phase 1, il faut
vérifier chez un petit nombre de sujets que le vaccin provoque bien une réaction
immunitaire et qu’il n’est pas toxique. En phase 2, il est testé sur plusieurs
centaines de personnes, dont des personnes âgées et des enfants, toujours pour
vérifier l’innocuité et l’efficacité, mais aussi pour savoir si tous les sujets
réagissent de la même manière. Enfin, en phase 3, des dizaines de milliers de
personnes reçoivent le vaccin et son efficacité est comparée à celle d’un
placebo, en même temps que d’éventuels effets secondaires sont repérés. C’est
seulement à l’issue de ces essais cliniques, qui durent habituellement
plusieurs années, que les autorités sanitaires, dans le cadre légal fixé,
décident si le vaccin est suffisamment sûr et efficace pour être utilisé et
délivrent l’autorisation de mise sur le marché.
Mais, qu’il s’agisse des essais
sur l’animal ou des essais cliniques, chaque laboratoire garde jalousement ses
conclusions, ses méthodes d’évaluation. Les protocoles d’évaluation sont tenus
secrets. Là où il faudrait une mise en commun de toutes les observations, de
toutes les découvertes et connaissances à l’échelle internationale, la
concurrence entre les grands groupes et la course à la rentabilité prévalent.
Des délais d’étude sont raccourcis, des procédures sont accélérées, qui peuvent
compromettre la sécurité et l’efficacité de la vaccination. Quand la nécessité
de juguler au plus vite la pandémie, quand « l’urgence de santé
publique », comme disent les autorités sanitaires, sont mises en avant, il
s’agit là d’un prétexte. La réalité est que la compétition fait rage pour
arriver le premier au poteau.
Cette guerre s’accompagne ainsi
d’un immense gâchis d’argent, de connaissances, d’intelligences et même
potentiellement de vies, au point qu’elle peut nourrir la méfiance envers les
vaccins à venir et la vaccination en général. Le danger ne vient pourtant pas
de la vaccination, mais bel et bien de la concurrence et du secret des affaires
commerciales.
Sophie
GARGAN (Lutte ouvrière n° 2725)