Narcotrafic :
la vaine agitation de Retailleau
Publié le 29/01/2025
La proposition de loi présentée
au Sénat le 28 janvier par le sénateur Les Républicains
Étienne Blanc et le sénateur socialiste Jérôme
Durain, prétendant combattre le
narcotrafic, est venue appuyer la démagogie gouvernementale.
« Les drogues les plus dures sont disponibles
partout. […] Il faut se réarmer car c’est une menace existentielle pour notre
pays », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Et
d’annoncer la création d’un « état-major contre la criminalité organisée qui
va comprendre tous nos services de renseignements comme on l’a fait pour le
terrorisme ». Le ministre de la Justice Darmanin a renchéri : « Je n’ai
pas à attendre la loi du Parlement pour renforcer les moyens contre le
narcotrafic. Je vais quasiment doubler le nombre de magistrats dans les
prochains mois qui luttent contre lui. » Ces discours ne coûtent rien. Les
Darmanin, Retailleau prennent une posture pour tenter de gagner des voix,
certainement pas pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les
classes populaires.
Ceux-ci sont bien réels : la peur
de voir ses enfants devenir dealers ou consommateurs de drogue, ou les deux,
l’existence de points de vente tenus par des dealers qui contrôlent
véritablement les entrées et sorties des cités, sans parler des règlements de
comptes et du danger des balles perdues. Ajouté aux conséquences de la crise,
au chômage, à la détérioration de tous les services publics, santé, écoles,
transports, tout cela rend la vie plus difficile dans les quartiers pauvres. Et
les problèmes ne font que s’aggraver au fil des années.
Mais si la consommation de drogue
ne cesse de se développer, ce n’est pas dû à une perte de valeurs morales, à la
prétendue violence d’une partie de la jeunesse qu’il suffirait de mettre
derrière les barreaux, comme aiment à le répéter les perroquets réactionnaires.
Dans cette société qui repose sur la violence de l’exploitation et
l’individualisme, la drogue peut apparaître comme la seule manière de tenir.
Mais si ce commerce se développe, c’est aussi et surtout parce qu’il est, et
depuis bien longtemps, un des plus lucratifs du monde. Ce commerce fait partie
du marché capitaliste mondialisé, tout comme un autre. Les dealers qui tiennent
les murs des cités ne sont que les petites mains d’un trafic contrôlé à un bien
plus haut niveau par de puissantes mafias. Le blanchiment d’argent que les
Retailleau et autres prétendent sans rire combattre, est opéré à grande échelle
au travers de circuits financiers mondiaux. Autant dire que les gouvernements
non seulement ne veulent pas vraiment s’y attaquer, mais qu’ils sont largement
impuissants face aux hommes d’affaires, financiers et autres qui prospèrent
grâce à la drogue.
Le développement du commerce de
la drogue et ses conséquences mesurent la dégradation d’une société où seul
l’argent compte. Les moulinets de Retailleau et Darmanin n’y changeront rien.
Aline Retesse (Lutte ouvrière
n°2948)