Macron et
l’extrême droite : faux rempart, vrai marchepied
27 Décembre 2023
Sur France 5 le 20 décembre, une
partie des téléspectateurs ont dû s’étrangler d’indignation en entendant Macron
affirmer que le vote par une majorité de députés de la loi Immigration était «
une défaite pour le RN », au moment même où Le Pen et Bardella pavoisaient.
Avec le soutien des députés LR et
RN au grand complet, et celui des trois quarts de sa majorité, Macron a fait
passer une loi antiouvrière de plus. Il réaffirme ainsi son positionnement,
non seulement du côté du grand patronat, qui attend de son gouvernement aides à
profusion, austérité dans les services publics et facilités de toutes sortes
pour accroître l’exploitation des travailleurs, mais de plus en plus à droite
sur l’échiquier politique.
Face à la caméra, Macron a osé
prétendre que « cette loi, c’est le bouclier qui nous manquait »,
une loi « que nos compatriotes attendaient », « fruit
d’un compromis », censé « lutter contre l’immigration
clandestine » tout en permettant de « mieux intégrer »
les travailleurs, sans doute ceux que Darmanin appelle « les
gentils ». Et d’affirmer, contre toute évidence, que « les idées
du RN ne sont pas dans le texte », et plus encore que « cette
loi va nous permettre d’être plus efficace contre ce qui nourrit le RN » !
Présenter le vote de cette loi
comme une façon de couper l’herbe sous le pied de l’extrême droite n’a rien
d’original ; le président rejoint ainsi la cohorte des politiciens qui, de
gauche ou de droite, ont expliqué benoîtement que la meilleure manière de ne
pas laisser le terrain à l’extrême droite est de mettre en application ses
idées. En fait, tous n’ont fait que lui ouvrir la voie, prouvant au passage
qu’en réalité ces « idées » ne les choquent pas vraiment.
Non seulement ils ne sont pas
gênés, ni de rendre encore plus invivables les conditions d’une partie, importante,
de la classe ouvrière, ni de s’attaquer ainsi à tous les travailleurs. Et les
textes, contrairement aux allégations d’un Macron, sont là, prêts à servir à
ses successeurs éventuels aux manettes, aux Le Pen tante ou nièce.
Bien des électeurs qui avaient
cru, en 2017, en 2022, que voter Macron était le moyen d’éviter Le Pen, peuvent
maintenant voir Macron faire du Le Pen et du Zemmour, sous prétexte de les
empêcher d’arriver au pouvoir. Macron et ses semblables n’avaient pas précisé,
il est vrai, que pour eux le courage politique face aux torrents de boue
consiste à se vautrer dedans.
Viviane
LAFONT (Lutte ouvrière n°2891)
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