Contre
l’extrême droite : le vote Macron ne protège de rien
27 Avril 2022
Au second tour de l’élection
présidentielle, Le Pen a recueilli plus de 13 millions de voix, soit presque
trois millions de plus qu’en 2017. Cette progression porte l’extrême droite à
un niveau électoral encore jamais atteint.
Le plus inquiétant est qu’une
partie importante de ces voix viennent des milieux populaires, désorientés
politiquement au point d’exprimer leur rejet de Macron en votant pour une
ennemie avérée. Le Pen est en effet prête à mener une politique autoritaire et
violente au service des capitalistes.
Ces résultats électoraux
reflètent la poussée réactionnaire dans le pays, qui ne se limite pas aux
candidats de l’extrême droite. Car on a vu l’ensemble des politiciens reprendre
une partie de ses thèmes de prédilection : l’insécurité, l’immigration, le
nationalisme. Ces scores record de l’extrême droite ne peuvent donc que
renforcer les apprentis fascistes qui existent dans ce pays, les pousser à se
faire entendre, à se faire voir de plus en plus, au-delà des péripéties
électorales.
D’autant plus que le courant
d’extrême droite est présent au cœur même de l’appareil d’État. Cela fait des
années que des témoignages de violences policières, de racisme au sein de la
police, montrent à quel point ces idées y prospèrent. Dernièrement, des membres
d’un groupe Facebook comptant plus de 7 000 membres, « TN Rabiot Police
officiel », ont été cités à comparaître par la justice pour des propos
racistes. Ce n’est que le dernier des scandales évoqués dans la presse, et ce
groupe continue d’exister.
Le corps des officiers de l’armée
a toujours été très marqué par les idées d’extrême droite. Les écoles
militaires sont des hauts lieux de propagande de ces idées. Ceux qui évoquent
une « armée républicaine » – entendez une armée démocratique au
service de la population – mentent comme des arracheurs de dents. L’histoire de
l’armée française est celle du soutien à Pétain, des guerres coloniales, de la
torture, du coup d’État de l’OAS en 1961. Elle est un des meilleurs creusets
pour former les cadres d’un courant fasciste.
Que cela ne s’exprime pas sur la
place publique, l’armée devant rester la « grande muette », ne prouve
rien. D’ailleurs ces dernières années, en lien avec la situation et la montée
du courant d’extrême droite, certains officiers supérieurs ont tenu à sortir de
leur réserve formelle et à se faire entendre. Au début de l’année 2021, des
milliers de militaires avaient signé une lettre de généraux à la retraite
annonçant qu’ils étaient tout disposés à « nettoyer le pays »,
montrant par là même que les hommes et les femmes prêts à diriger ou encadrer
un véritable mouvement d’extrême droite s’imposant réellement dans le pays
existent déjà. Ils sont prêts aussi à user de méthodes autoritaires, voire
dictatoriales, pour mettre au pas les travailleurs si besoin. Et ils n’ont rien
à craindre de Macron ou de ses semblables. Jamais les politiciens au service de
la bourgeoisie ne s’attaqueront à eux, car ils ont besoin de cet appareil de
répression.
Que ces forces fascisantes
veuillent agir pour elles-mêmes, ou soient utilisées par un gouvernement contre
le monde du travail, le danger existe et ne disparaîtra pas de sitôt.
Face à cette menace les
travailleurs conscients ne peuvent en aucune façon faire confiance à des
combinaisons de gauche au gouvernement ou au Parlement. Ils ne pourront compter
que sur eux-mêmes, sur les perspectives qu’ils peuvent offrir à la société en
se battant contre le système capitaliste, source fondamentale de tous ces maux.
Charles Legoda (Lutte ouvrière n°2804)