Quand les difficultés sont multipliées
Un quartier populaire, Joliot, et pas le plus en difficulté
Ébauche
pour approfondir avec Lionel et tous ceux qui le souhaitent.
Un refrain qui revient toujours
dans les réflexions à propos de la montée de la violence dans les quartiers et
les villes populaires concerne la responsabilité des familles. Certes, avoir
des enfants engage une incontestable responsabilité. Mais ensuite, leurs
conditions de vie conditionnent largement le devenir des enfants, comme chacun
sait. Une réalité fondamentalement conditionnée par des différences de
conditions de milieux sociaux, d’environnement spatial, et de la qualité des
réseaux avec le reste de la société. Ce qui ne veut pas dire que des conditions
sociales difficiles sont absolument déterminantes. Il y a tant de facteurs qui
interviennent, mais le déterminisme, même s’il est relatif, existe, tant que
l’environnement n’intervient pas pour, quels que soient ces facteurs, les
contrer.
Avant
d’aller plus loin, l faut rappeler que la montée de la violence dans la société
a de multiples niveaux et qu’elle n’est pas propre aux quartiers et aux milieux
populaires. Rappelons la montée de la tension dans les rapports
interindividuels que j’ai déjà évoquée, partout dans l’ensemble de la société, la
dégradation du vocabulaire, l’individualisme.
Dans
les quartiers populaires, lors d’incidents, par exemple avec la police, combien
de jeunes sont-ils impliqués ? Une petite minorité. Et il n’y a qu’une
petite minorité de familles concernées, qui auraient simplement besoin d’une
aide particulière pour surmonter la situation, et en amont, pour ne pas voir
certains enfants, et certains depuis leur plus jeune âge, se marginaliser.
Au
niveau des familles elles-mêmes, il n’y a qu’une petite fraction d’entre elles
qui se trouvent dans une situation de nette marginalisation. La Crise date
aujourd’hui de près d’une cinquantaine d’années. Cela fait près de trois
générations que pour certaines familles, cette crise a enkysté les difficultés
dans les quartiers, conduisant pour certaines, les enfants devenus parents, à
aggraver la spirale de la marginalisation.
Donc,
de nombreux parents font ce qu’ils peuvent pour faire face, à la dégradation de
leur situation financière personnelle, pour faire face pour certains à la
dislocation de la famille elle-même avec la hausse des séparations et des
difficultés plurielles qu’elles entraînent, avec le recul des services publics,
au recul drastique de l’École, à la grisaille des quartiers, au recul des
réseaux associatifs et du mouvement ouvrier, par l’éloignement, lorsqu’il
s’agit de logements dits « sociaux », du lien entre les bailleurs et
les locataires, la concentration des difficultés dans des espaces séparés du
reste de la société… Avec cette énumération incomplète, cela fait déjà de très
nombreuses difficultés à surmonter.
Des
handicaps qu’il faut comparer, terme à terme, avec le sort d’autres catégories
d’habitants plus aisés du monde du travail. À comparer de loin, car ces
habitants ne se côtoient guère, ne se mélangent pas. Ils ne vivent pas dans les
mêmes espaces. Loin de tous les discours sur la « mixité sociale »,
cette séparation n’a pas cessé de se creuser.
En
attendant, les parents font ce qu’ils peuvent. Avec leurs moyens sur différents
plans, ils aident leurs enfants à trouver leur chemin. Et c’est là où, comme
depuis bien longtemps, ils auraient besoin d’éléments favorables venus de
l’extérieur, pour les mettre en réseau
avec l’extérieur, et les aider à surmonter leurs difficultés.
Sur
ce plan, je n’aborderai, pour terminer, seulement deux aspects essentiels. L’École
des quartiers populaires et le nécessaire renforcement de maisons de quartiers
dignes de ce nom, mêlant centres sociaux, services jeunesse, MJC.
L’École
des quartiers populaires devrait concentrer toutes les attentions, en
particulier au niveau des effectifs, une vingtaine d’élèves maxi, à tous les
niveaux, dès la maternelle. Cette École est évitée par certains habitants,
lorsqu’elle pourrait être un espace de « rencontre ». Une ATSEM par
classe. Un groupe d’aide dans toutes les écoles. Les moyens d’un véritable
suivi sanitaire, social et psychologique des enfants. Mais surtout, l’ouverture
de l’École aux parents, des contacts travaillés avec les enseignants, des
associations de parents d’élèves, lieux de réflexion et de culture.
Quelle
coordination dans les quartiers de tous les acteurs ? Entre les
professionnels des écoles et ceux des quartiers ? Entre les professionnels
des maisons de quartier, des centres sociaux, des associations ? Quelle
réflexion collective sur le sujet ?
Sur
ces plans, quelle pauvreté aujourd’hui.
Le
dernier travail de réflexion collective sur l’École à Argenteuil fut le fait d’organisations
syndicales d’enseignants et de parents d’élèves. Ce furent les « Etats
généraux de l’École », sans aide de la municipalité. Ils datent de 2007.
2007,
il y a 13 ans, tout un programme ? DM.
À
suivre. Une calamité : la drogue