jeudi 2 juillet 2020

Élections municipales : abstention record et dégagisme. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître. Vous le trouverez lors de nos permanences dont celle de vendredi de 17 heures 15 à 18 heures 15 au « carrefour Babou »


Élections municipales : abstention record et dégagisme

01 Juillet 2020

Les deux faits politiques du deuxième tour des municipales, le 28 juin, auront été l’abstention record, qui a atteint 59 % en moyenne nationale, et la victoire de listes conduites par des écologistes dans plusieurs grandes villes longtemps gérées par des notables, en particulier de LR ou ralliés à Macron en 2017.
Bien des commentateurs, désespérés par le manque de légitimité de cette édition 2020 des élections municipales, ont mis cette abstention sur le compte de l’épidémie de Covid-19 et du décalage de trois mois entre les deux tours. Si ces événements ont joué leur rôle, les raisons sont bien plus profondes. Élection après élection, même pour la présidentielle ou les municipales qui ont longtemps suscité plus d’intérêt, le cirque électoral fait de moins en moins recette.
C’est particulièrement visible du côté des classes populaires. Ainsi, dans les villes ouvrières, l’abstention atteint des sommets : 76 % à Vaulx-en-Velin ; 74 % à Sevran ; 72 % dans le 7e secteur de Marseille, les quartiers Nord. Frappés par le chômage et la pauvreté, occupés à survivre au quotidien, écœurés par l’alternance au pouvoir de partis qui aggravent les uns après les autres leurs conditions de vie, sans espoir de changement, de plus en plus de travailleurs se désintéressent complètement des élections.
Beaucoup des électeurs qui se sont déplacés ont aussi exprimé le rejet, déjà sensible ces dernières années, des partis et des politiciens en place. Si quelques personnalités, Martine Aubry à Lille, Anne Hidalgo à Paris, ont résisté, Collomb à Lyon, les dauphins de Juppé à Bordeaux et de Gaudin à Marseille ont été battus. Le dégagisme, qui avait permis à Macron de l’emporter en 2017 face au PS et à LR, a profité cette fois-ci aux écologistes, souvent à la tête de listes d’alliance aux contours variables d’une ville à l’autre, mais le plus souvent à gauche, avec des notables du PS, de la France insoumise, parfois du PCF. Comme Grenoble avant elles, les villes de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours, Annecy ou Besançon ainsi que la Métropole de Lyon, avec son budget de 3 milliards d’euros, seront dirigées par des écologistes. Aux yeux de bien des électeurs, en particulier parmi les cadres et la petite bourgeoisie des quartiers de centre-ville ou ceux des jeunes électeurs qui se sont déplacés, les écologistes représentent le renouveau car ils n’ont jamais exercé le pouvoir. La crise sanitaire et les défaillances qu’elle a révélées, les menaces de plus en plus visibles sur le climat ou la biodiversité ont poussé dans le même sens, déjà visible lors des élections européennes de 2019.
Les maires écologistes sont nouveaux, mais ils ont déjà montré qu’ils étaient rodés dans l’art des tractations d’appareil, entre les deux tours, pour fusionner les listes. Tous répètent aujourd’hui qu’ils ont été élus uniquement sur la base d’un « projet commun », mais les accords signés portaient essentiellement sur la constitution des listes et la répartition des postes dans les exécutifs municipaux. Ainsi Anne Hidalgo a sauvé son fauteuil de maire de Paris, grâce à l’accord conclu avec Europe écologie-Les Verts, qui ont obtenu en échange l’assurance de disposer d’une mairie d’arrondissement qu’ils ne pouvaient gagner seuls.
La couleur des mairies a donc changé, mais ceux qui espèrent qu’il en sorte de véritables changements risquent d’en être pour leurs frais.

                                          Xavier LACHAU (Lutte ouvrière n°2709)

Airbus débarque ses salariés par milliers


La répartition du travail entre tous avec maintien du salaire !

 


Airbus vient d’annoncer sa décision de supprimer 15 000 emplois  dont 5 000 en France. Une hécatombe pour les travailleurs qui supprimerait plus de 10 % de l’effectif des salariés sous contrat Airbus. Pourtant ce groupe riche à milliards a accumulé les bénéfices ces dernières années, il va largement bénéficier des 15 milliards de cadeaux de l’Etat français au secteur aéronautique.
Sa  direction voudrait donc faire payer la baisse de ses profits aux seuls travailleurs. Pas un seul travailleur ne doit rester sur le carreau, il faut partager le travail entre tous et prendre sur les profits accumulés pour maintenir les salaires !

Licenciements dans l'aéronautique : Le Maire, un ministre stylé et zélé


Dévoués au service… de leur classe

 


Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a dit trouver « excessif » le nombre de suppressions d’emploi annoncé par Airbus. Pour Air France, dans un numéro bien mis en scène, le même avait  « conseillé » à l’entreprise de ne pas dépasser 8000 suppressions de postes. Air France vient d'en annoncer… 7585.

Le gouvernement ne fait même pas semblant de protester contre les suppressions d’emplois, il  les accompagne  voire les orchestre au rythme des milliards dont il arrose ces entreprises.

Argenteuil – bilan d’une guerre de chefs, la campagne du maire sortant et de feu son challenger


Dernier remake

 
Georges Mothron disant aurevoir à Philippe Doucet ?

Les habitants d’Argenteuil ont eu affaire à une campagne étonnante, pas seulement liée à la situation sanitaire.
         Pour notre part, nous avons bien eu du mal à voir la différence entre les programmes des uns et des autres, dont la référence était pour tous uniquement la dimension locale, alors que pour les habitants la situation générale est surdéterminante.
         Bien évidemment, nous connaissions les têtes de liste, et il y a des différences, certes marginales, entre le vainqueur et son challenger principal.
         Georges Mothron a fait du Georges Mothron et a promis qu’il serait à son poste les six années qui viennent. On y croit. Sur l’affaire Jean Vilar, quand on récolte 10 % des suffrages possibles, et que l’opposition à son projet est plus que jamais active, un seul mot à lui souffler : abandon !
         Je reviendrai peut-être sur la nature de cette liste, au vu des élucubrations pour la diaboliser durant la campagne. Ce qu’elle est suffit amplement à ce nous nous préparions à la combattre, sans avoir à lui inventer des maléfices supplémentaires. En revanche, et c’est indiscutable, sa solidarité va à la classe que nous combattons, et il s’agit de préparer aux luttes qui viendront les habitants et les employés communaux qui sont en première ligne.
         Chacun pouvait s’interroger dimanche soir si Philippe Doucet aller continuer de tenter de relancer sa carrière à Argenteuil. Nous avons sa réponse, c’est non. Avec activisme, prêt à toutes les manœuvres, il a su réunir une équipe de campagne faite de bric et de broc, d’un petit noyau d’anciens, mais aussi d’ex-ralliés à Macron, d’un « syndicaliste », de transfuges du réseau de droite, de participants qui attendaient la venue du temps des grandes promesses, et de quelques, quelques honnêtes gens désintéressés. En tout cas, leur candidat a dû au moins battre un record : celui des arbres abattus pour la fabrication du nombre incalculable de ses tracts… pour un résultat que nous pouvons mesurer aujourd’hui.
         Après sa défaite de 2014, Philippe Doucet, ancien maire et ancien député disparut très largement de la vie locale, occupé par ses ambitions ministérielles, Défenseur inconditionnel de la loi El Khomry contre les travailleurs, porte-parole de Valls, électeur de Macron. Il peut toujours commencer à rédiger ses mémoires. C’est ce qu’il indique peut-être en déclarant qu’il allait se tourner vers d’autres horizons. En tout cas, en démissionnant avant le premier conseil municipal d’intronisation de demain vendredi, il fait un drôle de pied de nez à ses électeurs. À eux d’apprécier.
         Il reste qu’il obtient ses meilleurs résultats dans les quartiers les plus populaires d’Argenteuil. Durant cette campagne, certes dans le vide, avec un certain charisme, il a su mobiliser de très nombreuses énergies qui aujourd’hui doivent connaître un réveil douloureux.
         Comme nous aimerions que le petit nombre d’entre eux que nous connaissons et qui sont respectables se mettent sérieusement à réfléchir à la nature de la société et aux données de l’heure. DM

Argenteuil – bilan des élections municipales 2020, une « gauche » très minoritaire, différente du « camp des travailleurs »


« Révolutionnaires citoyens » et « révolutionnaires communistes »

 
"Argenteuil tous ensemble"

Loin derrière les deux premiers, la liste conduite par Omar Slaouti obtient un score minoritaire mais tout à fait honorable, un peu moins de 15 %. Elle a désormais quatre élus au conseil municipal.
         Elle réunissait la gauche traditionnelle, du PCF aux Insoumis avec une once de NPA. Elle a fait une campagne active, et n’a pas cédé à toutes les sornettes lamentables sur le « vous faîtes le jeu de la droite en vous maintenant », et elle s’est maintenue au second tour. Mais c’est la gauche gouvernementale, qui prépare les prochaines élections, départementales et régionales, mais avant tout la prochaine élection présidentielle, et rêve d’une prochaine alternance.
         Révélateur à ce sujet était l’affirmation d’un des leaders de la France insoumise, Adrien Quatennens, à la télévision dimanche soir, se déclarant pour la « révolution citoyenne », c’est-à-dire, selon ses mots, « une révolution par le vote ». Bref, aux antipodes d’une perspective révolutionnaire de lutte de classe.
         Nous verrons l’activité que ces quatre élus mèneront face aux problèmes qui très vite ne vont pas manquer de se poser à l’échelle locale dans le cadre de l’actualité nationale. Ils déclarent dans un communiqué que leurs élus « s’appuieront sur les mobilisations de la population et se feront leurs porte-parole dans l’assemblée communale ».
         Quant à nous sans représentant au conseil municipal, même si une proportionnelle intégrale nous aurait permis d’en avoir un, nous appuierons, participerons, et si nous en avons les moyens, initierons toutes les mobilisations nécessaires face à ces problèmes qui très vite ne vont pas manquer de se poser à l’échelle locale comme à l’échelon du pays.
         Nous espérons que nous y retrouverons ces militants, au-delà de nos divergences fondamentales, divergences que nous pouvons discuter par ailleurs. J’espère qu’ils seront parmi eux nombreux à venir le faire lors de notre fête Lutte ouvrière des retrouvailles des 26 et 27 septembre prochains. DM