samedi 29 décembre 2018

Dette publique : un énorme pactole offert aux banques. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


Dette de l’État : un pactole pour les banques

Macron l’avait tout de suite affirmé dans son discours du 10 décembre, et là on peut le croire : il n’était pas question que les mesures qu’il annonçait en réponse à la mobilisation des gilets jaunes coûtent quoi que ce soit aux entreprises.
Pour être complet, il aurait dû préciser que ces mesures (gel des hausses de taxes sur les carburants, exonération élargie de la hausse de la CSG pour certains retraités, heures supplémentaires défiscalisées, etc.) allaient aussi rapporter beaucoup d’argent aux capitalistes et aux financiers.
Pour trouver les douze à treize milliards nécessaires au financement de ces mesures, le gouvernement va jouer sur deux tableaux. Il va encore réduire l’argent affecté aux services publics utiles à tous. Il va aussi lancer de nouveaux emprunts, et donc alourdir la dette de l’État.
Au moment où l’Insee (l’organisme officiel de la statistique et des études économiques) annonce que désormais la dette de l’État équivaut à une année de production nationale de richesses, il faut rappeler qui sont ceux qui souscrivent aux emprunts d’État. Il y a quarante-cinq ans, aux tout débuts de la crise, le gouvernement s’est interdit de financer ses déficits budgétaires auprès de la Banque de France. Mais l’État a offert le gigantesque gâteau de la dette publique au monde de la finance : les banques, les très grosses sociétés et les plus riches des capitalistes. De fait, ils sont les seuls à avoir accès aux emprunts obligataires que l’État lance en permanence sur les marchés financiers pour financer ses dépenses, et d’abord les cadeaux qu’il fait à jet continu à la grande bourgeoisie.
Ainsi, le grand capital prête – contre intérêts et sans risque car il a la garantie de l’État – des sommes fantastiques à ce même État, afin qu’il les offre sous une forme ou sous une autre… au grand capital !
La boucle serait bouclée s’il ne s’agissait en fait d’une spirale sans fin. Car l’État ne cesse de lancer des emprunts – en dix ans, selon Les Échos du 20 décembre, la dette publique a ainsi augmenté de 73 % – avec comme résultat l’explosion des remboursements auxquels il doit faire face.
Il sort ainsi 40 milliards par an (42,1 milliards sont prévus en 2019) au seul titre du versement des intérêts de cette dette. Ce poste est devenu le deuxième en importance du Budget, juste après l’Éducation nationale et à égalité avec la Défense – un autre moyen de subventionner le grand capital.
Il y a là un « pognon de dingue » que les gouvernants se chargent de faire passer des poches de la population dans les coffres de la bourgeoisie.

     Pierre LAFFITTE (Lutte ouvrière n°2630)               
                                             

 

Mutuelles : d'une façon ou d'une autre, les assurés paieront plus


Mutuelles : les assurés paieront plus

Un bras de fer a opposé la ministre de la Santé et les mutuelles et assurances qui proposent des complémentaires santé. Après avoir négocié avec le gouvernement les modalités du « zéro reste à charge », c’est-à-dire la gratuité totale de certains soins dentaires, d’optique ou d’audioprothèse d’ici trois ans, elles s’apprêtaient à augmenter leurs tarifs de façon substantielle en 2019.
Certaines expliquaient la hausse précisément par cette réforme. Des retraités ont reçu des lettres leur annonçant des augmentations, de 9,4 % parfois, d’ici à 2021. Autant dire qu’il s’agissait d’une sacrée ponction sur le pouvoir d’achat.
En pleine crise des gilets jaunes, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a qualifié de « sabotage politique » ces augmentations, menaçant les mutuelles de sanctions. Selon elle, le coût incombant aux mutuelles et assurances, pour mettre en œuvre cette réforme, soit 250 millions d’euros, ne justifie aucune augmentation.
Après un premier rendez-vous à Matignon, les mutuelles et assurances avaient jusqu’au 20 décembre pour communiquer leurs décisions au gouvernement. Elles se sont finalement engagées à reverser 70 millions d’euros à ceux qui n’ont pas droit à des aides pour souscrire une complémentaire mais dont les revenus sont malgré tout très modestes. Cela devrait concerner plus de 5 millions de personnes qui obtiendront en moyenne 14 euros par an. Les mutuelles et assurances se sont engagées en outre à ne pas financer la réforme du « zéro reste à charge » par des augmentations de tarifs, mais les tarifs pourront augmenter pour bien d’autres raisons qu’elles expliqueront aux assurés. Et comme le « zéro reste à charge » sera limité à certains équipements de base pas nécessairement adaptés à la pathologie de chaque malade, les déconvenues seront au rendez-vous.
Pour une santé accessible à toutes les bourses, il ne faut pas compter sur la réforme annoncée par le gouvernement, ni sur les protestations d’une ministre.

                                                               Inès Rabah (Lutte ouvrière n°2630)

Inégalité salariale et velléités gouvernementales


À travail égal, salaire égal

 
 

En novembre, Muriel Pénicaud, ministre du travail, avait annoncé que les entreprises de plus de 50 salariés qui maintiennent les salaires des femmes inférieurs à celui des hommes seraient sanctionnées. Une amende équivalente à 1% du chiffre d'affaire était envisagée. Ce n'était qu'un effet d'annonce. En effet, les critères qui mettraient une entreprise à l'amende sont bien peu exigeants. Une entreprise pourrait maintenir les salaires des femmes inférieurs de 15% sans pour autant être sanctionnée. Rien d'étonnant de la part d'un gouvernement dévoué au grand patronat.

Les révolutionnaires et le mouvement des Gilets jaunes. Un article de notre revue Lutte de Classe n°196 – décembre- janvier2019 (en feuilleton)






Ce texte est adapté d’une intervention faite au congrès de Lutte ouvrière, qui s’est tenu les 8 et 9 décembre dernier (voir ci-dessous, page 8), donc avant l’intervention télévisée de Macron le 10 décembre.

Au moment où le texte sur la situation intérieure a été écrit, début novembre, le mouvement des gilets jaunes était essentiellement virtuel. Il était impossible d’en prévoir le devenir et les conséquences. Mais sous la pression populaire, la situation politique et sociale change vite, et cela peut encore s’accélérer.

L’évolution récente du mouvement des Gilets jaunes

Nous l’avons dit, ce mouvement n’est pas d’une ampleur exceptionnelle. Si l’on en croit les chiffres du ministère de l’Intérieur (287000 manifestants le 17 novembre, 166000 le 24 novembre, 136000 le 1er décembre), il aurait même tendance à se tasser. Mais comme on la vu le 1er décembre, il est déterminé et explosif au premier sens du terme. Parce quil ny a pas dun côté les casseurs professionnels et de lautre les gentils gilets jaunes qui manifestent pacifiquement. Les juges qui ont procédé toute la semaine aux comparutions immédiates de ceux qui ont été arrêtés samedi ont dû se rendre à l’évidence. Au lieu de casseurs, de pillards ou de factieux, ils ont vu défiler à la barre des ouvriers, des artisans, des techniciens, des intérimaires, souvent venus de province.
Il y a de la révolte sociale et elle s’exprime aussi avec violence, le plus significatif dans le domaine n’étant pas forcément ce qui s’est passé sur les Champs-Élysées, mais par exemple au Puy-en-Velay et dans bien d’autres villes moyennes qui ont vu des barricades s’ériger pour la première fois depuis longtemps. Jusqu’à présent, et malgré la casse, le mouvement a conservé une large sympathie dans l’opinion publique. Cela peut basculer, mais jusqu’à présent ce mouvement reste très populaire.
Aussi limité soit-il, il est déjà riche d’enseignements pour nous. Nous répétons souvent que «les gens peuvent se mettre en branle sans prévenir, que ceux qui nont jamais fait grève, qui ne s’intéressent pas à la politique, peuvent se révolter». Eh bien, nous y sommes! Des gilets jaunes qui se mobilisent souvent pour la première fois de leur vie, et qui campent dehors depuis trois semaines, dans le froid et sous la pluie, ne veulent pas lâcher l’affaire malgré les concessions du gouvernement. Ils le disent eux-mêmes, le recul du gouvernement aurait peut-être calmé la situation il y a un mois. Aujourd’hui, c’est trop tard parce que les revendications ne se limitent plus aux taxes, elles englobent désormais l’ISF, la CSG ou le smic. Et plus ça dure, plus les gilets jaunes osent formuler leurs exigences, ne serait-ce que parce qu’ils ont pris confiance en eux.
Face à la dynamique de la mobilisation, le gouvernement a toujours un temps de retard: quand il fait enfin une concession, les masses exigent déjà quil en fasse plus. Tout cela se passe à une toute petite échelle, mais cela donne une idée de la façon dont les choses peuvent sapprofondir et saccélérer dans une période réellement révolutionnaire.
L’aspect frappant de cette mobilisation, c’est la détermination. Celles et ceux qui se mettent en bagarre pour la première fois de leur vie apparaissent bien plus déterminés que tous les dirigeants syndicaux réunis. Les traditions revendicatives que les organisations syndicales ont inculquées aux travailleurs – par exemple, les parcours de manifestation prévus en accord avec la préfecture, les AG où débarquent les chefs syndicaux que l’on ne voit jamais sur le terrain et qui apportent la bonne parole – toutes ces habitudes servent à canaliser la colère derrière les appareils syndicaux.

Et même lorsque les travailleurs du rang sont en désaccord avec ce que les organisations syndicales proposent ou ne proposent pas, il leur est difficile de faire sans elles. De fait, en ce moment, ce sont les catégories les plus éloignées des tutelles syndicales qui font preuve de la plus grande combativité. 
Depuis le début, il y a une importante limite numérique à ce mouvement: le plus grand nombre est resté passif et s’est contenté d’un coup de klaxon pour saluer les gilets jaunes. Le mouvement va-t-il tenir? La dramatisation du gouvernement sur la violence, avec la psychose quil entretient depuis quelques jours, aura-t-elle refroidi les ardeurs des gilets jaunes? Y aura-t-il des violences? Quelles en seront les conséquences sur le mouvement lui-même et sur la politique du gouvernement? Tout cela, nous le saurons dans les prochains jours. 

… A suivre demain

ATSEM : à Argenteuil comme partout ailleurs, une par classe d’école maternelle, une nécessité pour l’Education


Une nécessité particulièrement dans les quartiers populaires

Lors du dernier conseil municipal  d’avant noël, un échange fumeux a à nouveau eu lieu entre la municipalité et « l’opposition municipale » à propos du nombre d’employés municipaux, cette dernière faisant mine de s’étonner qu’un an avant les prochaines élections municipales, ce nombre explose selon elle.
         Ce n’est pas nous qui nous plaindrons que, si c’est le cas, des travailleurs supplémentaires intègrent les effectifs de la collectivité.
         Si la municipalité augmente les effectifs dans un certain nombre de services -et c’est à vérifier -, il y en a pourtant d’autres qui sont totalement oubliés, et l’un qui l’est tout particulièrement, celui des écoles.
         La municipalité déclare que les finances sont rétablies. C’est donc le moment de rétablir la situation antérieure à son arrivée, celle d’une ATSEM par classe dans les écoles maternelles de la Ville.
         Il en va de l’avenir des enfants et de l’Education. Une question vitale, même si cette question de l’importance des ATSEMS et des ASEL des écoles n’est pas la seule dont souffre l’éducation dans les quartiers populaires, et donc à Argenteuil en particulier.