jeudi 30 août 2018

Hulot quitte le gouvernement : leçons d’une démission. Un article de notre hebdomadaire n°2613 à paraître


Hulot quitte le gouvernement : leçons d’une démission 

Cela faisait des mois qu’il en parlait. Finalement, le 28 août au matin sur France Inter, Nicolas Hulot a rendu son tablier ministériel. Le porte-parole du gouvernement y a vu un « manque de courtoisie », Macron et Édouard Philippe ayant appris par la radio que leur ministre de la Transition écologique démissionnait.
Certains auditeurs et téléspectateurs ont peut-être été marqués par la véracité de son propos, sinon par ses accents de sincérité, quand il a reconnu : « Est-ce que nous avons commencé à réduire l’utilisation de pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l’érosion de la biodiversité ? La réponse est non. » Ou encore : « Je ne veux plus me mentir », être ministre en se heurtant sans cesse à la « société marchande » aboutit à « une accumulation de déceptions, je n’y crois plus ».
Passons sur le fait qu’Hulot ne peut prétendre découvrir la « société marchande », lui qui a surfé sur l’image de son émission télé Ushuaïa pour créer des entreprises qui en avaient fait un des membres les plus riches du gouvernement. Et notons qu’il n’est pas à une contradiction près car, s’il a mis du temps à trouver indigestes les couleuvres qu’il a accepté d’avaler, « pas une seconde, dit-il, je n’ai regretté d’être entré au gouvernement ».
Il dit avoir voulu y faire bouger les choses. Sans succès. Et selon ses mots, même les quelques avancées « à petits pas » qu’il met à son actif ne sont rien face aux défis climatiques et aux catastrophes qui s’annoncent.
« J’ai eu un peu d’influence, mais je n’ai pas eu le pouvoir », dit-il. Mais en devenant ministre, il pouvait s’y attendre. Il savait qu’avant lui des politiciens écologistes ou se disant tels avaient sauté sur l’occasion, chaque fois qu’elle se présentait, de faire un tour au gouvernement. Alain Bombard sous Mitterrand, puis Brice Lalonde, Dominique Voynet, Yves Cochet, Cécile Duflot… la liste est longue de ceux que cela a tenté. Et tous sans qu’ils aient pu changer grand-chose, même s’ils le voulaient.
Cette démonstration, Hulot l’a faite à son tour. Car sa démission est un nouvel aveu d’impuissance.
À qui et à quoi la faute ? Aux journalistes qui lui posaient la question, il a répondu ne pas avoir de réponse. Ou que c’était un peu de « la responsabilité de tous ».
C’est botter en touche. Et quand il incrimine « les lobbies dans les allées du pouvoir », il vise notamment celui des chasseurs, dont un représentant a participé, la veille du départ d’Hulot, à une réunion officielle où il a obtenu gain de cause. Oui, c’est choquant. Mais focaliser la critique sur les lobbyistes évite aussi d’aborder un sujet bien plus décisif. Celui du poids des grands groupes financiers et industriels qui, eux, n’ont pas besoin d’hommes de l’ombre pour se faire entendre, et servir, par les présidents et les ministres.
Et ce sont précisément les gros de l’agroalimentaire français, les financiers ayant investi dans l’agriculture, les géants de la chimie comme Monsanto et Bayer qui ne veulent pas d’une interdiction du Round Up et d’autres pesticides dangereux. Et quand il pointe du doigt ce qu’il nomme « société marchande », c’est pour ne pas désigner la société capitaliste par son nom, et en fin de compte pour masquer le fond du problème.
Hulot prétend de façon dérisoire que, sur le climat, la sauvegarde de la biodiversité, la France en fait un peu plus que d’autres États. Comme si ces questions, et toutes celles qui se posent à l’échelle de l’humanité, pouvaient se régler à un niveau national ! Et comme si on pouvait réellement les résoudre sans mettre à bas la logique du profit capitaliste qui domine le monde et le mène à la catastrophe !
Pour cela, il faudra renverser le système capitaliste, ce que seule la classe ouvrière peut faire. Il n’y a pas d’autre moyen de briser la puissance de géants tels Total, Monsanto, Bayer, Areva et leurs pareils. Car face à eux, même s’il voulait œuvrer à la « transition énergétique » ou contre le glyphosate, un ministre ne peut au mieux faire que de pieux discours. Hulot le savait forcément avant de prendre ses fonctions, car tout le monde peut constater que ces grands groupes, qui imposent leur loi à des milliards d’êtres humains, dictent leur politique à tous ceux qui gouvernent.
S’imaginer qu’on peut défendre la cause de l’environnement dans le cadre d’un tel système, c’est se vouer à l’échec. Le faire croire, c’est bercer d’illusions tous ceux que préoccupe le sort de la planète.
Hulot a accepté de servir de caution verte à un gouvernement au service de la bourgeoisie. Mais son départ a au moins l’avantage de rappeler qu’on ne pourra sauver ni la planète ni l’humanité des crises dans lesquelles le système capitaliste les enfonce sans combattre et abattre ce système.

                                                 Pierre LAFFITTE (Lutte ouvrière n°2613)

Le Maire aux retraités, baiser de la mort


Nous ne sommes pas morts, et même vivaces !



Défense des retraites en 2010

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a déclaré sans rire en commentant la baisse de la revalorisation des retraites décidée par le gouvernement que les retraités ne seraient pas perdants, puisqu’il n’y aurait pas de baisse. Il sait pourtant que l’inflation est fortement repartie à la hausse. Il a ajouté : « Nous aimons les retraités, simplement nous faisons des choix politiques. »
Les retraités auront compris que le ministre les « aime » mais appauvris, tout comme les travailleurs en activité.
Et comme nous ne sommes pas morts… DM

Allemagne : montée de la peste brune, s’attaquer aux racines de ce fléau


L’extrême droite en ordre de bataille ?

  

Manifestation en mars dénonçant la haine anti-étrangers

Plusieurs milliers de sympathisants d'extrême droite se sont réunis à Chemnitz, dans l’est de l’Allemagne, au lendemain d'une « chasse collective » aux immigrés. Ils vociféraient des slogans anti-étrangers et anti-musulmans, certains manifestants faisant le salut hitlérien. Face à eux, des contre-manifestants étaient décidés à combattre le fléau du racisme et des idées réactionnaires.
Contre la montée de cette peste brune un peu partout en Europe, et au-delà, il faudra s’attaquer aux  racines de ce fléau, au capitalisme en crise qui engendre et alimente cette pourriture des esprits et des comportements.

Transports : Autoblib’ et capitalisme, quel sacré gâchis


Un devenir des « Bluecar » qui donne le blues

 
                                                                  Photo : Challenges

Bolloré a jusqu’à demain pour dégager les 4000 véhicules « Bluecar » de son réseau Autolib’.
         La question est de savoir ce que ces voitures vont devenir.
         Selon LCI : « Une chose est sûre cependant, la grande majorité des voitures finira à la casse. Alors même qu’Autolib vivait ses dernières heures, des centaines de véhicules étaient déjà acheminés dans une usine de recyclage automobile à Romorantin-Lanthenay, une commune située dans le Loir-et-Cher, à deux heures de route de la capitale. Au début du mois d’août, le site ressemblait à un cimetière de Bluecar. Des employés d’Autolib’ ont confié à TF1 que près de 2700 voitures seraient ainsi détruites. Elles doivent être démantelées et certaines pièces récupérées, comme les batteries qui représentent selon l’entreprise entre 30 et 50% de la valeur du véhicule. »
         Il n’y a rien à ajouter : un grand gâchis de travail humain.

Argenteuil, Laurent Wauquiez et l’ombre de Valérie Pécresse


Ils avaient la « dalle » ? Et pour une fois, pas celle du Val-Nord

 
Le Mézenc pour Wauquier et Orgemont pour Pécresse

Wauquiez, le chef des Républicains qui chasse sur les terres du FN (voir ci-dessous une brève de notre hebdomadaire Lutte ouvrière n°2613 à paraître) était hier en visite à Argenteuil, soit disant pour rencontrer des chefs d’entreprise.
         Argenteuil qui voit régulièrement depuis des années défiler une tripotée de politiciens à la recherche d’images.
         Mais présentement, ce petit cinéma d’hier n’aurait pas à voir avec la rivalité au sein des LR entre ce monsieur qui en est le chef actuel, et Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile de France ?
         L’an dernier, presqu’à pareille époque, le 10 septembre très exactement, cette dernière organisait son show sur la butte d’Orgemont.
         Plus modeste, Wauquiez et ses amis auraient fait un gueuleton à La ferme, pas celle des animaux, mais un restaurant gastronomique de la Ville.
         C’était bon ? 

Wauquiez : en pleine ascension ?

Les politiciens de droite ont du mal à faire entendre autre chose que leurs divisions depuis l’élection de Macron. Laurent Wauquiez, président des Républicains, ne sait plus quoi inventer pour tenter d’exister en politique. Depuis quelques années, en fin d’été, il fait l’ascension du mont Mézenc en Haute-Loire, imitant ainsi Mitterrand et sa roche de Solutré. À cette occasion, il joue les Robin des bois en affirmant qu’il faut « rendre l’argent aux Français ». Comme si la droite au pouvoir n’avait pas grandement contribué à faire les poches aux travailleurs et aux retraités et que Hollande puis Macron ne continuaient pas la même politique.
Pour tenter de camoufler son accord fondamental avec la politique menée par Macron, Wauquiez n’a pas d’autres perspectives que d’abuser de démagogie. Il s’acharne ainsi à vouloir imiter l’extrême droite en affirmant, entre autres, que « l’immigration massive n’a pas été arrêtée, l’islamisme n’a pas été endigué » ou, en parlant des migrants, que « nous ne devons plus laisser ces bateaux accoster dans les ports européens. »
Il paraît que la droite française est la plus bête du monde. Laurent Wauquiez ne risque pas de démontrer le contraire.

                                                Jean POLLUS (Lutte ouvrière n°2613)