jeudi 30 novembre 2017

Ordonnances Macron, représentation ouvrière peau de chagrin, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Ordonnances Macron : représentation ouvrière peau de chagrin

Les cinq ordonnances qui mettent en pièces le Code du travail ont été ratifiées par l’Assemblée le 28 novembre, à la grande satisfaction du patronat.


La réforme Macron débarrasse en effet les propriétaires, actionnaires et dirigeants des entreprises d’obligations en matière de droits et protections des salariés résultant de décennies de luttes ouvrières.
Sous prétexte de « lever les freins à l’embauche », ce gouvernement facilite les procédures de licenciement, il sabre dans les indemnités auxquelles un salarié peut prétendre en cas de licenciement abusif. Quant aux accords de branche qui fixaient un cadre minimum de conditions de travail, de rémunération, etc., pour tous les salariés d’un secteur donné, ils s’effacent. Ce qui prime désormais, ce sont les accords d’entreprise, un terrain sur lequel chaque patron est plus en mesure d’imposer sa loi. En invoquant la démocratie, il pourra organiser des référendums où, usant du chantage à l’emploi par exemple, il pourra forcer ses salariés à approuver toutes sortes de reculs, même ceux que la loi aurait interdits jusqu’alors.
Cette attaque généralisée, qu’avec son cynisme habituel le gouvernement appelle « une avancée sociale majeure », ne se limite pas à cela. Au nom du dialogue social, le gouvernement a entrepris de changer le caractère de la représentation des travailleurs dans les entreprises.
Pour ce faire, il fusionne en un comité social et économique (CSE) les instances des délégués du personnel, au comité d’entreprise et au CHSCT (comité hygiène et sécurité-conditions de travail), en réduisant fortement au passage le nombre des élus des travailleurs et en bornant à trois mandats successifs la possibilité d’être délégué.
Il s’agit d’abord de réduire la représentation du personnel. Ensuite, du fait de la limitation du nombre et de la durée des mandats, d’accentuer la concurrence entre les syndicats et, au sein de chaque syndicat, entre les syndiqués qui pourront obtenir un mandat. Et puisqu’il faudra trancher plus qu’avant entre d’éventuels candidats, les instances syndicales seront d’autant plus incitées à choisir des délégués à leur image et à écarter des travailleurs trop proches de leurs camarades de travail ou trop combatifs à leur goût.
Car les délégués, version Macron, cumuleront les décharges syndicales, qui tendront à en faire des élus coupés des travailleurs du rang, dont l’activité au sein des CSE consistera plus à « comprendre les enjeux » économiques, en clair les intérêts du patronat, qu’à préparer des luttes sociales.
C’est ce que veulent Macron, Philippe et Pénicaud, quand ils disent souhaiter que se forment des spécialistes syndicaux de la gestion économique et sociale.
Depuis longtemps, les gouvernements ont tous cherché à canaliser la représentation des salariés, à la soustraire au contrôle de leur base. Ils en ont fait un quasi-monopole d’appareils qui jouent le jeu du partenariat avec le patronat, de la responsabilité dans les comités d’entreprise et diverses instances paritaires, qui font du syndicalisme de proposition, et non pas de contestation, adapté au système capitaliste et intégré à ses rouages de différents niveaux.
Il n’est donc pas exclu que, sur ce terrain, le gouvernement et le grand patronat trouvent l’oreille des directions syndicales, quitte à leur promettre, comme dans certaines grandes entreprises, des aménagements à la réduction du nombre de postes de délégués. Cela expliquerait en tout cas pourquoi les directions des syndicats gardent en grande partie le silence sur cette question.
Qu’elles finissent par s’adapter ou pas à cette réforme, nombre de militants syndicaux en feront les frais, et, à travers eux, ce sont des millions de salariés qui sont visés. Le patronat et le gouvernement placent leurs espoirs dans une représentation des personnels plus réduite, plus institutionnalisée, moins contestataire de l’ordre établi. Mais c’est l’exploitation patronale et ses conséquences dramatiques qui pousseront les travailleurs à retrouver le chemin de la lutte pour leurs intérêts de classe, y compris avec des militants qui n’auront pas forcément de mandats officiels reconnus.

                                                    Pierre LAFFITTE (Lutte ouvrière n°2574)

Argenteuil : Impressionnisme et « projet Héloïse » ? Incompatibles





Jean Vilar Impression Soleil levant

                                                                                   

Lors du dernier Conseil Economique d’Argenteuil, l’adjoint-au-maire en charge du « développement économique » annonçait qu’« un circuit patrimonial sur la thématique des Impressionnistes va être constitué ».


         Il serait effectivement temps, et comme nous ne sommes pas chien, nous lui transmettons de quoi alimenter rapidement sa réflexion :
         Et comme nous ne sommes pas doublement chien, nous lui donnons quelques idées : pour ce circuit, d’abord la maison Monet, ensuite le bâtiment du vieil hôpital qui n’a pas dû laisser indifférent le peintre, puis découverte de la Seine du côté du ponton de l’aviron, puis halte devant les arbres qu’il a connus dans ce qui est aujourd’hui l’espace Jean Vilar, puis le boulevard Héloïse immortalisé par Sisley, puis arrivée place de la Basilique qui n’a guère changé depuis les années 1870. Arrêt à l’Imagerie pour un diaporama, puis on file vers le site « Héloïse » restauré où un vin chaud est servi aux marcheurs culturels.
         Bien évidemment, cela nécessite quelques aménagements des berges, et avant tout l’abandon du vilain projet « pôle loisirs ».



Macron : d’Ouagadougou à Argenteuil par exemple


Une bonne leçon


"Messieurs, Mesdames, un peu de calme..."
Une vidéo circule sur les réseaux sociaux à propos de la rencontre de Macron avec des étudiants du Burkina Faso. Le constat, son incapacité à maîtriser l’échange qui a abouti à un sacré chahut.
         Pour une fois, ce monsieur s’est retrouvé dans la situation d’un enseignant confronté à une classe aux effectifs surchargés et à des élèves qu’il n’est pas facile de maîtriser. Ce jour-là, il a eu affaire à des étudiants, mais on peut aussi l’imaginer se retrouvant face à des collégiens ou à des lycéens, d’Argenteuil par exemple.
         A sa tête et à son attitude dubitative, il a en tout cas donné la preuve qu’il n’avait vraiment pas l’habitude de ce genre de situation que vivent ici bien des élèves et bien des enseignants.

Société générale : profits espérés, effectifs diminués


Société générale : les salariés n'ont pas à payer la facture


Pour les banques, le ciel reste bleu
En 2016, la Société générale avait annoncé 2 550 suppressions de postes et la fermeture de dizaines d'agences ouvertes aux particuliers à l'horizon 2020. Elle vient d'ajouter 900 nouveaux postes à supprimer et la fermeture de plus d'une centaine d'agences supplémentaires. En 2016, la banque avait réalisé 3,87 milliards de bénéfices. Cette année, les résultats financiers s'annoncent en recul, entre autres pour cause d'amendes payées par la Société générale ou suite à la vente d'activités à l'étranger.
Pour faire remonter le cours des actions à la Bourse de Paris, la direction taille à la hache dans les effectifs. C'est leurs profits ou notre vie.

Glyphosate, cancérigène probable ou possible ? Mais si la rentabilité est là…


Glyphosate : cancérogène probable ou possible, mais rentabilité certaine

Énième épisode d’un feuilleton, le 27 novembre l’Union européenne s’est prononcée pour la prolongation pendant cinq ans de l’autorisation à la vente du glyphosate dans les pays européens.

Mis sur le marché dans les années 1960 sous le nom de Roundup par la firme Monsanto, cet herbicide total entre depuis dans la composition de nombreux pesticides, au point d’être aujourd’hui le plus vendu au monde. Il faut dire qu’il est redoutablement efficace. En effet, après son épandage, le sol est nettoyé, aucune herbe n’y grandit sauf les pousses issues de semences résistantes au glyphosate. Et, cerise sur le gâteau, ces semences se trouvent être produites et vendues par… les mêmes firmes que celles qui vendent l’herbicide. De quoi engendrer bien des appétits de la part des Monsanto et compagnie, bien des pressions auprès des décisionnaires afin de continuer à prospérer de la vente de l’herbicide.

Voilà maintenant des dizaines d’années que la sonnette d’alarme est tirée concernant la dangerosité du glyphosate. C’est en effet en 1985 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé cette substance dans la catégorie des cancérogènes « possibles ». Depuis, nombre d’études, d’expertises et de contre-expertises ont été conduites, faisant balancer le glyphosate du statut de cancérogène « possible » à celui de « probable » ; c’est-à-dire – seule chose qui intéresse les industriels – de substance pouvant rester sur le marché à celle de produit interdit.

Une énième expertise a ainsi démarré il y a deux ans. C’est peu de dire que les industriels y ont pesé de tout leur poids. Il y a un peu plus d’un mois, la presse révélait le scandale des « Monsanto papers » : des dizaines de pages du rapport d’expertise étaient constituées d’un simple copier-coller de publications de Monsanto, qui s’opposaient bien sûr aux effets nocifs du glyphosate.

Finalement, le 27 novembre, la balance a penché en faveur d’une continuation de l’autorisation pour encore cinq ans dans les pays européens. Il fallait pour cela une majorité de 55 % des États et représentant au moins 65 % de la population européenne. C’est chose faite, d’autant que l’Allemagne a finalement voté pour l’autorisation alors qu’on présageait son abstention. Certains y voient l’expression des luttes politiques liées au résultat des récentes élections et d’autres, ou les mêmes, l’effet du projet de rachat de Monsanto par la firme allemande Bayer.

La France, elle, a voté contre l’autorisation. Alors, aujourd’hui, Macron joue les gros bras, jurant que tout sera fait pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans. Des bobards qui doivent faire sourire les industriels.

En attendant, si les effets délétères du glyphosate resteront « possibles » ou « probables », les rentrées financières, elles, continueront avec certitude.

                                            Sophie GARGAN (Lutte ouvrière n°2574)