vendredi 18 août 2017

Révolution russe de 1917 (14) : les travailleurs répondent au sabotage des industriels…


Les ouvriers répondent au sabotage des industriels 

Trois mois après la révolution de Février 1917, la poursuite de la guerre et la préparation d’une nouvelle offensive provoquent de graves privations dans les villes et accélèrent le délabrement économique. Espérant briser la combativité des ouvriers, les industriels se livrent au sabotage de la production et à la fermeture de leurs usines au moindre prétexte.
Mais c’est l’inverse qui se produit : dans chaque usine, dans chaque centre industriel, le sabotage des patrons provoque l’intervention des ouvriers. De fait, ils imposent leur contrôle sur la production. Prenant conscience des tergiversations des dirigeants des soviets, ils rejoignent les bolcheviks. Dans l’Histoire de la révolution russe, Trotsky analyse ce bras de fer.

« La bourgeoisie en son ensemble s’engageait dans la voie du défaitisme économique. Les pertes et dommages temporairement subis, du fait de la paralysie économique, étaient, à ses yeux, les faux frais de la lutte contre la révolution qui menaçait les bases de la “culture”. En même temps la presse bien-pensante, de jour en jour, accusait les ouvriers de saboter insidieusement l’industrie, de dérober les matériaux, de brûler inconsidérément le combustible pour faire obstruction. La fausseté des accusations dépassait toute limite. (…)
Le Conseil de l’industrie unifiée [organisation patronale] invita ses membres à fermer les entreprises isolément, en recherchant des prétextes plausibles. Le plan du lock-out larvé fut appliqué avec une remarquable méthode. (…) Après avoir préparé la situation politique, les industriels passèrent de la parole à l’action. Dans le courant de mars et d’avril, cent vingt-neuf petites entreprises, comptant neuf mille ouvriers, furent fermées ; dans le courant de mai, cent huit entreprises avec le même nombre d’ouvriers ; en juin, l’on ferme déjà cent vingt-cinq entreprises comptant trente-huit mille ouvriers ; en juillet, deux cent six entreprises jettent dans la rue quarante-huit mille ouvriers. Le lock-out s’étend en progression géométrique. »
Devant la catastrophe et la pression des ouvriers, le Comité exécutif des soviets supplie le gouvernement « de prendre sur lui la tâche d’une organisation rationnelle de l’économie publique et du travail ». Ce qui faisait dire à Lénine : « Programme magnifique : et un contrôle, et des trusts étatisés, et la lutte contre la spéculation, et le service obligatoire du travail... On est obligé de reconnaître le programme de l’“ affreux” bolchevisme, car il ne peut y avoir d’autre programme, d’autre issue devant le krach épouvantable qui menace effectivement. » Trotsky poursuit : « Toute la question est, cependant, de savoir qui réalisera ce magnifique programme. Serait-ce la coalition ? La réponse vint immédiatement. Un jour après l’adoption par le Comité exécutif du programme économique, le ministre du Commerce et de l’Industrie donna sa démission et sortit en faisant claquer les portes. (…)
Les grèves se multiplient. Elles prennent un caractère particulièrement violent dans les couches ouvrières les plus arriérées et les plus exploitées. Les blanchisseuses, les ouvriers teinturiers, les tonneliers, les employés du commerce et de l’industrie, les ouvriers du bâtiment, les bronzeurs, les peintres, les manœuvres, les cordonniers, les artisans du cartonnage, les ouvriers charcutiers, les menuisiers font grève, successivement, pendant tout le mois de juin. (…) Pour les ouvriers avancés, il devenait de plus en plus clair que des grèves économiques partielles, dans les conditions de la guerre, du désarroi et de l’inflation, ne pouvaient apporter de sérieuses améliorations, qu’il fallait modifier de quelque façon les bases mêmes. Le lock-out n’ouvrait pas seulement l’esprit des ouvriers à la revendication d’un contrôle sur l’industrie, mais les poussait à l’idée de la nécessité de mettre les usines à la disposition de l’État. Cette déduction paraissait d’autant plus naturelle que la plupart des usines privées travaillaient pour la guerre et qu’à côté d’elles il existait des entreprises d’État du même type.(…)
La croissance des grèves et, en général, de la lutte de classe augmentait presque automatiquement l’influence des bolcheviks. Toutes les fois qu’il s’agissait de leurs intérêts vitaux, les ouvriers comprenaient bien que les bolcheviks n’avaient pas d’arrière-pensée, qu’ils ne cachaient rien et que l’on pouvait compter sur eux. Aux heures de conflit, tous les ouvriers, sans-parti, socialistes-révolutionnaires, mencheviks, se dirigeaient vers les bolcheviks. À la conférence des comités de fabriques et d’usines de Pétrograd et de la banlieue, au début de juin, trois cent trente-cinq voix sur quatre cent vingt et une se prononcèrent pour la résolution bolcheviste. »

jeudi 17 août 2017

Argenteuil "Pôle Héloïse" "des inondations certes, mais on prépare le débarcadère"


Après nous, demain, après-demain,… le déluge !

 
Thème n°9 : Sous-sols instables et zone inondable

Même commentaire du commissaire-enquêteur que sur le thème précédent :xxxx ( !), c’est-à-dire, pas de commentaire, du tout avec seulement un x de plus sur le rapport, on se demande bien pourquoi ! 
         Ce qui est notable à propos de ce thème, c’est la prose de l’EPT 5 : « Comme le prévoit et permet  le Plan de Prévention des Risques d’Inondations (PPRI), la zone bleue du PPRI est constructible. Les futures opérations seront obligatoirement desservies depuis un accès situé au-dessus d’une cote fixée dans le PPRI, correspondant à la hauteur des plus hautes eaux connues. »
         Il y a de quoi rire. Donc, pas de problème s’il y a UN accès desservant l’ensemble des futures opérations, L'accès étant « situé au-dessus d’une cote fixée dans le PPRI, correspondant à la hauteur des plus hautes eaux connues » !
         Si les mots veulent dire quelque chose, qu’importe que l’ensemble des opérations soient sous les eaux, si Un accès y conduisant, lui ne l’est pas !
         Que toute cette affaire prenne l’eau, ce ne serait finalement pas le problème des habitants, si cela ne devait pas se terminer par un fiasco tôt ou tard payé par eux-mêmes, et déjà au prix de la liquidation d’un espace et d’un complexe Jean Vilar qui ne demandent qu’à perdurer et à être rénovés.
 
"Mais, nom d'une pipe, où est L'ACCES ?"
 

12 septembre : contre les Ordonnances Macron, manifestons !


Contre les ordonnances de Macron : manifestons le 12 septembre !

C’est dans la semaine du 21 août que devrait être dévoilé partiellement, aux représentants du patronat et à ceux des confédérations syndicales, le contenu des ordonnances sur la réforme du Code du travail. Puis viendrait, selon le calendrier gouvernemental, la présentation de l’intégralité du projet le 31 août, après son passage devant le Conseil d’État.

 


Toute la logistique macroniste est en place. Le directeur de cabinet de la ministre du Travail occupe ses congés à peaufiner les ordonnances. Le conseiller social de l’Élysée est déjà de retour pour y mettre la dernière touche. Un groupe d’experts serait attelé à la tâche, dans le plus grand secret, dans les bureaux de la direction générale du Travail. Une telle mise en scène ne dissimule en rien – ou plutôt fait tout pour rendre claires – l’aggravation de la loi El Khomri et l’attaque généralisée contre le monde du travail qui se prépare.
« Si à la sortie on a de l’eau claire, on continuera à s’enfoncer dans une morosité économique », menace un dirigeant de la CPME, la confédération des petites et moyennes entreprises. Les patrons se réjouissent à voix haute de pouvoir dorénavant licencier comme bon leur semble, libérés des quelques réglementations qu’ils considéraient comme des entraves, et se procurer à leur gré une main-d’œuvre la moins chère possible, le temps jugé nécessaire, aux horaires correspondant aux besoins de leur production.^
Personne ne peut douter qu’une batterie de nouvelles attaques se profile contre des millions de travailleurs, avec ou sans emploi, sans compter celles qui toucheront les travailleurs retraités. Qu’il s’agisse de donner la priorité aux accords d’entreprise, décidés parfois par le seul patron, appuyés sur un référendum organisé par ses soins ; qu’il s’agisse de faciliter le licenciement des salariés qui ne pourraient se plier au nouveau règlement ou sous tout autre prétexte ; qu’il s’agisse de vider progressivement de son contenu le compte pénibilité, présenté comme un progrès par les dirigeants de la CFDT. Même un dirigeant de la confédération syndicale des cadres, la CFE-CGC, considère que la réforme Macron du Code du travail est « un projet qui nous fait régresser de pratiquement trente ans ».
Et ce n’est qu’un volet du projet de Macron. On le sait déjà suffisamment, ne serait-ce qu’avec l’annonce de la diminution des APL et les 20 milliards de restrictions de dépenses publiques, il a prévu de serrer la vis à tous les travailleurs, y compris aux plus pauvres. La réforme du Code du travail, réclamée de longue date par le patronat, est aussi un drapeau : elle désigne la cible de Macron et de la bourgeoisie, le monde du travail. Les travailleurs se doivent de répondre à la hauteur de l’attaque.
Satisfaites par l’organisation de quelques heures de rencontres, dont elles ne peuvent ignorer qu’elles constituent une mascarade, les directions syndicales jouent plus ou moins le jeu souhaité par Macron et Philippe. Mais la CGT, Solidaires et des militants de FO et de la FSU appellent à une journée de grève et de manifestations le 12 septembre. Il reste trois semaines pour préparer cette mobilisation. Et, pour mettre un coup d’arrêt au plan d’attaques de la bourgeoisie, ce ne devra être qu’un début.

                                          Viviane LAFONT (Lutte ouvrière n°2559)
 

Tous ensembles le 12 septembre !

Charlottesville (Virginie) et trump : le meurtre d’une extrême-droite encouragée par Trump


États-Unis : assassinée à Charlottesville par les suprémacistes

Samedi 12 août, l’extrême droite américaine appelait à un rassemblement à Charlottesville, en Virginie. S’y sont retrouvés des néo-nazis et ceux qu’on appelle les suprémacistes, nostalgiques de l’esclavage, qui revendiquent la suprématie des Blancs, essentiellement sur les Noirs.
Pour répondre à cette provocation, une contre-manifestation avait été organisée le même jour. Très vite, des affrontements ont éclaté, la police a tenté de disperser la foule. Mais un homme a foncé délibérément en voiture sur les manifestants antiracistes, tuant une jeune femme et blessant plusieurs personnes. L’homme participait au rassemblement de l’extrême droite et a été présenté comme « fasciné par les nazis ».
Les suprémacistes avaient appelé à manifester contre la décision de la ville de déboulonner une statue du général Lee, commandant la principale armée sudiste lors de la guerre de Sécession, défendant l’esclavage qui sévissait avant 1863 dans le sud des Etats-Unis.
Depuis des années, un mouvement milite aux États-Unis pour que les statues et monuments érigés à la gloire des défenseurs de l’esclavage soient enlevés de l’espace public. Ainsi, après une tuerie à Charleston en Caroline du Sud, perpétrée en 2015 par un jeune raciste, les drapeaux confédérés sudistes ont été retirés devant le bâtiment du gouvernement de cet État, et deux statues de généraux sudistes, dont le même général Lee, avaient été déboulonnées à la Nouvelle-Orléans.
Lors de son élection, Trump en 2016 a plus que flatté les racistes et suprémacistes, dont certains de ses conseillers sont issus. Les discours de Trump sur la grandeur de l’Amérique, contre les immigrés accusés d’être des violeurs et des bandits, n’ont fait qu’encourager ces milieux.
L’agression de Charlottesville n’est que le dernier épisode d’une longue liste de discriminations, d’emprisonnements, de meurtres, frappant en particulier la population noire. Comme le prouve l’immunité dont ont bénéficié presque tous les policiers blancs ayant tué des Noirs ces dernières années, l’appareil d’État américain est le garant de la conservation de cet ordre social injuste.

                                              Camille PAGLIERI (Lutte ouvrière n°2559)

Révolution russe de 1917 (13) : les grèves et la confiance grandissante des travailleurs


Une grève à Moscou 

D’avril à juillet 1917, des grèves éclatent dans toutes les usines de Russie, que ce soit pour imposer des augmentations de salaire ou la journée de huit heures, ou pour répondre au sabotage organisé par les industriels. Dans ces grèves « s’accomplissaient de profonds processus révolutionnaires qui soudaient en un tout politique les éléments hétérogènes de la classe ouvrière », résumait Trotsky. Les récits suivants sont extraits de Lutte de classe dans une usine métallurgique à Moscou, de Kevin Murphy.
« Le 23 avril, une assemblée générale de l’usine Gurzon vota à l’unanimité que les travailleurs qualifiés devraient refuser les taux horaires excessifs et demandèrent que ces fonds soient attribués aux employés non qualifiés. (…) Les mouvements sur les salaires conduisirent également à des conflits au sujet de l’embauche et des licenciements, et cela illustra combien de questions semblables s’entremêlaient à mesure que le mouvement des travailleurs prenait de l’importance et de l’assurance.
Le comité d’usine résolut que pas un seul employé ne pouvait être licencié sans son accord. Les travailleurs décidèrent ensuite qu’ils avaient également le droit de nommer et démettre le personnel de direction. Le 23 mai, la direction se plaignit que les ouvriers du secteur moulage avaient annoncé à leur chef, M. Mattis, qu’ils ne voulaient plus de lui comme de leur chef et l’avaient révoqué immédiatement de son poste. Le lendemain, l’atelier des boulons renvoya son responsable. D’après un ouvrier, ce chef s’en prenait particulièrement aux femmes de l’atelier, congédiant celles qui étaient enceintes ou forçant celles de la production à nettoyer par terre. (...)
Ni les concessions des patrons ni leur intransigeance ne semblaient capables de freiner la marée de l’activité militante des travailleurs. Comme les travailleurs avaient gagné un sens aigu de leur pouvoir collectif, les deux attitudes semblaient ne mettre que de l’huile sur le feu des conflits. (…) Le 19 juin, le comité d’usine soumit des demandes sur d’autres questions :
1- Créer un espace permanent pour le comité ouvrier et pour les assemblées générales de l’usine, les conférences et autres activités d’éducation culturelles.
2- Accepter sept heures pour l’équipe de nuit, avec une paye de huit heures.
3- Payer régulièrement les salaires sous la forme suivante : pas plus tard que le 20 du mois donner une avance pour le mois, et pas plus tard que le 8 du mois suivant pour le décompte des primes de coût de la vie.
4- Installer des systèmes de ventilation pour tous les endroits fermés où il y a de la production.
5- Des douches et saunas pour les deux sexes.
6- Une température suffisante dans tous les ateliers pendant l’hiver ; des lavabos.
7- Dans tous les ateliers, il devrait y avoir une cantine ou une pièce fermée et confortable.
8- Faire des toilettes assez près des ateliers.
9- Dans tous les ateliers, faire des placards pour les vêtements des travailleurs.
10- Dans l’atelier de laminage et la zone de construction, amener l’eau chaude car elle est actuellement trop éloignée et inaccessible à cause de la nature du travail.
11- Le salaire pour arrêt maladie, en relation ou non avec le travail, doit être payé entièrement à partir du premier jour de maladie et basé sur le salaire moyen ouvrier.
12- Les femmes qui accouchent doivent être libérées deux semaines avant et pendant quatre semaines après la naissance, mais elles doivent être payées totalement sur la base du salaire moyen.
13- Les médicaments prescrits par des médecins privés devraient être distribués par le dispensaire local et, si le dispensaire n’en a pas, l’usine devrait s’en procurer auprès d’un autre pharmacien.
14- En période d’arrêt de travail à cause de manque de matériel, le salaire doit être de la moitié du salaire minimum.
15- Après la naissance d’un enfant, verser vingt-cinq roubles ; après la mort d’un enfant, donner vingt-cinq roubles ; pour la mort d’adultes, donner soixante-quinze roubles.
16- Tout travailleur qui a été à l’usine au moins un an doit se voir accorder deux semaines de vacances ; tout travailleur qui a deux ans ou plus d’ancienneté a droit à un mois de vacances avec la paye minimum.
La variété, la clarté et la force des revendications démontrent l’organisation et la confiance grandissante des travailleurs. Le besoin d’un lieu régulier pour les réunions montre que la priorité première des travailleurs était le renforcement de leur propre organisation, et les revendications dans l’intérêt particulier des femmes démontrent la volonté des travailleurs d’inclure tous les problèmes. »