jeudi 4 août 2016

Racisme, Dénonciations : un fait divers révélateur


Vraiment pas très catholique

 

Dans les périodes troubles, le nombre de dénonciations anonymes ou pas augmente, tout comme la psychose à l’encontre de «l’étranger », de celui qui n’a pas la même couleur de peau que la sienne. Cette tendance vers une telle psychose peut entraîner les fantasmes les plus fous, sur la base du racisme. Ci-dessous, un fait divers extrait du quotidien régional Ouest-France d’hier. En tout cas, une psychose qui ne peut qu’inquiéter la partie de notre classe visée. A combattre résolument.

 

« Châteaubriant. Suspecté dans l'église en raison de ses origines

 

Dimanche, à Châteaubriant (Loire-Atlantique), alors qu’il était venu prendre le pouls de la communauté catholique après le drame de Rouen, notre correspondant s’est retrouvé dans la peau du « suspect ».

Dimanche dernier, en l’église Saint-Nicolas de Châteaubriant (Loire-Atlantique), l’un de nos correspondants locaux, qui travaille à la rédaction locale depuis six mois, assiste à la messe.

Ce Franco-marocain âgé de 46 ans est là dans le cadre de l’interview du père Patrice Éon, prêtre de la paroisse Sainte-Croix, réalisée la veille au presbytère. Et cinq jours après l’assassinat de l’abbé Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, par deux djihadistes, il veut « juste écouter » et « prendre le pouls de la communauté catholique ».

Il est 10 h 30, on compte plusieurs centaines de fidèles à Saint-Nicolas. Notre correspondant se tient debout, sur le côté, quand deux femmes gendarmes s’avancent vers lui. « Elles m’ont demandé si c’étaient mon sac et mon casque qui étaient au sol, raconte notre collaborateur. J’ai répondu oui et elles m’ont demandé de les suivre à l’extérieur. »

Entre-temps, un paroissien avait téléphoné à la gendarmerie pour signaler qu’un homme jugé « suspect » se trouvait dans l’église. Ce fidèle n’a sans doute pas anticipé « le sentiment d’humiliation » qu’allait ressentir notre correspondant, obligé de quitter Saint-Nicolas encadré par deux gendarmes, à la vue de tous.

Hier après-midi, il était encore peiné mais « debout » : « C’est tombé sur moi mais je pardonne. La peur n’est pas quelque chose de raisonné. Ce qui s’est passé servira peut-être de leçon et permettra à chacun d’être plus prudent et moins jugeant afin que ça ne se reproduise plus. »

« Je demande pardon »

À la fin de la célébration, le maire de Châteaubriant et des paroissiens, stupéfaits, sont restés discuter avec lui, sur le parvis de l’édifice, pour le réconforter.

Le même jour, dans un message apaisant et engagé publié sur internet, le père Patrice Éon s’interrogeait : « Va-t-on se mettre à suspecter tout visage nouveau qui entre dans notre assemblée sous prétexte que nous ne le connaissons pas ? Je sais que le climat est à la peur, mais justement, parce que le climat est à la peur, il faut raison garder ! L’église est un sanctuaire, un lieu sacré, un lieu où l’hospitalité est sacrée. Au nom de toute la communauté chrétienne, je demande pardon au correspondant local d’Ouest-France pour ce qu’il lui est arrivé dimanche. »

Le journal apporte son soutien et témoigne son affection à cet homme sensible et tolérant. Il faut aussi saluer l’attitude des gendarmes, qui se sont confondues en excuses avant que notre correspondant ne puisse à nouveau entrer dans l’église, avec son casque et son sac, montrant que son « intégrité » et sa « dignité » étaient préservées. »

mercredi 3 août 2016

Emprunts toxiques, délégations de service public, manoeuvres et manigances que la population paye ensuite cash. A étudier de près.


Emprunts toxiques, délégations de service public, des questions à réfléchir

 

Chers lecteurs,

Nous vous l’avouons nous sommes en congé, mais ne soyez ni jaloux ni tristes, ce blog ne l’est pas. Il n’est pas en congé, lui, puisque vous nous lisez aujourd’hui comme vous pourrez le faire demain et les jours suivants. Donc nous comptons sur vos informations et vos commentaires.

         Nous vous avions promis il y a quelque temps que nous réfléchirions sur deux sujets qui pour les habitants d’Argenteuil et les travailleurs communaux ont eu des conséquences négatives importantes ces dernières années : le poids sur les finances locales de ce qui a été appelé « emprunts toxiques » et la question de la délégation des services publics, en particulier celle des parkings et du stationnement qui, sur la Ville se traduit par l’obligation pour celle-ci de devoir payer à la méga-entreprise SPIE treize millions d’euros pour rupture de contrat puisque cette gestion est aujourd’hui dans les mains d’Indigo-Vinci.

         La question est simple : comment peut-on arriver à ce genre de situation ?

         Ce n’est pas un roman extraordinaire pour l’été, même si les conséquences en sont, elles, bien extraordinaires pour la population. N’attendez pas des révélations exceptionnelles, mais nous nous étions engagés à réfléchir à ces questions, ce que nous allons tenter de faire.

         A demain. DM

Auchan : promotions sur un arbitraire inqualifiable


Auchan : un arbitraire patronal et féodal

 
Pour s'être trompé à propos d'une promotion sur deux paquets de pâtes, une caissière de l'Auchan City de Tourcoing, dans le Nord, a été licenciée en juillet.

Cette mère de trois enfants travaillait dans le magasin depuis son ouverture, il y a cinq ans. Mais pour sa direction, qui dépend de la famille Mulliez, une des plus grosses fortunes du pays, elle ne mérite que le chômage.

Cette travailleuse ne se laisse pas faire. Avec l'aide de la CGT, elle a alerté la presse et va contester son licenciement devant les prud'hommes. Il n'y a aucune raison d'accepter cette injustice patronale, qui vient s'ajouter à d'autres, en particulier dans les grandes surfaces. Mais pas que !

Les patrons comme la famille Mulliez, s'imaginent que tout leur est permis. C'est intolérable, et ça ne doit pas être toléré.

CIO, Agence antidopage, Russie, dopage : du calme sur les sujets qui fâchent


Les jeux olympiques de Rio au Brésil vont s’ouvrir dans quelques jours. Nous sommes bien contraints d’en parler quelque peu. Ci-dessous un article de notre hebdomadaire sur la Russie, le dopage et le CIO. Pour mémoire, il y a quelques jours, dans la plus grande discrétion, la presse évoquait en passant qu’une centaine de cas de dopage venaient d’être mis sur la place publique concernant les jeux olympiques de Pékin (2008) et de Londres (2016), dont plus d’une trentaine de médaillés…
 

Jeux olympiques : plus vite, plus haut, plus chargés

Suite aux révélations d’une athlète russe en 2014, un rapport commandé par l’Agence mondiale antidopage vient confirmer l’existence en Russie d’un système de dopage d’État qui concerne tous les sports.

La réaction, très mesurée, du Comité international olympique (CIO) en dit long sur son absence de volonté de lutter contre une pratique qui ne touche certainement pas que la Russie. Publié quelques jours après l’exclusion des athlètes russes, ce rapport aurait dû en toute logique entraîner l’exclusion de l’ensemble de la délégation russe. Le CIO a refusé de prendre cette décision, laissant aux différentes fédérations internationales le soin de décider de la présence ou non des sportifs russes dans les disciplines qu’elles organisent.

Certes, les dirigeants russes auraient eu beau jeu de dénoncer une décision politique, tant il est patent que le dopage touche tous les pays. D’ailleurs, on ne voit pas comment il pourrait en être autrement, car il n’y a pas de cloison entre le sport et le reste de la vie sociale.

Les Jeux olympiques sont d’abord une histoire de gros sous. Les JO sont suivis par des centaines de millions de téléspectateurs. Pour les Coca-Cola, ­Samsung, ­McDonald’s, Nissan, et autres sponsors, il s’agit de profiter pleinement d’un formidable espace publicitaire planétaire dont ils ont l’exclusivité. Pour accrocher les téléspectateurs, les records doivent tomber. Les athlètes doivent toujours courir plus vite, sauter plus haut. Et les primes sont à la hauteur des performances réalisées.

À côté des enjeux financiers, les JO, comme toutes les grandes compétitions sportives, sont l’occasion pour les gouvernements de cultiver le nationalisme. On voit l’intérêt pour les États de ne pas être trop regardants sur les performances de leurs champions, voire d’encourager certaines pratiques illicites.

Dans ce contexte, les contrôles antidopage n’ont pas d’autre objet que de maintenir un semblant de crédibilité aux performances des athlètes, en excluant de temps à autre quelques tricheurs trop voyants ou trop maladroits. Face à l’émotion provoquée par les révélations de l’athlète russe Yulia Stepanova en 2014, les autorités ne pouvaient rester sans réagir. Les athlètes russes en ont fait les frais.

Mais il n’est pas question pour le CIO d’aller plus loin, en laissant espérer aux lanceurs d’alerte un soutien de sa part. Stepanova, qui avait dénoncé le système de dopage en Russie, n’a pas été autorisée à concourir. Le CIO s’appuie sur sa suspension pour dopage en 2013 pour justifier sa décision.

Le show doit continuer, avec les dopeurs, sans les gêneurs, pour les annonceurs.
 
 

                                               Denis Aller (Lutte ouvrière n°2504)

mardi 2 août 2016

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d'entreprise de ce lundi 1er août 2016



Le bal des hypocrites

Les grands partis n’ont pas encore désigné leurs candidats à l’élection présidentielle et leurs porte-parole sont en vacances les pieds dans l’eau, mais l’on sait déjà sur quoi portera leur campagne : prétendre lutter contre le terrorisme en affirmant bruyamment tout et n’importe quoi.
         Ils prétendent tous combattre le terrorisme. Mais ils ne le combattent pas, ils le nourrissent. La première réaction de Hollande à l’attentat au camion à Nice a été d’intensifier les bombardements sur la Syrie. Comme si écraser sous des bombes des hommes, des femmes, des enfants en Syrie pouvait empêcher qu’ici, en France, d’autres Nice se reproduisent ailleurs ! La mort semée au Moyen-Orient n’a pas empêché deux jeunes crapules d’égorger un curé à Saint-Étienne-du-Rouvray.
         Quel que soit le cheminement individuel de chaque apprenti terroriste, leur violence criminelle se nourrit de la violence à bien plus grande échelle des États, ceux de la région et plus encore des grandes puissances impérialistes rivales, leurs intrigues diplomatiques, leurs interventions armées, ici pour mettre la main sur le pétrole, là sur l’uranium, ailleurs pour piller les richesses d’un pays pauvre et partout pour vendre des armes à des dictateurs contre leur propre peuple.
         Tous les hauts serviteurs de la bourgeoisie en compétition pour la présidence de la République, de la gauche gouvernementale à l’extrême droite, se posent en défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Ils ne le sont pas. Pas seulement parce qu’au Moyen-Orient, les Mirage envoyés par la France contribuent à faire des veuves et des orphelins. Mais aussi parce qu’ici même, en France, leur démagogie sécuritaire ciblée accroît les tensions entre communautés, installe la suspicion, fait des musulmans, des Arabes et plus généralement des migrants d’hier et d’aujourd’hui des boucs émissaires. Et il ne suffit pas d’inviter des musulmans à une messe catholique ou l’inverse pour que s’arrêtent le racisme, la xénophobie et la méfiance qui pourrissent la vie sociale.
         Les dirigeants politiques de la bourgeoisie ne peuvent pas trouver de solution à ce qu’ils appellent « la menace terroriste » parce que ce sont eux qui font problème. Ils se servent de la menace terroriste pour faire diversion, pour faire oublier le reste, la responsabilité du grand patronat dans la montée du chômage, la tombée d’un nombre croissant de travailleurs dans la pauvreté, la menace permanente d’une aggravation de la crise financière. Ne soyons pas dupes.
         L’électorat populaire a toutes les raisons de se souvenir que Hollande avait mené sa campagne électorale en se prétendant « l’ennemi de la finance » pour constater aujourd’hui que le grand patronat et la finance ont rarement disposé à l’Élysée d’un serviteur aussi zélé.
         Les travailleurs ont toutes les raisons de se souvenir de la promesse « d’inverser la courbe du chômage » alors que toutes les mesures du gouvernement socialiste visent à faciliter les licenciements et à supprimer dans le code du travail le peu qui constitue un frein à l’arbitraire patronal.
         Hollande et les siens ne se donneront même pas la peine de faire à l’électorat populaire de fausses promesses auxquelles plus personne ne croirait. La prétendue lutte contre le terrorisme occultera tout. Tous les candidats qui ont une chance d’accéder à la présidence participent à cette escroquerie. L’électorat populaire aura le droit de choisir entre des clones débitant le même discours sur la sécurité. Il faut refuser cette comédie qu’on nous présente comme de la démocratie. Mais pas en se contentant de s’abstenir.
         Le mouvement contre la loi Travail a montré qu’une fraction au moins du monde du travail n’attend rien du gouvernement même s’il se prétend de gauche. Cet éveil de la conscience ouvrière est précieux pour l’avenir.
         Il faut que cette conscience s’exprime aussi sur le terrain politique, à commencer par les élections présidentielle et législatives qui se préparent. Lutte Ouvrière sera présente pour faire entendre le camp des travailleurs. Pour défendre les exigences matérielles des exploités face à la crise de l’économie capitaliste. Plus encore, pour exprimer la conscience de classe des travailleurs et leur fierté d’être ceux qui font fonctionner toute la société. La conviction aussi que, face à l’organisation capitaliste de la société, les travailleurs sont les seuls à incarner collectivement une autre perspective pour l’humanité : celle d’une société débarrassée de la dictature du grand capital, de l’exploitation, de la concurrence et de la barbarie que tout cela engendre.