vendredi 26 février 2016

Tour de France dans le Val d'Oise : subventions indirectes



Nids de poule et tord-boyaux

         Quelques jours après avoir voté la hausse des impôts pour les habitants propriétaires, le conseil départemental du Val d’Oise vient d’annoncer qu’il avait débloqué une enveloppe de 1,5 million d’euros pour la rénovation des routes du département dans le cadre du passage de l’avant-dernière étape du Tour de France dans le Val d’Oise en juillet prochain.
         Le CD95 se vante que 3 milliards de téléspectateurs regardent le Tour à travers le monde. On imagine que les recettes publicitaires doivent être à l’avenant et que ce spectacle où l’eau claire coule à flots est une gigantesque manne non seulement pour la société organisatrice mais également pour de nombreuses entreprises.
         Les habitants bénéficieront certes de ces réparations et autres petits aménagements routiers, mais les contribuables vont donc devoir mettre la main à la poche pour payer ce qui relève finalement d’intérêts privés.
         Quant au maire d’Argenteuil, content que le peloton passe à travers sa ville, il déclarait qu’il n’en coûterait rien à la commune.
         Mais qu’en sera-t-il des routes de la commune empruntées par la caravane et le peloton du Tour, dont l’entretien, lui, relève de la compétence municipale ?
         Sans parler des divers frais liés à ce genre de manifestation.

Tour d'antan : et la chaussée ?

jeudi 25 février 2016

Nouvelles attaques gouvernementales contre les travailleurs, pétition et illusionnistes



Signer c’est bien, se mobiliser c’est mieux

La pétition initiée par une ex-adhérente du PS, Caroline De Haas, connaît une envolée fulgurante. Elle en est à cette heure à 530 000 signatures. Au-delà des objectifs de ses initiateurs, cela traduit très certainement le large refus de ce nouveau coup contre le monde du travail. Il faudrait maintenant passer du refus à la véritable colère : celle qui s’exprime dans les entreprises et dans la rue.

Aubry et consort : opération recyclage

Martine Aubry et une dizaine de socialistes et d'écologistes se démarquent, bien modérément et bien tardivement, de l'orientation prise par le tandem Hollande-Valls, dans une tribune publiée dans Le Monde
         C'est que la politique férocement anti-ouvrière de Hollande-Valls risque de faire perdre des électeurs au PS, et du même coup l'accès à la mangeoire présidentielle et à tout ce qui en découle pour une ribambelle de politiciens de cette mouvance.
         Que le PS et ses alliés gouvernementaux soient au service de la bourgeoisie n'est pas nouveau, toute leur histoire le montre, y compris celle de Martine Aubry ou de Hamon et autres « frondeurs » de la dernière heure.
         Ce qui les motive aujourd'hui, ce ne sont pas les prises de positions d'un gouvernement qu'ils soutenaient, et auquel certains participaient il y a peu encore, mais les conséquences que cela peut avoir sur leur carrière.
         Pour faire du nouveau ? Non, pour faire redémarrer la même machine à illusions qui a permis de berner les travailleurs, comme le firent Mitterrand, Jospin puis Hollande.

Hollande-Valls-El Khomri : à la manoeuvre pour une attaque en règle contre les travailleurs. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine



Projet de loi Hollande-Valls-El Khomri : une attaque en règle contre les travailleurs

Le projet de loi sur la réforme des droits des salariés présenté par la ministre du Travail Myriam El Khomri est une brutale remise en cause des conditions de rémunération, des conditions de travail, des quelques droits élémentaires existant jusque-là. Son adoption aurait des conséquences dramatiques pour les travailleurs.
En fait de modernité il s’agit d’un retour en arrière, qui dans certains domaines ramène jusqu’au 19e siècle. Et, contrairement à ce qu’ont pu dire Hollande et Valls, ce projet ne garantit ni le salaire, ni la durée du travail, ni le contrat de travail. Au contraire, il vise à supprimer le principe des droits collectifs des travailleurs, remplacés par le contrat individuel entre l’employeur et son salarié. Quand l’un détient l’entreprise et l’autre ses bras pour travailler, qui rédige le contrat ?

Les 60 heures

La mesure la plus significative, celle qui a provoqué à juste titre le plus de réactions, a été l’annonce que la semaine de travail pourrait aller jusqu’à 60 heures, au-delà même du droit européen qui la limite à 48 heures. Le projet de loi prévoit également la possibilité de réduire le repos entre deux journées de travail, qui est aujourd’hui de 11 heures minimum.
Le taux de majoration des heures supplémentaires pourrait être ramené à 10 %, par voie d’accord. Cela impliquerait une baisse de salaire pour les millions de salariés qui aujourd’hui dépassent les 35 heures avec des heures majorées à 25 %.
La loi Macron prévoyait déjà la possibilité de baisser les salaires et d’augmenter les heures de travail sans les payer pour une période de cinq ans, en cas de difficultés économiques prétendues. Le projet de loi permettrait de le faire maintenant sous prétexte de développer l’emploi et sans limite dans le temps.
La modulation des heures de travail sur trois ans permettrait de ne payer les heures supplémentaires qu’au terme de ces trois ans. À condition que, sur cette durée, il en reste, que le salarié ait pu faire ses comptes et… soit encore présent dans l’entreprise.
Les petites entreprises pourraient mettre tous leurs salariés au forfait : les horaires quotidiens seraient ainsi à la merci de l’employeur, sur la base du salaire mensuel convenu, sans aucune heure supplémentaire payée.
Enfin, le projet stipule que tout salarié refusant les modifications et les aggravations de son contrat de travail définies par cette nouvelle loi serait licencié, pour cause réelle et sérieuse.

Permis de licencier

Le droit de licencier, sans qu’il puisse y avoir de contestation juridique, est donné aux employeurs s’ils peuvent justifier d’une baisse du chiffre d’affaires de l’établissement pendant trois trimestres ou même moins. Une telle justification est facile à trouver pour n’importe quel patron. Pour les grands groupes, c’est un jeu d’enfant.
Les indemnités en cas de licenciement abusif sont plafonnées. Le permis de licencier demandé par le patronat lui est accordé par le gouvernement.
Les 105 pages de réécriture du Code du travail entrent dans une multitude de détails, qui la plupart du temps sont des reculs, parfois considérables, pour les salariés concernés.
Les accords passés peuvent être remis en cause à tout moment par l’employeur, et donc revus à la baisse en permanence. En cas de non-respect des procédures par les patrons, les accords restent valides.
Le projet de loi remet en cause le paiement des jours fériés pour tous les salariés qui ne sont pas en CDI. C’est là encore une baisse de salaire pour des millions de travailleurs. Il permet à l’employeur de n’accorder que douze jours de congés principaux accolés, sans contestation possible. Il permet de faire travailler dix heures par jour les apprentis de moins de 18 ans…

Un CDI intermittent
Enfin, serait mis en place un contrat à durée indéterminée… intermittent. Le salarié a un nombre très limité d’heures garanties par l’employeur, sans horaire défini. Il peut être appelé par le patron pour faire ses heures ou d’autres en complément. On n’a plus qu’à réinventer l’esclavage !
Livrés à eux-mêmes entreprise par entreprise, atelier par atelier, les travailleurs auraient bien du mal à résister au chantage patronal. Les référendums prévus, s’ils ont lieu, se feraient le couteau sous la gorge et en faisant voter les travailleurs les uns contre les autres, au gré des patrons.
Cette attaque en règle ne doit pas passer. L’arrogance gouvernementale, qui a même été au-delà des revendications patronales, doit recevoir une réplique cinglante. La colère du monde du travail doit s’exprimer.

                                                           Paul SOREL