Vous avez dit « coopérative » ?
Les dirigeants actuels d’AB-Habitat
affirment que la transformation de l’office en « coopérative »
ne présente pas de dangers ni pour les personnels ni pour les locataires, et
que ce statut de « coopérative » en est le garant. Pour son
président, D. Lesparre, ce n’est en aucune façon une « privatisation
capitalistique ».
Le
problème est que derrière ce terme de « coopérative », il y a tout et
son contraire, et souvent des réalités qui sont très loin des valeurs
proclamées par le mouvement coopératif, de solidarité, de mutualisation, et de « démocratie ».
Même
si dans le cas de la question de la viande de porc, nous sommes très loin de
celle du logement dit « social », le rôle de la Cooperl nous rappelle
que derrière le terme sympathique de coopérative peuvent se cacher des
prédateurs bien capitalistes. DM
Ci-dessous,
un article de notre hebdomadaire de cette semaine, en vente dans les kiosques
et à notre permanence de ce soir.
Cooperl
et Bigard : « Les bourgeois c’est comme les cochons... »
Pour imposer leurs
revendications, les éleveurs de porcs se heurtent au monopole organisé autour
de deux mastodontes du secteur, la Cooperl et Bigard.
La
Cooperl est née en 1966, et l’entreprise familiale Bigard deux ans plus tard.
Ce n’est pas leur différence de statut, coopérative pour la Cooperl, société
anonyme pour Bigard, qui permet aujourd’hui de les distinguer.
La
Cooperl a connu l’histoire de bien des coopératives, devenues des entreprises
capitalistes comme les autres, à l’image de nombre de compagnies d’assurances
ou de banques parmi les plus importantes, tel le Crédit agricole.
Aujourd’hui,
la Cooperl est un vaste conglomérat passé de la simple commercialisation à
l’abattage, à la production d’aliments pour bétail, engrais, traitement des
déchets. Quant à Bigard, entreprise traditionnelle, il est devenu le premier
producteur de viande porcine et bovine du pays, en absorbant la Socopa et
Charal. Il dispose de 60 sites de production et de commercialisation à travers
le pays.
Liés à la
grande distribution, ces groupes peuvent imposer leur loi aussi bien aux
éleveurs qui sont leurs adhérents qu’à leurs 19 000 salariés. Ils totalisent
plus de deux milliards d’euros de chiffre d’affaires pour la Cooperl, près de
4,5 pour Bigard.
La
fédération de l’agroalimentaire CGT déclare à propos de ce dernier : «
Comment Bigard a-t-il pu racheter en quelques années Socopa et Charal si ce
n’est grâce à l’exploitation des salariés et à l’augmentation de la
productivité, aux spéculations et opérations financières, aux exonérations de
cotisations sociales et autres CICE… et à la pression sur les prix payés aux
éleveurs ? »
Et ce qui
est vrai pour Bigard l’est tout autant pour la coopérative Cooperl, aux dépens
des salariés, des éleveurs, et des consommateurs.
Michel ROCCO