La viande de
cheval ne tue pas, mais le capitalisme, si !
Tests ADN, Interpol, brigades policières :
l’Union Européenne a sonné le branle-bas de combat. Que cherche-t-elle ?
Les fortunes cachées qui échappent au fisc ? Les spéculateurs qui jouent
l’économie au casino ? Non, il s’agit de débusquer de la viande de cheval
dans les plats cuisinés.
La
fraude est choquante. Qu’une entreprise remplace secrètement le bœuf par du
cheval, moins cher, pour augmenter ses bénéfices, est inacceptable. Cette
tromperie démontre que, même dans un secteur théoriquement très surveillé, les
fraudes sont banales. Et on ne peut plus dire, comme le laissaient entendre
certains, pétris de préjugés, que cela vient de Roumanie. La fraude est bien de
chez nous puisque c’est une entreprise française qui a fait valser les
étiquettes.
Nous
apprenons aussi, au passage, que la viande hachée est du « minerai »,
composé de « déchets de muscles, d’os, de collagène ». L’appât du
gain est décidément peu ragoûtant… Que sont-ils prêts à nous faire avaler, pour
leurs profits ?
Pour
comprendre ne serait-ce que le circuit de la viande, il a fallu une enquête
policière car l’affaire met en scène cinq pays, deux courtiers en viande,
quatre entreprises et des produits vendus dans toute l’Europe via quelques
grandes marques de plats cuisinés et plusieurs grands noms de la distribution. Et
tout ce beau monde vit en prélevant sa part sur les travailleurs de la filière
et sur les consommateurs, dans l’opacité la plus totale, couverts par le
sacro-saint secret commercial.
Oui, le
contrôle est nécessaire, et pas seulement sur l’étiquetage alimentaire !
Le capitalisme et la recherche du profit font bien d’autres victimes, à une
tout autre échelle et dans de tout autres domaines. Alors, il faut imposer un
contrôle bien plus général, un contrôle à l’échelle de l’ensemble de la vie
économique.
Ce contrôle
doit être exercé par les travailleurs eux-mêmes et, pour qu’il puisse être
effectif, il faut lever le secret des affaires. L’État peut déployer tous les
appareils bureaucratiques qu’il veut, seuls les travailleurs peuvent au jour le
jour assurer un contrôle efficace et tirer la sonnette d’alarme avant que le
mal soit fait.
Mais
pour cela, il faut que les travailleurs puissent rendre publiques les décisions
dont ils sont témoins. Aujourd’hui, un salarié qui dénonce ce qui se passe dans
son entreprise est certain de se retrouver à la porte ou en justice. C’est
pourquoi il faut supprimer le secret commercial et reconnaître aux travailleurs
le droit de dire ce qu’ils savent de leur entreprise.
Plus
qu’un droit au contrôle, il faudrait parler de devoir civique, car c’est la
seule façon de dénoncer et d’empêcher les crimes patronaux. Et tous les crimes
patronaux ! Car si les scandales sanitaires, celui de la vache folle, du
Mediator, sont unanimement dénoncés, il n’en va pas de même pour les crimes sociaux.
Les
victimes sont pourtant bien réelles. Faut-il rappeler que, chaque jour, deux
salariés meurent au travail dans le pays ? On estime que 3 000 à 5 000
décès par an sont imputables à l’amiante : aucun responsable n’a été
identifié et jugé à ce jour.
Licencier
et condamner au chômage de plus en plus de travailleurs est aussi un crime
social. Combien de travailleurs sont broyés par une vie de chômage et de galère
faite de petits boulots payés une misère ? Combien sont brisés par
l’exploitation ?
Pour
justifier leurs crimes, les dirigeants des grands groupes mentent de façon
éhontée. Le PDG de PSA, celui d’Arcelor Mittal, ont menti pendant des années.
Aujourd’hui encore, ils cachent les vrais comptes de leur trust. Ils annoncent
des pertes pour justifier des fermetures d’usines mais la cote de leur groupe a
monté à la Bourse ,
et on peut faire confiance aux actionnaires pour ne pas s’y tromper.
Les
dirigeants de l’économie peuvent impunément maquiller leurs comptes et cacher
les fortunes personnelles qu’ils retirent de l’exploitation.
Eh bien
là aussi, il faut imposer un contrôle. Il y a bien des secrétaires, des
techniciens, des comptables, des ingénieurs, révoltés par les agissements de
leur direction qui sont contraires aux intérêts des salariés, de la population
ou de l’environnement.
Supprimer
le secret des affaires permettrait d’en finir avec le chantage patronal. Les
travailleurs pourraient rendre publiques leurs informations, et ils sauraient à
quoi s’en tenir. Ils pourraient anticiper et s’organiser face aux attaques
patronales.
La
question du contrôle doit concerner l’ensemble de l’économie car il ne s’agit
pas seulement de maîtriser ce que l’on met dans nos assiettes, mais de prendre
la maîtrise de notre vie.