lundi 23 juillet 2012

16 et 17 juillet 1942 : la rafle du Vel' d'Hiv : un article de l'hebdomadaire trotskyste Lutte Ouvrière


16 et 17 juillet 1942 : la rafle du Vel' d'Hiv

Les 16 et 17 juillet 1942, alors que la moitié de la France était occupée par l'armée allemande, la police française, et elle seule, raflait 13 000 Juifs à Paris, les parquait dans des conditions innommables au Vélodrome d'Hiver, le Vel'd'Hiv, situé dans le 15e arrondissement parisien, avant de les transférer à Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, puis de les déporter vers des camps d'extermination, dont bien peu revinrent.
     Cette rafle n'était pas la première ni malheureusement la dernière.
Le rôle de la pollice française
     Celle de juillet 1942, minutieusement organisée sur ordre des troupes d'occupation, fut exécutée sans la moindre participation de policiers ou de soldats allemands, mais uniquement par la police française. Les autorités françaises firent preuve d'un zèle qui, a-t-on dit, étonna les autorités allemandes d'occupation. La rafle de juillet 1942 visait en principe uniquement les Juifs de nationalité étrangère. Les Juifs étrangers étaient nombreux, qui avaient fui les persécutions d'Allemagne et d'Europe centrale.
     Pour faire croire à l'opinion que ces arrestations étaient motivées par un besoin de main-d'œuvre en Allemagne, il avait été prévu, au départ, de ne pas arrêter les enfants de moins de 16 ans. Mais Laval, chef du gouvernement de Pétain, décida de les faire arrêter tout de même, prétextant une mesure « humanitaire » : pour qu'ils ne soient pas, a-t-on dit, « séparés de leurs parents ».
     Cette rafle avait été précédée de diverses mesures. Il y avait eu, tout d'abord, le recensement obligatoire des Juifs en octobre 1940. Les Juifs avaient dû se présenter dans les commissariats et se déclarer comme tels.
     Ne pas le faire les exposait à des sanctions « les plus sévères ». Environ 90 % d'entre eux se firent recenser et 150 000 Juifs ont ainsi été fichés en zone occupée, dont 64 000 étrangers. Au moment des rafles, la police savait donc parfaitement où aller.
     Depuis juin 1942, tous les Juifs devaient porter, cousue sur leurs vêtements, une étoile jaune avec l'inscription « Juif ».
     Les 16 et 17 juillet, les permissions dans les rangs de la police avaient été annulées. Mais les choses ne se passèrent pas toujours comme prévu. Il y eut des policiers ou des gens avertis de l'opération qui réussirent à prévenir des Juifs : « Dans deux heures, on viendra vous chercher. » Et un certain nombre échappèrent au coup de filet. Des hommes surtout car, comme jusque-là c'étaient surtout les hommes qui avaient été raflés, on croyait dans l'opinion juive que les femmes et les enfants risquaient moins.
L'opinion publique « profondément troublée »
Ce ne fut pas le cas : sur les 13 152 personnes arrêtées, il y eut 10 000 femmes et enfants. Un rapport de police de l'époque tire ce bilan : « Les mesures prises à l'encontre des Israélites ont assez profondément troublé l'opinion publique. Bien que la population française soit dans son ensemble et d'une manière générale assez antisémite, elle n'en juge pas moins sévèrement ces mesures qu'elle qualifie d'inhumaines. Les raisons de cette désapprobation reposent (...) sur les bruits (...) d'après lesquels les familles seraient disloquées (...). C'est cette séparation des enfants de leurs parents qui touche le plus les masses françaises et provoque des réactions qui se traduisent par des critiques sévères à l'égard du gouvernement et des autorités occupantes. »
     Durant cette période, 80 000 à 85 000 Juifs résidant en France ont été exterminés, soit près du quart d'entre eux. Ceux qui réussirent à échapper à leurs bourreaux le durent souvent à l'aide d'une partie de la population.
Le recyclage des responsables
     La guerre finie, cette politique barbare fut bien vite oubliée, ou plutôt occultée. Les Maurice Papon, haut fonctionnaire sous Vichy, responsable de la déportation de dizaines de Juifs dans la région de Bordeaux, les René Bousquet, secrétaire général de la police en 1942 et à ce titre organisateur en chef de la rafle du Vel' d'Hiv, poursuivirent une brillante carrière, comme la plupart des hauts fonctionnaires d'ailleurs. Le premier fut préfet de police, puis ministre de Giscard d'Estaing, le second occupa de hautes fonctions dans le monde financier, entretenant, l'opinion l'apprit sur le tard, des relations amicales avec François Mitterrand.
     La volonté des dirigeants français qui se succédèrent après la guerre était de montrer que le régime de Vichy et de Pétain ne s'inscrivait pas dans la continuité, mais constituait une rupture totale avec la tradition républicaine de la France. À l'évidence il n'en était rien, dans les hommes qui assurèrent la continuité de l'État, ou encore la continuité « industrielle et économique ». Une grande partie de ceux qui servaient sous Vichy restèrent en place sous de Gaulle, puis sous la IVe et la Ve République.
     Aujourd'hui, on évoque le devoir de mémoire. Mais il ne suffit pas de se souvenir, encore faut-il comprendre. Comprendre comment et pourquoi une société policée, cultivée, moderne a pu donner naissance à cette barbarie sans nom, dont la Seconde Guerre mondiale, le nazisme, furent le produit. Tout cela au nom de la volonté des capitalistes de maintenir leur pouvoir économique et leurs privilèges.
     Et surtout comprendre comment agir pour que cela ne se reproduise plus.

                                                                                         André VICTOR

dimanche 22 juillet 2012

Espagne :« No a los recortes » (non aux réductions des salaires, pensions, budgets sociaux)

« Mains en l’air, c’est un hold-up », hurlaient les manifestants à Madrid et dans les principales villes d’Espagne, ce jeudi 20 juillet. Ils étaient des centaines de milliers à manifester contre les nouvelles mesures d’austérité du gouvernement. Nouvelles baisses de salaires pour les fonctionnaires, réduction des indemnités de chômage, hausse de la TVA, etc. : le gouvernement voudrait économiser 65 milliards sur le dos de la population. Des économies qui lui permettraient de distribuer de nouveaux milliards aux banques espagnoles, en difficulté pour avoir spéculé, entre autres, sur l’immobilier.
     Ces manifestations d’hier ont montré que ceux qui le refusent sont de plus en plus nombreux et combatifs. Et, souhaitons-le, ce n’est qu’un début.

Augmentation du gaz : pas si « modique » et complètement injuste !

Les tarifs du gaz vont donc augmenter de 2 %. Le gouvernement a refusé – pour le moment – de céder complètement aux exigences de tous les distributeurs qui demandaient – et demandent encore – quatre fois plus. Mais il n’y a pas de quoi se réjouir : le gouvernement va sans doute étaler l’augmentation du gaz sur plusieurs années pour la rendre plus « acceptable ».
     Mais pour les classes populaires, dont les conditions de vie ne cessent pas de se dégrader, cette augmentation vient se rajouter au reste. Inacceptable !

jeudi 19 juillet 2012

AVS : auxiliaires de vie scolaires, travailleurs à part entière


C'est bien volontiers que nous transmettons le message suivant :

Savez-vous ce qu'est un AVSi ?
 C'est ce personnel qui s’investit au quotidien pour remplir une mission primordiale aux côtés des enfants et adolescents handicapés en milieu ordinaire et qui est pourtant peu formé, sous-payé, sans aucune reconnaissance professionnelle et congédié après six années de travail.
      Alors, en tant que simple individu, AVSi, j'ai initié une pétition et vous pouvez m’aider à faire cesser cette situation inadmissible en signant et en faisant passer à vos collègues, à vos amis, aux associations, aux adhérents et à tous vos autres contacts, le lien suivant qui permet de signer cette pétition intitulée « Faire que les AVSi soient des professionnels reconnus. »
     Aidez-moi, s'il vous plait, à faire de ce geste une nouvelle action !!
Manuel Plâtre (Manuel.platre@free.fr)
Nota : le 18 juillet à 6h : 989 signatures recueillies
Lien pour signer la pétition :
http://www.avaaz.org/fr/petition/Faire_que_les_AVSi_soient_des_professionnels_reconnus//?launch
NOTA : Il arrive que, suivant la configuration, il ne soit pas possible de suivre directement le lien.
Il suffit alors de le copier/coller dans la barre d'adresse du navigateur Internet...

PSA-Varin : mensonges et diversion

Dans une interview au journal Le Monde, Varin, PDG de PSA, a osé dire que la suppression de 8 000 emplois lui arrache le cœur et qu’il aidera à recréer 1 500 emplois à Aulnay… alors même qu’il a programmé depuis plusieurs années la fermeture de cette usine, ce qui détruira près de 10 000 emplois en Seine-Saint-Denis.
     Il invoque le « patriotisme économique » du groupe PSA, qui n’aurait pas délocalisé ses usines.
     S’installer en Suisse pour échapper aux impôts en France, comme la famille Peugeot, c’est ça leur « patriotisme » ?

Montebourg : ministre de l'accompagnement médiatique

Recevant tour à tour les syndicats et le Pdg du groupe PSA – et peut-être la famille Peugeot si elle daigne se déplacer – Montebourg prend des grands airs pour exiger la transparence totale, connaître la véritable situation du groupe et les projets à long terme des actionnaires.
     Mais si la direction du groupe lui présente la fermeture d’Aulnay dans un bel emballage – comme c’est probable –, le ministre l’avalisera. Montebourg est le ministre de « l’accompagnement médiatique » des décisions patronales.
     Pour protéger leurs emplois, les travailleurs ne devront compter que sur eux-mêmes.

Heures supplémentaires : refiscalisation : le bal des hypocrites

Pour récupérer 3 milliards d’euros par an, le gouvernement s’apprête à refiscaliser les heures supplémentaires, sauf dans les entreprises de moins de 20 salariés. La droite hurle, jouant sans rire le rôle de défenseur du pouvoir d’achat des salariés, tandis que les représentants patronaux invoquent la « perte de compétitivité » des entreprises.
     Les uns et les autres sont de fieffés hypocrites : la défiscalisation des heures supplémentaires a profité massivement aux employeurs, qui ont pu différer des embauches et bloquer un peu plus les salaires.
     Quant aux travailleurs, ils ont besoin de gagner plus sans se tuer au travail. Mais pour cela, ils ne pourront pas compter sur le gouvernement du « coup de pouce à 0,6 % » !

mardi 17 juillet 2012

PSA menace des milliers d’emplois. Refusons l’inacceptable !

François Hollande, relayé par son ministre de l’Économie et des Finances, a déclaré que le plan social de la direction de PSA était inacceptable « en l’état » et qu’il faudrait le renégocier. Sauf que ce plan n’a jamais été négocié. Sauf aussi que le gouvernement annonce d’emblée, sans oser le dire ouvertement, qu’il acceptera ce plan moyennant une réduction – mais de combien ? – du nombre d’emplois supprimés.
      Il considère donc acceptable d’entrer dans le jeu de dupes que PSA propose en ces termes : « Dans un premier temps, je supprime 8 000 emplois – sans compter les milliers d’emplois induits – puis je consens à réduire ce chiffre ». Ainsi ces messieurs du gouvernement, les économistes et, peut-être, certains dirigeants syndicalistes se montreront satisfaits et crieront « victoire », se félicitant d’avoir ainsi « évité le pire ». C’est un tour de passe-passe classique.
      Mais le pire, comme ils disent, il est bien là pour les travailleurs. Tout d’abord pour ceux qui, dans ce marchandage, resteront sur le carreau, sans espoir de retrouver un travail et un salaire comparable dans un avenir raisonnable. Il est là pour ceux qui conserveront leur emploi – pendant combien de temps ? – car PSA en profitera pour augmenter sa pression, imposer des conditions de travail encore plus dures, pour que ses profits ne diminuent pas et même pour les accroître. C’est en fait un chantage bien connu des travailleurs et qui, de plus, bénéficiera de la bénédiction gouvernementale.
      L’ensemble du monde du travail est concerné. Et directement. Tout d’abord parce que, dans des entreprises comme Air-France, le volailler Doux, le grand laboratoire pharmaceutique Sanofi, les suppressions d’emplois ont déjà été annoncées. Et parce que des dizaines d’autres entreprises sont prêtes à s’engouffrer dans la brèche ouverte par la direction de PSA. Soutenir la lutte des travailleurs du trust Peugeot, ce n’est pas simplement faire un geste de solidarité morale, c’est aussi, et surtout, assurer la défense de l’emploi de chacun. Défendre leur emploi, c’est aussi défendre le nôtre.
Hollande et ses ministres ont fait semblant de s’indigner de l’attitude de PSA, le traitant même, bien tardivement il est vrai, de menteur. Mais s’il a cru les engagements d’un menteur, c’est donc qu’il s’est montré naïf. Mieux vaut dire qu’il se montre hypocrite.
     Hypocrite, Hollande l’est tout autant quand il rappelle que PSA, groupe privé, a reçu quatre milliards d’euros d’argent public. Ces milliards ont permis à PSA de franchir une passe qu’il prétendait difficile et de maintenir les revenus de la famille Peugeot. La logique et la justice imposeraient, ce serait la moindre des choses, que l’État dont Hollande est le garant demande aux actionnaires, dont le principal est Peugeot, de prendre en charge la situation sans quémander de nouveaux subsides à l’État. Les actionnaires de PSA en auraient largement les moyens en prenant sur les richesses qu’ils ont accumulées depuis des années.
      Le président de la République et ses ministres n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer le comportement de PSA – et du même coup celui de ses prédécesseurs, Sarkozy en tête, qui ont, c’est évident, leur part de responsabilité –, mais ils se taisent respectueusement devant ce que l’on a appelé « le mur de l’argent ». Comme les ministres socialistes l’ont fait à chaque fois qu’ils ont été aux affaires !
     Moscovici a même été plus loin, qualifiant Varin, le PDG de PSA, « d’interlocuteur solide », se réjouissant qu’il y ait dans le capital « un actionnariat qui soit français et familial », en la personne de la famille Peugeot, remarque d’autant plus choquante que la « famille française » Peugeot a pris soin d’abriter sa fortune en Suisse.
     Les travailleurs, ceux de PSA mais aussi tous les autres, sont donc avertis ; le message du gouvernement, même dans ce langage codé que pratiquent les socialistes, est clair. Il ne faudra pas compter sur lui pour affronter les capitalistes.
Mais les travailleurs ont une arme bien plus fiable à leur disposition : la force collective du monde du travail, qui doit se préparer, qui doit s’organiser pour imposer à PSA de remiser l’ensemble de son plan et, du même coup, pour donner un coup d’arrêt à toutes les attaques patronales qui s’annoncent.