Une
surmortalité dramatique
25 Novembre 2020
Alors que le nombre de morts du
Covid est difficile à connaître, des médecins de plus en plus nombreux affirment
que le bilan sera encore bien plus lourd du fait de la surmortalité dans les
autres pathologies.
Selon Axel Kahn, le président de
la Ligue contre le cancer, « la totalité des dépistages systématiques
des cancers du col de l’utérus, du sein ou encore de la prostate ont été
totalement interrompus jusqu’au mois de juin ». Pour le cancer du
colon et du rectum, le nombre de tests de dépistage est passé de 80 000
par semaine début 2020 à moins de 5 000, et fin juillet 15 000
opérations avaient été décalées. « Ce sont des chances perdues, ce sont
des vies qui seront perdues », ajoute Axel Khan.
En cardiologie, un domaine où le
temps de réaction est encore plus vital, c’est le même constat. L’activité des
services de soins intensifs a diminué de près de 15 % à l’hôpital de la
Pitié- Salpêtrière, où trois quarts des opérations ont été déprogrammées avec
des conséquences dramatiques. « Quand on a rappelé des patients pour
fixer des dates, certains étaient décédés entre-temps », explique le
chef d’un service de cardiologie.
En neurologie, les malades
victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) comme ceux atteints de
pathologies chroniques, telles que la maladie de Parkinson, sont aussi des
victimes collatérales. Le retard de leur prise en charge a augmenté d’autant
les risques de récidive. Pour les malades parkinsoniens, l’arrêt des séances de
kinésithérapie ou d’orthophonie aura des conséquences certaines.
En chirurgie, tous domaines confondus,
plus de 700 000 interventions ont été annulées ou repoussées pendant la
première vague et, d’après un responsable du CHU de Rennes, il faudra pas loin
d’un an pour rattraper ce retard, à condition de revenir à une activité
normale, ce qui n’est pas le cas et l’est encore moins avec les nouvelles
déprogrammations liées à la seconde vague. Enfin, c’est aujourd’hui dans un
autre domaine, la psychiatrie, que des problèmes apparaissent, avec les
conséquences d’un confinement difficile à supporter, notamment pour les
personnes âgées.
On est encore bien loin de
pouvoir faire un bilan complet et précis de la surmortalité liée à toutes ces
pathologies. Après le drame de la canicule en 2 003, il avait fallu
attendre plus de cinq ans pour le faire. Mais, même si on ne connaît pas toutes
les conséquences, on connaît par contre très bien les causes de « ces
chances et de ces vies perdues » : c’est la situation dramatique dans
laquelle la politique gouvernementale a plongé les hôpitaux.
Cédric DUVAL (Lutte ouvrière
n°2730)