Retraites
complémentaires : mauvais coups à venir
23 Juin 2021
Le 21 juin, syndicats et patronat
ont entamé des négociations sur le régime des retraites complémentaires
Agirc-Arrco, dont le déficit a atteint 4,8 milliards d’euros en 2020, alors
qu’il affichait un résultat positif de près d’un milliard d’euros en 2019.
La crise du Covid est passée par
là, avec les fermetures d’entreprises et la hausse du chômage. Les cotisations
ont diminué, tandis que les pensions continuaient à être versées et croissaient
en nombre, comme il est normal, avec les nouveaux départs en retraite.
Patronat et syndicats doivent
donc chercher de nouveaux moyens de renflouer les caisses et le représentant du
Medef a été clair : « Les actifs et les entreprises ont été mis à
contribution pendant la crise. Il est logique que l’effort ne porte pas sur
eux. » Gageons que ce sont surtout les entreprises, c’est-à-dire les
patrons, qui pèsent le plus lourd dans les choix. Il s’agit donc de trouver
quelques arrangements, qui ont déjà fait leur effet pour afficher un résultat
positif en 2019, sans toucher aux cotisations patronales et donc en s’en
prenant aux ressources des travailleurs. Or la retraite complémentaire n’est
pas négligeable, puisqu’elle représente entre le quart et le tiers de la
pension pour un ouvrier et va même jusqu’à 60 % de la retraite des cadres.
Fusion de deux caisses, l’une
pour les cadres (Agirc), l’autre pour les salariés non cadres (Arrco),
l’Agirc-Arrco fonctionne sur le modèle du système à points, dont le cumul est
transformé en un complément de retraite, variable selon la valeur du point au
moment du départ du salarié. Parmi les ficelles utilisées, il y a eu la
sous-indexation du point, le report de sa revalorisation, l’application depuis
2019 de bonus-malus obligeant à partir un an plus tard en retraite, sous peine
de voir sa pension complémentaire baisser de 10 %.
Les représentants syndicaux et
patronaux, gestionnaires des caisses, vont donc discuter des scénarios futurs,
spéculant sur l’évolution de l’espérance de vie, sur une reprise économique…
qui se manifeste pour le moment par des licenciements massifs. Cela peut durer
des semaines, comme un ballon d’essai avant la réforme générale des retraites,
que le Medef veut éviter pour le moment.
Mais une chose est sûre : il
faudra plus que des discussions autour du tapis vert pour obliger le patronat à
payer.
Sylvie MARÉCHAL (Lutte ouvrière
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