Chlorpyrifos
: des ravages annoncés
On sait
les dégâts provoqués par le chlordécone, ce pesticide qui a été utilisé pendant
des dizaines d’années dans les bananeraies, notamment aux Antilles.
On sait
les ravages qu’il a entraînés chez les ouvriers de la banane, les cancers de la
prostate induits par ce poison qu’on a continué à épandre pendant près de vingt
ans après qu’à la fin des années 1970 les risques sanitaires avaient été
signalés. Le même scandale sanitaire criminel se profile avec le chlorpyrifos.
Le
chlorpyrifos appartient à une gamme de substances chimiques qui ont été
utilisées comme agents innervants pendant la Deuxième Guerre mondiale, puis
comme insecticides, certes à doses infiniment plus faibles. Depuis une
cinquantaine d’années, ce pesticide est utilisé en agriculture pour détruire
les pucerons et les chenilles.
À la
fin des années 1990, l’autorisation d’utilisation de ce pesticide aux
États-Unis et dans l’Union européenne a été renouvelée, après des études
réglementaires qui ont estimé le produit peu ou pas toxique. Ces études avaient
été conduites par Dow Chemical soi-même, la multinationale agrochimique qui
produit et commercialise le chlorpyrifos !
D’autres
études de suivi des populations, conduites pendant des années, ont montré que
l’exposition à ce pesticide avant la naissance ou dans les mois qui suivent est
associée à un retard de développement du cerveau des enfants, avec déficit du
développement mental et du QI. D’autres ont pu prouver des lésions cérébrales
précoces chez des enfants dont les mères vivaient à moins de deux kilomètres
des lieux de pulvérisation du pesticide. Toutes ces études conduites
indépendamment de Dow Chemical ont mis en évidence la toxicité du chlorpyriphos
pour le développement du système nerveux central des enfants, tant en raison
des traces du poison qui restent dans les fruits et les légumes que de sa
suspension dans l’air après les pulvérisations.
Huit
pays européens n’autorisent plus son utilisation. En France, l’interdiction
reste partielle puisqu’il reste une exception pour les épinards, dont les
graines peuvent toujours être enrobées par le pesticide. Comprenne qui
pourra ! Sinon que le poids financier des multinationales est tel que
leurs intérêts passent bien avant la santé des populations.