Gattaz :
en campagne pour la droite
À quelques jours du premier tour
des élections régionales, la droite et l’extrême droite s’arrachent le vote des
patrons. Dans une interview à la presse, Pierre Gattaz, président du Medef, a
donné un petit coup de pouce à ses candidats de droite préférés, en déclarant
que le programme économique du FN n’était pas « responsable », qu’il était
digne du « programme commun de la gauche de 1981 ».
Le
Front national a parlé en effet du retour de la retraite à 60 ans ou
d’augmentations de salaires. Il a ainsi fait comme tous les partis politiques
qui veulent les voix des couches populaires : des promesses qui n’engagent que
ceux qui y croient. Profitant du discrédit de la gauche et du désarroi d’un
grand nombre de travailleurs, le FN a réussi à attirer un électorat ouvrier. Il
n’empêche, la colonne vertébrale de son électorat est constituée de petits
patrons réactionnaires qui n’apprécient guère la démagogie envers l’électorat
populaire. Ils ne la tolèrent que parce qu’ils savent justement qu’il ne s’agit
que de démagogie.
C’est
pour tenter de toucher ceux-là que les politiciens de droite, et cette semaine
à leur rescousse Pierre Gattaz, dénoncent la politique économique du FN,
l’accusant même d’être « d’extrême gauche », un comble ! Visant l’électorat de
ces petits patrons réactionnaires, ils savent appuyer là où ça leur fait mal.
Cela a d’ailleurs poussé le FN à ne plus parler ni de retour de l’âge de la
retraite à 60 ans, ni d’augmentation des salaires et à tenir de plus en plus un
discours ouvertement propatronal. En Auvergne, la tête de liste FN, Christophe
Boudot, tout fier d’avoir déjeuné avec le président du groupe Michelin, a
immédiatement déclaré en sortant de son rendez-vous : « Le FN est l’ami de
l’entreprise ». En PACA, Thibault de La Tocnaye, élu du FN dans le Vaucluse
et lui-même chef d’entreprise, a vanté l’importante proportion de chefs
d’entreprises sur sa liste : « une quarantaine, sur près de 130 candidats »
a-t-il déclaré.
Que
Gattaz préfère Sarkozy, Fillon ou Juppé à Le Pen, cela importe peu. En réalité,
il saura très bien se satisfaire et des uns et des autres qui lui offriront
leurs services une fois élus. Le FN, lui, est comme la droite et le Parti
socialiste : quelle que soit la démagogie utilisée, il se mettra au service du
grand patronat.
Dans
l’arc-en-ciel des partis dont dispose la bourgeoisie, le FN occupe la place la
plus à droite. Cela en fait un ennemi des travailleurs, et parmi les pires.
Pierre ROYAN