Lors de sa conférence de presse du 13 novembre, Hollande a
officiellement enterré sa promesse -- c'était un des 60 points de son
programme -- de donner le droit de vote aux étrangers non européens aux
élections locales. Il a servi pour argument le fait qu'il ne possède pas la
majorité requise au Parlement pour modifier comme il le faudrait la Constitution.
Quelques jours plus tard, Najat Vallaud-Belkacem, la
porte-parole du gouvernement, s'est montrée moins définitive. À certains qui
insistaient et demandaient quand Hollande tiendrait sa promesse, elle a promis
que ce serait fait « avant la fin du quinquennat ». Sans doute entre-temps
avait-elle relu ses grands ancêtres et leurs classiques.
En effet, déjà en 1972, les signataires du Programme commun,
dont le PS, avaient promis l'égalité des droits pour les travailleurs immigrés.
En 1978, le PS en avait même fait un point de son programme. Plus tard, à la
veille de la présidentielle de 1981, Mitterrand avait promis qu'il accorderait
le droit de vote aux élections municipales pour les étrangers après cinq ans de
présence sur le territoire français. Une fois élu, la promesse avait été
abandonnée. L'argument alors utilisé était que « l'état des mœurs » ne le
permettait pas.
Puis Jospin remit cela en 2002, exigeant toutefois dix années de
présence au lieu de cinq pour avoir le droit de vote aux municipales. N'ayant
pas été élu, Jospin n'a pas eu l'occasion de se renier, du moins comme
président de la
République. Car quelques années plus tôt, quand il était
Premier ministre, en mai 2000, alors que l'Assemblée nationale à majorité de
gauche avait adopté une proposition de loi constitutionnelle en faveur du droit
de vote des étrangers aux élections locales, il se refusa à mettre la
proposition à l'ordre du jour du Sénat, sous prétexte qu'il y avait d'autres
priorités et que la droite y était majoritaire.
L'avantage des promesses électorales, c'est qu'elles peuvent
resservir à chaque élection.
Sophie Gargan