Hausse de la TVA, restrictions dans les services publics : c'était le
programme de Sarkozy, c'est aujourd'hui la politique de Hollande. « Au total,
nous faisons deux fois plus pour la compétitivité que Nicolas Sarkozy », s'est
vanté Ayrault ! De fait, Sarkozy avait prévu 10 milliards de cadeaux au
patronat, le gouvernement leur en offre 20 !
Ces 20 milliards seront pris dans la poche des classes populaires, avec entre
autres la hausse de la TVA. Pendant la campagne, Hollande avait promis de ne pas
l'augmenter. Il dénonçait la TVA Sarkozy comme la mesure la plus injuste qui
soit. Eh bien, il n'aura fallu que six mois au pouvoir pour qu'il se renie du
tout au tout !
À cela s'ajouteront 10 milliards de baisse des dépenses publiques. Combien de
lits seront encore fermés dans les hôpitaux ? Combien de communes manqueront
d'argent pour restaurer les écoles ou pour aider les familles à payer la cantine
? Combien de départements réduiront leurs aides sociales ? Combien de millions
en moins pour les travaux indispensables dans les transports collectifs ?
Ce sont des privations inacceptables, et tout cela pour quoi ? Pour que ces
messieurs les capitalistes continuent d'être arrosés d'argent public !
Le gouvernement prétend que le patronat devra investir et créer des emplois.
Mais alors, pourquoi n'a-t-il pas mis de conditions ? Le patronat profite de
170 milliards d'exonérations et d'aides par an. Quels emplois cela crée-t-il ?
Où sont les investissements ? À quoi ces milliards servent-ils, si ce n'est à
grossir la fortune de quelques-uns ?
Dire que cela va changer, par ces temps de crise, alors que le patronat ne
pense qu'à licencier et à fermer les entreprises, c'est se moquer du monde. Ces
milliards vont passer directement de la poche des pauvres à celle des
riches.
Face à cette attaque, les réactions des principales confédérations syndicales
ne sont pas à la hauteur. Si Thibault, pour la CGT, a dénoncé le fait que « le
patronat va avoir le beurre et l'argent du beurre », il n'exige pas pour autant
que le gouvernement retire son plan antiouvrier.
Pour la CFDT, Chérèque a salué des mesures en faveur de la compétitivité qui
allaient « dans le bon sens » et Mailly, de FO, s'est dit plutôt « satisfait »,
estimant même que la hausse de TVA restait « dans le domaine du raisonnable ».
Si l'on voulait livrer les travailleurs pieds et poings liés à la propagande et
aux attaques patronales, on ne s'y prendrait pas autrement !
Le patronat a un plan d'attaque. Après avoir obtenu l'équivalent de 6 % de
baisse des cotisations, il veut remettre en cause le temps de travail, baisser
les salaires selon les commandes et licencier plus librement. Son plan de
bataille est prêt et il avance. Où est celui des directions syndicales ? Comment
comptent-elles organiser la pression des travailleurs sur le gouvernement et le
patronat ?
Pour que les travailleurs retrouvent confiance dans leur force et le chemin
de la combativité, il faudrait que les dirigeants syndicaux montrent qu'ils
veulent se battre, qu'ils sont prêts à organiser la riposte. Une manifestation
ne peut suffire à inverser le rapport de forces avec le gouvernement et le
patronat. Seul un plan de mobilisation peut le faire, avec une succession
d'actions, de grèves, de manifestations, où les travailleurs peuvent en
entraîner d'autres à chaque étape et se retrouver plus nombreux. Il n'y a rien
de tel aujourd'hui.
Mercredi 14 novembre était une journée « contre l'austérité » organisée à
l'échelle européenne. Que les travailleurs d'Europe, confrontés aux mêmes
attaques, manifestent le même jour est une bonne chose. En ces temps où nombre
de politiciens proposent la fermeture des frontières et l'union nationale
derrière la bourgeoisie, il est nécessaire d'affirmer que les travailleurs ne
sont pas en concurrence mais qu'ils forment une seule et même classe, partageant
le même sort et le même combat.
Si en Grèce, en Espagne ou au Portugal cette journée, qui a été une journée
de grève générale, peut s'inscrire dans la montée en puissance de la
contestation, ce n'est pas le cas en France. De même que le 9 octobre, cette
journée est apparue comme une manifestation sans lendemain, ce qui n'encourage
pas à se mobiliser.
Il faut, quoi qu'il en soit, saisir toutes les occasions de manifester contre
l'augmentation de la TVA, contre les licenciements, contre ces « accords de
compétitivité » qui visent à baisser les salaires. Il faut montrer qu'il y a
parmi les travailleurs une fraction qui ne baisse pas les bras, qui veut se
battre, non contre « l'austérité » en général, mais contre celle qui nous est
imposée ici, concrètement, par le gouvernement socialiste.