vendredi 28 novembre 2014

Le Pen : ni hors ni contre le système mais bien dedans, un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine, en vente dans de nombreux kiosques, 1,20 euro



Le Pen : bien dans le système

Interrogée à plusieurs reprises à l'approche du congrès du Front national, Marine Le Pen ratisse large. Dans une interview parue dans le Journal du dimanche du 2 novembre, elle se déclare « d'accord sur l'essentiel » avec son père, en même temps qu'elle envoie des signaux en direction de l'électorat de l'extrême gauche, déclarant que celle-ci « fait souvent le bon constat mais ne va pas jusqu'au bout de sa logique ».
Citer Marx ne gêne pas Marine Le Pen : elle l'a fait dans un livre que l'on trouve sur son site Internet. Mais, si elle est prête à prendre la main du diable marxiste, c'est évidemment pour mieux lui tordre le cou. Le titre de son livre, loin du « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » de Marx, proclame tout l'opposé : Pour que vive la France.
Le Pen y montre du doigt, Marx à l'appui, le capital financier et l'existence d'une armée de réserve du capital que constituent les chômeurs. Mais, plus loin, elle se prononce pour organiser... la liberté d'entreprendre, dont le capital financier et le chômage sont les deux sous-produits. Et non seulement Le Pen, loin de s'opposer au capitalisme, est un fervent défenseur des grands bourgeois, mais elle est viscéralement hostile aux luttes des travailleurs contre la dictature du capital sur la société.
        Contre l'Union européenne et contre l'ultralibéralisme, l'extrême gauche est d'accord avec le Front national, prétend-elle, en ajoutant que seul son parti va jusqu'au bout, en se prononçant pour le rétablissement des frontières à l'intérieur de l'Union européenne et contre les immigrés ! En réalité, quand elle parle de l'extrême gauche, il s'agit de courants comme celui du PCF et de Mélenchon qui, en entonnant souvent des discours nationalistes et antieuropéens, prêtent le flanc à cette récupération par le Front national. Aux dernières élections européennes par exemple, Mélenchon a attribué la régression sociale à l'euro, à l'Union européenne, à l'Allemagne, à l'ouverture des frontières, à la mondialisation, ce qui revient à dédouaner les capitalistes dès lors qu'ils sont français. Entre les propos contre la mondialisation d'un Mélenchon et ceux du Front national contre le mondialisme et les travailleurs immigrés, le terrain est glissant.
Le mouvement ouvrier, qu'il s'agit de faire revivre, est à l'opposé de ces idées chauvines. Il doit miser sur les luttes de la classe ouvrière, par-delà les nationalités et les frontières, contre les capitalistes et les gouvernements qui les servent, qu'ils soient dirigés par Sarkozy, Hollande ou... par une Le Pen.
D'un point de vue politicien, Le Pen, contrairement au PS et à l'UMP, n'a rien à parier sur la dissolution de l'Assemblée. Elle est même prête à se faire admettre de plain-pied dans la gestion des affaires de la bourgeoisie, en tant que Premier ministre de Hollande. La candidate « anti-système » est en plein dedans.                                                            Jean Sanday


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jeudi 27 novembre 2014

Elections professionnelles chez les Territoriaux d'Argenteuil : ambiance-ambiance



Une délation ridicule type « années 1940 »

Les élections professionnelles vont avoir lieu le 4 décembre prochain parmi les personnels territoriaux de la Ville d’Argenteuil. Des listes de différentes organisations syndicales sont en lice.
         Ces élections devraient être un grand moment d’échanges sur ce qui doit unir tous les travailleurs aujourd’hui : la question de comment arrêter l’offensive patronale qui ronge nos revenus, l’emploi de tous, et les conditions de travail.
         L’existence de plusieurs organisations n’est pas en soi une bonne chose. C’est un fait, mais on peut rêver d’une organisation syndicale unique où la liberté d’expression et de tendance serait totale, ce qui permettrait l’expression de tous.
         Mais le fait suivant démontre s’il en était besoin que l’on en est loin.
         Parti d’une adresse mel de fantaisie, un message a été distribué à l’ensemble du personnel de la Ville disposant d’une boîte mel. Ce message croit mettre en cause le dirigeant de la CGT des personnels territoriaux de la Ville d’Argenteuil en indiquant qu’il a aussi des engagements politiques, en l’occurrence au PCF !
         La belle affaire. Les auteurs de ce message « policier » croient lui faire du tort en indiquant ce secret de polichinelle. C’est bien au contraire lui faire énormément d’honneur. L’engagement politique devrait être une généralité dans le monde du travail, même si le jeu de théâtre contre les travailleurs des politiciens n’y engage guère aujourd’hui.
         Ces méthodes sont inadmissibles. Elles voudraient servir le patronat qu’elles ne s’y prendraient pas autrement, même si l’on imagine mal que la direction de la Ville en arrive à de telles extrémités.
         Voilà ce que « l’on sait » depuis belle lurette.

Spie-Batignoles, agents immobiliers : venez à moi les collectivités locales



Mais pourquoi donc les collectivités locales font-elles souvent de mauvaises affaires ?

La presse locale est revenue sur la mauvaise affaire immobilière faite par le conseil général du département et qui coûtera la bagatelle de 2,1 millions d’euros partis en fumée aux contribuables. Un immeuble complètement amianté, de 1972, avait été acheté pour y installer à Cergy la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) alors qu’il fallait mettre tout aux normes justement pour ces personnes handicapées. Bref, acheté 3,2 millions d’euros, cinq ans sans utilisation, l’immeuble sera revendu 1,1 million d’euros.
         A Argenteuil, comme nous l’avons déjà évoqué, avec l’argent des contribuables, la Ville s’apprête à verser dans les années qui viennent 13,6 millions d’euros à Spie-Batignolles, le géant du BTP !
         Il y a donc des gens qui savent faire de bonnes affaires, car les millions qui circulent ne sont pas perdus pour tout le monde, et d’autres pas.
         Il est sûr que les capitalistes, la bourgeoisie, ont une longue tradition de bonnes pratiques en la matière.
         Mais la décision des élus, qui au bout du compte se réduit à celle du maire de la grande ville, du président d’un conseil général, pourquoi serait-elle bonne ?
         La décision devrait être partagée par tous, le sujet mis sur la place publique, l’ensemble de l’affaire contrôlée par la population.
         Cela s’est-il passé de cette façon lors de l’achat de cet immeuble de Cergy à l’époque de la majorité PS du conseil général ? Certes non.
         Cela s’est-il également passé de cette façon lors du contrat passé avec SPIE sous le premier mandat de G. Mothron ? Que non.
         Pourtant, mises sur la place publique, des réactions d’habitants spécialistes ou pas, n’auraient pas manqué pour dénoncer, mettre en garde...