Derrière la compétitivité, il n’y a pas l’emploi mais les profits
Avec la publication du rapport Gallois, le gouvernement a élevé la compétitivité au rang de grande cause nationale : « Derrière la compétitivité, il y a l’emploi, c’est-à-dire l’avenir », a dit Hollande. Comme d’habitude, le gouvernement s’apprête à faire des cadeaux au patronat au nom de l’emploi.
Car si le gouvernement remplace « le choc de compétitivité » de Gallois, par « un pacte »,
il ne fait plus de doute que le grand patronat va être servi, et bien
servi. Le gouvernement supprimera-t-il 10, 20, 30 milliards de
cotisations patronales ? Avec quels impôts compensera-t-il le manque à
gagner ? On le saura bientôt. Mais il est sûr que les travailleurs
paieront ce qui sera cédé au patronat.
Et les cadeaux au patronat ne se limiteront pas à cela. Le
gouvernement veut aussi l’aider à moderniser ses installations et à
investir, car paraît-il, la France est en retard en matière de
robotisation et d’innovations.
Le gouvernement va donc continuer de déverser des milliards sur les
entreprises. Mais les milliards iront sur les comptes en banque des
actionnaires et dans la spéculation parce que, dans cette période de
crise, les patrons préfèrent spéculer qu’investir dans la production.
Quant aux licenciements et aux fermetures d’usines, qui plongent chaque
semaine des milliers de travailleurs dans le chômage, ils se
poursuivront. Sous couvert de grande cause nationale, les mesures de
compétitivité serviront la cause patronale !
Pour le patronat, la compétitivité est une obsession. Et comment
peut-il en être autrement, quand le système capitaliste est basé sur la
concurrence ? C’est à qui prendra les parts de marché de ses
concurrents. Le patronat est engagé dans une guerre économique
permanente, de plus en plus féroce du fait de la crise, mais ce sont les
travailleurs qui en sont les victimes.
C’est sur le dos des travailleurs que tous les patrons, les petits
comme les gros, compensent leurs mauvaises affaires. À la moindre baisse
des commandes, les intérimaires ou les CDD sont renvoyés. Les autres
travailleurs sont mis sous pression pour qu’ils en fassent toujours
plus. Et quand cela ne suffit pas au patron pour « être compétitif », il
taille dans le vif en licenciant ou en fermant une usine. Les
capitalistes assurent leur compétitivité avec la peau des travailleurs.
Un capitaliste ne fait pas le poids dans la concurrence ? C’est
forcément la faute aux travailleurs ! C’est que les salaires sont trop
élevés, c’est qu’il y a trop de cotisations sociales, c’est à cause des
35 heures, du manque de flexibilité ! Le patronat sait bien que le coût
du travail en France est équivalent à celui de l’Allemagne et que les
salariés travaillent en moyenne 39,5 heures comme dans bien d’autres
pays, mais il ne recule devant aucun mensonge pour faire son chantage.
Un chantage servi aux travailleurs du monde entier, même aux ouvriers
chinois auxquels on explique que les Vietnamiens sont plus compétitifs !
Tenir dans la concurrence nécessite d’abaisser les prix ? Qu’ils le
fassent donc mais pas au détriment des travailleurs ! Le patronat
réclame 30 à 40 milliards d’euros de baisse des cotisations, mais les
seuls patrons du CAC 40 ont versé, en 2011, 39 milliards aux
actionnaires. Il y a là de quoi rendre les prix concurrentiels. Mais la
bourgeoisie ne le fera pas car, sous prétexte de compétitivité, elle
veut imposer ses intérêts de classe, augmenter les profits du capital en
démolissant les revenus des travailleurs. Et le gouvernement, qui
s’amuse à faire croire à un « pacte de compétitivité », fait son jeu.
Louis Gallois a déclaré : « Nous avons besoin d’une véritable mobilisation et, je ne crains pas de le dire, d’un véritable patriotisme ».
Aujourd’hui, patronat et gouvernement demandent du patriotisme dans
leur guerre commerciale mais qui sait si, demain, ils n’en demanderont
pas dans la guerre tout court. Ils l’ont fait pour les guerres
coloniales et pour les deux guerres mondiales où des millions de
travailleurs ont servi de chair à canon pour les intérêts de la
bourgeoisie.
« On croit se battre pour la patrie, on meurt pour les industriels »,
a dit Anatole France, après la Première Guerre mondiale. Eh bien, les
travailleurs n’ont pas à accepter cela dans la guerre commerciale
d’aujourd’hui et encore moins en version plus grave, demain !
Les travailleurs n’ont pas à marcher dans cette union sacrée. Ils ont
leur propre combat à mener pour défendre leurs emplois, leurs salaires
et leurs conditions de vie. Et au-delà de ce combat immédiat, les
travailleurs doivent affirmer leur rejet de cette économie basée sur la
concurrence et la compétition qui conduit à l’anarchie, à la violence et
aux guerres.