Démonstration
sécuritaire
Pour
que la droite ne puisse pas l’accuser de faiblesse face au mouvement des gilets
jaunes, le gouvernement a encore une fois haussé le ton. Mais au fond, cela ne
fait que souligner son impuissance.
Le
préfet de police de Paris ? Limogé pour ne pas avoir assuré le calme. Il
fallait un coupable : ce haut fonctionnaire promu fusible a sauté.
Philippe a aussi annoncé une interdiction des manifestations de gilets jaunes à
Paris, Bordeaux et Toulouse, du moins dans les quartiers chics. Partout
ailleurs, chaque préfet pourra – mais la possibilité en existe déjà – faire de
même au prétexte de la « présence d’ultras » ; toute personne
allant à un rassemblement interdit encourra une amende portée à 135 euros.
Les
forces de police auront, selon Philippe, plus d’autonomie et d’initiative, donc
de latitude pour attaquer des manifestants. Elles auront aussi des moyens
nouveaux : drones, additifs chimiques destinés à marquer les manifestants
durant des semaines.
« Nous
traquerons tous ceux qui appellent à la haine, à l’émeute et à la casse », a dit Castaner, par un usage accru de l’article 40
qui le permet, même si le gouvernement en a déjà usé 43 fois depuis le début du
mouvement.
La
matraque, les tirs de LBD, les grenades ont déjà plus que servi. Quant à la
prétendue retenue des gendarmes mobiles, CRS, unités anticasseurs, la liste de
ceux qu’ils ont blessés et les vidéos de leur violence sont là pour la
rappeler. Mais le gouvernement Macron-Philippe veut se montrer prêt à en user
encore plus.
Certains
à droite, tout en accusant le gouvernement de manquer de détermination, font
remarquer que, même sans la loi dite anticasseurs que Macron est allé chercher
chez les Républicains, il disposait déjà de tout l’attirail policier et
judiciaire répressif qu’il souhaitait.
Macron
et Philippe voudraient d’abord frapper… l’opinion par leur posture sécuritaire,
en espérant que l’intimidation fera cesser ce mouvement dont ils n’arrivent pas
à se dépêtrer. Y parvenir, c’est une autre affaire. Car les protestations des
gilets jaunes, et de bien d’autres, ont des racines sociales que toutes les
menaces ne feront pas disparaître.
P.L. (Lutte ouvrière n°2642)