Le 1er
Mai, manifestons pour nos retraites, nos salaires, et l'unité des travailleurs
contre le nationalisme et la xénophobie !
24/04/2023
Alors que le combat contre la
retraite à 64 ans n’est pas terminé, le gouvernement allume un contre-feu sur
l’immigration, pour diviser le monde du travail. Mayotte, le 101e département
français, située dans l’océan Indien, est au cœur de cette campagne anti-immigrés.
Darmanin vient d’y lancer
l’opération de police Wuambushu, qui se veut spectaculaire. Il a déployé 1800
policiers et gendarmes, des CRS, des membres du Raid et du GIGN, des magistrats
et installé un centre de rétention provisoire. L’objectif est de démanteler les
bidonvilles habités par les immigrés en situation irrégulière et d’en expulser
10 000, essentiellement vers les Comores.
Autrement dit, à Mayotte, la
chasse aux pauvres est ouverte ! Darmanin peut raconter ce qu’il veut,
parler de délinquants et inventer de potentiels terroristes islamistes, il a
ordonné la démolition de ce qui est le seul refuge pour des milliers de
familles pauvres, comoriennes comme mahoraises. Ce sont des pauvres, avec ou
sans papiers, qu’il va faire arrêter et peut-être expulser. Ce sont des
familles pauvres qu’il va séparer et déchirer.
À Mayotte, les hôpitaux, les
écoles et toutes les infrastructures sont sous-dimensionnées pour une
population croissante qui vit à plus de 70 % sous le seuil de pauvreté.
Une partie de la jeunesse est la proie de bandes armées violentes vivant du
racket et du vol. Mais le responsable de cette situation invivable, et d’abord
pour les pauvres de Mayotte, toutes origines confondues, est l’État français
qui ne met pas les moyens pour juguler cette pauvreté.
Comme de bien entendu, la droite
et l’extrême droite accusent l’immigration venue des Comores. Il n’y a rien de
plus écœurant ! C’est la France qui a colonisé les Comores. Puis, au
moment de leur indépendance, elle a détaché Mayotte de l’archipel avec un
référendum arrangé. Il y a 50 ans, les habitants des autres îles des Comores
ont donc été transformés en étrangers, et la France, avec sa métropole à 8000
km, a gardé le pouvoir à Mayotte.
Cette fois, les défenseurs de la
« nation française » ne peuvent pas utiliser des différences de
couleur de peau, de religion ou de culture pour dresser les Français de Mayotte
contre les immigrés : ils font partie du même peuple ! Alors, cette
opération n’est rien d’autre qu’une campagne infecte orchestrée par un
gouvernement en mal de démagogie nationaliste et raciste.
La politique de la France aux
Comores est à l’image de la politique impérialiste qu’elle a imposée à toutes
ses ex-colonies en Afrique et au Maghreb.
Sur tous les continents, pour
piller des régions entières et exploiter leur main-d’œuvre, les grandes
puissances ont découpé les États dans la chair des peuples. Elles ont ainsi
concentré les richesses et le progrès humain entre les mains de la bourgeoisie
impérialiste et plongé le reste du monde dans un océan de misère et dans des
conflits incessants entre les peuples. Ce sont ces fauteurs de misère et de
guerres qu’il faut empêcher de nuire !
Nos dirigeants et nos exploiteurs
nous mettent en concurrence entre travailleurs, entre femmes et hommes, entre
nationaux et immigrés. Ils voudraient nous voir nous déchirer pour les miettes
qu’ils nous laissent. Ne les laissons pas nous diviser pour mieux écraser nos
sœurs et nos frères d’exploitation ! Beaucoup de travailleurs ont besoin
de circuler pour gagner leur pain, eh bien, cette revendication doit être celle
de tous !
Il faut répondre à la lutte de
classe menée par le grand patronat avec la conscience que nous faisons partie
d’une seule et même classe ouvrière internationale. Le 1er Mai incarne cette
perspective car il a été choisi par les travailleurs des différents pays pour
être une journée de luttes communes.
C’est aussi, cette année, la date
que les organisations syndicales ont choisie pour continuer d’exprimer notre
opposition à la retraite à 64 ans. À nous de faire que le 1er Mai 2023 sorte de
l’ordinaire, avec des cortèges plus massifs que d’habitude ! Soyons
nombreux, aussi, à affirmer que les travailleurs n'ont pas de patrie et qu'ils
constituent par-delà les frontières une même classe sociale.
Avant nous, dans tous les pays,
des générations de travailleurs ont fait grève et ont, bien souvent, été en
butte à la répression, le 1er Mai. Ils se sont battus pour les revendications
ouvrières mais aussi contre le capitalisme, sa mise en concurrence des peuples,
ses ravages sur la planète, son nationalisme, ses guerres.
Ils affirmaient que les
travailleurs ont intérêt à en finir avec l’exploitation et l’oppression des
pays pauvres par les pays riches et qu’ils en ont la force. Ils affirmaient la
nécessité de la révolution sociale à l’échelle internationale. Montrons que
cette perspective est toujours vivante !
Nathalie Arthaud