Chaussée
endommagée : l’incurie de l’État
Publié le
24/04/2024
La
découverte d’une importante fissure sur la chaussée a entraîné vendredi
19 avril la fermeture de l’autoroute A13 qui relie Paris à Rouen.
Des
milliers d’automobilistes ont été englués dans d’interminables embouteillages
alors qu’ils partaient en week-end ou revenaient du travail.
Cette
fissure profonde de 80 cm est due à la cassure d’une canalisation passant
quatre mètres sous la chaussée, elle-même causée par le déplacement d’un mur de
soutènement. Cet incident est révélateur d’un état des routes qui s’aggrave
depuis des années, faute de surveillance et d’entretien. Cela est vrai du
réseau autoroutier, y compris des portions gérées par l’État comme le secteur
où s’est déclarée la fissure, mais aussi des 380 000 km administrés par
les départements et des 700 000 km qui sont à la charge des communes.
Depuis les lois de décentralisation de 1978, l’État s’est en effet déchargé sur
ces collectivités locales de l’entretien de l’essentiel du réseau routier sans
pour autant leur en donner les moyens. Nids de poules, déformations de
chaussées ou fissures sont donc la règle, agrémentés ou non de panneaux du
genre « trous en formation ». Cette dégradation continue est une cause majeure
d’accidents.
Mais,
qu’il s’agisse de son propre domaine ou du réseau des collectivités locales,
c’est bien l’État qui est chargé « de la cohérence et de l’efficacité de
l’ensemble du réseau routier », comme le rappelait un rapport de la Cour
des comptes publié en 2022. Ce même rapport soulignait le fait que, en vingt
ans « les effectifs du réseau scientifique et technique de l’État, chargé de
l’expertise et de la recherche en aménagement et développement durable, ont été
divisés par deux ». Fait significatif de l’insouciance de l’État en la
matière, après l’effondrement du viaduc de Gênes, en Italie, en août 2018, un
rapport sur les ponts avait été commandé à la hâte. Les services de l’État
s’étaient alors déclarés incapables d’en estimer vraiment le nombre.
Il en va
des routes comme des hôpitaux ou des écoles. Les sommes qui auraient pu servir
à leur entretien prennent une déviation qui mène vers les trusts capitalistes.
Daniel Mescla (Lutte ouvrière
n°2908)