Merci, merci, merci Pascale
Pour nous qui militons pour
l’union des travailleurs qui, avec leur conscience, représentent une force
immense, la seule capable de changer la société, nous ne pouvons qu’être
désolés lorsque des travailleurs s’opposent et se déchirent. Certes, cette
division est partout, mais elle est toujours catastrophique
Parmi
les fléaux qui les divisent, il y a les rapports de force que certains veulent
imposer, les pressions qui se transforment en harcèlement, et le machisme de notre
société.
Il
y avait au lycée Georges Braque d’Argenteuil une excellente responsable du
service de la restauration qui avait le sens du goût, de la jeunesse, de
l’éducation, du collectif. Tout allait bien puisque non seulement il n’y avait strictement
rien à lui reprocher mais elle a bénéficié durant plus de deux décennies de la
reconnaissance de son travail exceptionnel. Et puis, il y a trois ans, une
situation inextricable d’oppression et de démoralisation s’est installée avec
l’arrivée d’un responsable d’une autre activité, où au-delà de rapports
interpersonnels difficiles, une situation intenable s’est installée, alors que
le harcèlement et le combat pour l’égalité des femmes sont deux grandes causes mises
en avant par le gouvernement, l’Éducation nationale, et la Région Ile de France.
À d’autres !
La
Région Ile de France a tranché en renvoyant pratiquement dos à dos les deux
protagonistes de cette lamentable situation et en les obligeant à muter tous
les deux à compter du 1er janvier prochain. De nombreux enseignants
se sont alors mobilisés et ont fait grève. Sollicité comme vieux militant syndical
resté très lié à ce lycée, j’ai tenté de faire de mon côté ce que j’ai pu. L’ex-adjointe
de Blanquer, ancienne enseignante du lycée, certes m’a contacté lorsque j’ai
tenté de le faire, mais a botté en touche alors qu’elle avait sans doute les
moyens de remettre les pendules à l’heure. Deux conseillers régionaux de
« gauche » de la Région Ile de France responsable des agents des
lycées, liés à Argenteuil, l’un, le député d’Argenteuil-Bezons, l’autre la
responsable du PCF (d’autres militants de
ce parti ont pris position pour Pascale), sollicités se sont dérobés…
Je
les ai contactés, je leur ai décrit la situation. La seconde devait joindre le
premier et me rappeler. Le député devait aussi me rappeler. Ils devaient
s’entretenir avec les syndicats de la Région. Ils ne m’ont jamais rappelé, ni
l’un ni l’autre, alors qu’ils devaient le faire.
Mais
un ignoble bruit de « racisme » à l’encontre de Pascale Frey a couru,
apparemment venant du syndicat CGT de la Région. La conseillère régionale PCF
n’a pas pris la peine de m’en parler en direct. C’est un de ses proches qu’il
l’a fait, avec l’argument fielleux « …après
m’être renseigné auprès d’élèves et quelques personnes travaillant là-bas… ».
Ah bon ? Oui, ignoble.
Alors
un deal entre la Région et une ou des organisations syndicales ? On ne
sait pas. Mais à ce propos autant je suis fier d’appartenir à la CGT, autant
jamais je n’accepterai de transiger avec le harcèlement et le rapport de force
des hommes à l’encontre des femmes, qui est paraît-il au cœur de l’action de la
nouvelle secrétaire générale de notre syndicat, Sophie Binet.
Notre cuisinière passionnée ne sera
donc plus là à la rentrée de janvier dans ce lycée où elle a œuvré longtemps,
sans ménager sa peine, au bénéfice de tous et de générations de lycéens. Ce fut
pendant des années, un « produit d’appel » dans ce lycée populaire.
Pascale va maintenant tourner une
lourde page. Mais elle est accueillie à bras ouvert dans un lycée où un nouveau
challenge l’attend. Elle va retrouver la sérénité dans un établissement où elle
fera des merveilles.
Pour ce qui est de la Région Ile de
France, la direction de la Région, ces élus, ils auront réussi à gâcher un
extraordinaire engagement dans un lycée populaire au service de l’Éducation, et
au sein de milieux populaires qui ont plus que jamais besoin de tels
engagements.
Dominique
Mariette, ancien enseignant du lycée Georges Braque, 2000-2012.