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mardi 23 mai 2023

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 22 mai 2023

À Mayotte comme ici, à bas la guerre faite aux migrants !

 


22 mai 2023

À Mayotte, l’opération Wuambushu a repris. La police et les gendarmes détruisent des bidonvilles et expulsent des Comoriens. Les autorités prétendent démanteler des bandes criminelles mais en réalité, c’est une chasse aux pauvres qui est menée. Les familles de Mayotte et des autres îles des Comores sont entremêlées : il y a 50 ans, Mayotte a été séparée par le colonialisme français du reste de l’archipel. La France avait dominé ces îles pendant 130 ans et a voulu garder un confetti d’empire dans la région. Aujourd'hui, les Comores sont ravagées par la pauvreté, et de nombreux habitants cherchent à gagner Mayotte, au péril de leur vie. Et c’est à eux que la France, un des pays les plus riches au monde, refuse l’accès aux soins, aux écoles et à une vie un peu moins dure.

Les 1 800 gendarmes et CRS envoyés par Darmanin n’éclairent pas les quartiers de Mayotte où l’électricité est intermittente, ne construisent pas les écoles qui font défaut et ne soignent pas les malades dans les centres de santé sous-dimensionnés. La mise en scène de Wuambushu vise à dédouaner l’État français et à embrigader la partie de la population la moins pauvre derrière les forces de répression. L’objectif de cette révoltante opération, amplifiée par des politiciens locaux prêts à appeler au meurtre ou à organiser le blocage de l’hôpital, est de faire croire que les responsables des problèmes des Mahorais sont d’autres pauvres.

Dans l’Hexagone, les choses ne sont pas très différentes. À Vintimille, la police française refoule les migrants qui arrivent d’Afrique du Nord par l’Italie. À Calais et dans sa région, dès que des migrants se regroupent, ils sont brutalement dispersés et leurs tentes sont détruites. Les opérations quotidiennes de la police ne les empêchent pas d’affluer vers le littoral, ni de tenter de franchir la Manche sur des embarcations de fortune, comme un nombre croissant d’entre eux le font. Mais elles rendent leur vie impossible et les obligent à prendre tous les risques.

Contre celles et ceux qui fuient les guerres et la misère, toute l’Europe mobilise des forces armées, dresse des barbelés, voire construit des murs d’acier. En Grèce, la police renvoie des migrants sur un canot pneumatique et les abandonne en pleine mer. Le Danemark et le Royaume-Uni veulent les déporter au Rwanda. En Turquie, la campagne pour l’expulsion des Syriens bat son plein. Partout, les migrants sont montrés du doigt, refoulés et pourchassés.

Avec la crise économique, des politiciens comme Le Pen, Bardella ou Zemmour font leur fonds de commerce du repli sur soi et de l’hostilité aux étrangers. Les Républicains réclament un durcissement de la politique migratoire. Et le ministre de l’Intérieur Darmanin multiplie les coups de menton. Le gouvernement, toujours serviable vis-à-vis des capitalistes, mène une guerre sans merci aux damnés de la terre.

Le maire démissionnaire de Saint-Brévin-les-Pins en a fait l’amère expérience. Après avoir accueilli un centre de réfugiés, il a été harcelé par l’extrême droite, qui l’a menacé de mort et a incendié sa maison. Comme il l’a expliqué au Sénat, il n’a obtenu aucun soutien ni protection. La leçon mérite d’être retenue : contre les nervis d’extrême droite, nul ne peut compter sur la protection de l’État, bien au contraire. De nombreux migrants, qui ne sont pas auditionnés au Sénat, eux, en font l’expérience quotidienne.

En montrant du doigt les étrangers, Le Pen et Darmanin cherchent à dresser des pauvres contre d’autres pauvres, comme ils tentent d’opposer des travailleurs à d’autres travailleurs. Macron et ses ministres accusent les demandeurs d’emploi de ne pas faire assez d’efforts, et les bénéficiaires du RSA de profiter de leur allocation. Pour assurer sa domination, la grande bourgeoisie a toujours cherché à diviser les ouvriers pour mieux régner.

Mais les ennemis des travailleurs ne sont pas d’autres travailleurs, quelle que soient leur origine, leur nationalité ou la couleur de leur peau. Leurs ennemis sont cette minorité capitaliste qui s’enrichit sur leur dos par l’exploitation, augmente les prix et bloque les salaires ; c’est le gouvernement qui la sert, prêt à maintenir au travail deux années supplémentaires des ouvriers qui y ont usé leur santé.

Alors, à la lutte contre les migrants, opposons la lutte des travailleurs contre leurs seuls ennemis de classe, et pour leurs véritables intérêts.

                                                                                   Nathalie Arthaud

 

Les prochaines permanences prévues.

-demain mercredi 24 mai, de 11 h.30 à midi au marché des Champioux.

 

 

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           -au Val d’Argenteuil-nord, bureau de tabac du Val-Nord (le journal seulement) et à la librairie « Le presse papier », avenue Gabriel Péri (On y trouve aussi la LDC) 

 

samedi 20 mai 2023

Mayotte : misère et guerre entre pauvres. Témoignage

Nos lecteurs écrivent Misère et guerre entre pauvres à Mayotte

16 Mai 2023

L’opération Wuambushu, à Mayotte, entame sa quatrième semaine. Chez tous les sans-papiers de l’île, la peur règne. Le marché populaire du dimanche à Mamoudzou a disparu, car les vendeurs craignent de se faire arrêter. « On ne va pas se jeter dans la gueule du loup », comme dit l’un d’eux, mais en se demandant aussi comment il va pouvoir survivre sans son gagne-pain.

Au lycée où je travaille, les cours ont repris après les vacances de printemps, mais avec seulement la moitié des élèves. Les autres soit ont été arrêtés, soit se cachent pour tenter d’échapper aux contrôles. Ceux qui viennent racontent les grenades lacrymogènes lancées dans leur maison, la fuite dans la campagne autour pour éviter d’être asphyxié, les flics qui les arrêtent et leur demandent de dénoncer leurs parents. Et, dans ce contexte, la hiérarchie nous demande de faire passer les examens blancs, comme si de rien n’était, en bons petits soldats de l’appareil d’État.

En dehors de l’école, la situation se dégrade encore. Des collectifs citoyens, galvanisés par la députée ­Estelle Youssouffa, bloquent l’entrée des dispensaires et de l’hôpital pour protester contre la suspension des expulsions. Les plus pauvres, de toutes les nationalités, se retrouvent donc privés de soins. L’entrée de la préfecture est elle aussi bloquée par ces collectifs, pour empêcher les sans-papiers qui ont rendez-vous d’aller effectuer leurs démarches. Tout cela se passe avec le soutien tacite de la police et de la préfecture, qui se gardent bien d’intervenir. La guerre entre pauvres, qui dédouane complètement l’État français de toute responsabilité vis-à-vis de la misère qui règne sur l’île, voilà qui convient parfaitement à ces garants de l’ordre bourgeois.

                                  Un enseignant de Mayotte (Lutte ouvrière n°2859)

Honte et malédiction : un tweet de Nathalie ARTHAUD daté de jeudi 18 mai

 

Les prochaines permanences prévues.

-aujourd’hui samedi 20 mai, de 10 h. à 10 h.30, marché des Coteaux ;

-de 11 h. à midi au marché de la Colonie ;

-de 11 h. à midi, centre commercial Joliot-Curie ;

-dimanche 21 mai, de 10 h.15 à 10 h.55 devant l’Intermarché du Centre,

-et de 11 h. à midi, marché Héloïse ;

-lundi 22 mai, de 18 h. à 19 h. au centre commercial des Raguenets ;

-mercredi 24 mai, de 11 h.30 à midi au marché des Champioux.

 

 

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           -au Val d’Argenteuil-nord, bureau de tabac du Val-Nord (le journal seulement) et à la librairie « Le presse papier », avenue Gabriel Péri (On y trouve aussi la LDC) 

 

jeudi 11 mai 2023

Mayotte, Comores : les États contre les classes populaires

 

Jeux politiques sordides

 

 

Macron a reçu discrètement à Paris le président comorien, Azali Assoumani. Les deux délégations ont publié un communiqué affirmant leur « volonté de lutter contre les trafics et contre les passeurs », en réalité contre la partie la plus pauvre de la population de Mayotte. L'opération Wuambushu peut donc continuer.

         Le président comorien n'a rien contre les expulsions. Il est juste gêné par le caractère spectaculaire et démonstratif qu'ont voulu leur donner Macron et Darmanin. Ce qui le met en porte-à-faux face à la population comorienne, un an avant une élection présidentielle.

         Ce n'est pas du côté des autorités comoriennes que les Mahorais pauvres et les Comoriens sans papiers, dont les habitations sont menacées de destruction, peuvent espérer protection contre les exactions de l'État français.