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jeudi 10 décembre 2015

Société capitaliste en crise et montée du Front national. Quelle issue pour la société. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine à paraître



La montée du Front national : expression de la société capitaliste en crise

Plus que ses résultats en pourcentage, c’est la progression du nombre de votants pour le FN qui est importante. De 2 223 808 aux élections régionales en 2010, le nombre de votants pour le FN était passé à 4 672 932 aux européennes de 2014. Aux régionales du 6 décembre, ce nombre a atteint 6 004 482.
         C’est l’augmentation continue depuis plusieurs années du nombre d’électeurs qui pèse sur la vie sociale et politique avant même que l’on sache si le FN parviendra, ou pas, à conquérir l’exécutif d’une ou plusieurs régions.
         Cette croissance combine deux évolutions de nature différente. Elle résulte de la recomposition de l’électorat de droite, en gros la petite bourgeoisie, nombreuse dans ce pays, des commerçants, petits patrons, artisans, possédants en tout genre et cadres plus ou moins haut placés dans les entreprises. Des électeurs qui votaient auparavant pour les grands partis de droite, déçus du passage au pouvoir de ces partis, dégoûtés par les guerres de chefs, se sont, dans ces élections, massivement tournés vers le FN.
         Il y a depuis longtemps un système de vases communicants entre l’électorat de droite et celui d’extrême droite. Sarkozy se vantait, en 2007, d’avoir réussi à « siphonner » l’électorat d’extrême droite pour se faire élire. Depuis plusieurs élections, c’est le FN qui « siphonne » l’électorat de l’ex-UMP, Les Républicains.
         Cela montre qu’il n’y a pas une muraille de Chine entre la droite et la droite extrême, ni pour ce qui est des chefs, ni pour ce qui est de l’électorat. D’autant plus lamentables sont les déclarations des dirigeants du PS qui ont choisi le soir même de leur débâcle du premier tour de se retirer devant les listes de droite en les présentant, toute honte bue, comme des remparts contre le FN…
         Cette évolution de l’électorat de droite vers l’extrême droite est un des aspects de l’évolution réactionnaire de la société. Ce n’est pas le plus important.
         Plus pesante est pour l’avenir cette autre évolution qui fait qu’une partie de l’électorat ouvrier, après avoir été déçue, trahie par les grands partis réformistes pour lesquels elle avait l’habitude de voter, s’est tournée vers le FN.

L’écœurement de l’électorat ouvrier

         Bien sûr, l’écœurement de l’électorat ouvrier à l’égard des partis qui prétendaient le représenter dans le passé s’est manifesté, dans ces élections régionales comme dans les précédentes, bien plus par l’abstention que par le vote FN.
         Dans les quartiers ouvriers, le vote pour le FN côtoie une abstention importante. Derrière la stabilité du taux d’abstention global se cachent des différences importantes. De 47,70 % à Neuilly, ce taux est de 71,71 % à Aubervilliers, 72,89 % à Bobigny, 75 % à Vaulx-en-Velin ! Et ces taux ne tiennent pas compte de ceux qui ne sont même plus inscrits sur les listes électorales, sans parler de ceux, nombreux parmi les travailleurs, qui n’ont pas le droit de vote.
         Mais la politique, comme la nature, a horreur du vide. En l’absence d’une force capable de porter la perspective politique propre à la classe ouvrière et en l’absence de conscience de classe, le FN apparaît comme porteur d’espoir, en vertu de l’illusion que comme « on ne l’a jamais essayé », il ne peut pas être pire que les autres.
         Ceux qui expliquent le succès du FN par des raisons circonstancielles comme les attentats ou la « crise des migrants » se trompent. Ces événements ont joué un rôle de catalyseur. Mais l’accroissement de l’influence électorale du FN est continu depuis longtemps. Faut-il rappeler qu’en 2002, cet électorat avait propulsé Le Pen père au deuxième tour, en éliminant au premier tour Jospin, le Premier ministre socialiste d’alors ? À l’époque déjà, toutes les bonnes âmes de « gauche » justifiaient leur soutien à l’homme de droite Chirac en affirmant que ce vote « républicain » ferait barrage au Front national… On a vu ce qu’il en était dix ans après, à la présidentielle de 2012, où plus de 6 millions d’électeurs s’étaient prononcés pour Marine Le Pen, 1,6 million de plus que pour son père !
         En remplaçant au fil du temps le drapeau rouge de la classe ouvrière par le drapeau tricolore souillé de la bourgeoisie, l’Internationale par la Marseillaise, en prônant l’identité des intérêts des travailleurs avec ceux de leur bourgeoisie nationale à la place de l’identité des intérêts des prolétaires de tous les pays, en banalisant parmi les travailleurs quelques-unes des idées les plus crasses de la société bourgeoise, du chauvinisme jusqu’au racisme, les partis réformistes, PC en tête, ont une responsabilité écrasante dans le fait de brouiller les références de la classe ouvrière et de miner sa conscience de classe. Les périodes de gouvernement du PS avec la participation du PC, sous Mitterrand puis derrière Jospin, ont fait le reste. Cette servilité à l’égard du grand patronat, c’était donc cela, la politique socialiste, adoubée par un parti qui se disait communiste ?
         Le FN n’a pas seulement tiré profit de l’écœurement provoqué dans la classe ouvrière par la politique de la gauche au pouvoir, il n’a eu qu’à reprendre à son compte et pousser à l’extrême quelques-unes des idées réactionnaires réintroduites dans la classe ouvrière par les partis réformistes, PC en tête.
         Et la crise de l’économie capitaliste, l’explosion du chômage, le désespoir des masses populaires, ont offert le terreau sur lequel la collection de préjugés du Front national, le néant de ses idées, ont pu se transformer en espoir de changement aux yeux d’une fraction des classes populaires.
L’expression d’une crise profonde

         La croissance de l’influence du FN parmi les travailleurs, conséquence du recul de la conscience de classe, en est devenue un facteur aggravant. Sa montée électorale aux régionales est incontestablement une des manifestations de la désorientation de l’électorat populaire et de la perte de repères de la classe ouvrière.
         Mais, bien au-delà, elle exprime la crise profonde de la société capitaliste. Une crise économique, sociale et politique qui se reflète dans le chômage de masse, dans le parasitisme sans précédent de la finance, dans la décomposition avancée de la société, dans les politiques guerrières, dans le terrorisme. Aussi variées que soient ces expressions, elles ont toutes les mêmes racines et elles s’alimentent mutuellement.
         Le parlementarisme bourgeois, avec ses partis qui se relaient au pouvoir pour défendre par des moyens dits civilisés la domination de la bourgeoisie, ne fonctionne – et, encore, seulement dans quelques dizaines de pays impérialistes riches – que dans des périodes où l’économie, basée sur l’exploitation, roule tant bien que mal.
         Ce n’est plus le cas. La crise de confiance de l’électorat dans les partis traditionnels et, partant, dans le système de l’alternance parlementaire lui-même se généralise en Europe. La montée du FN ne consacre pas seulement l’enterrement du bipartisme au profit du tripartisme. Ce n’est, en fait, qu’une ultime tentative de remplacer l’alternance gauche-droite par une alternance FN-partis traditionnels.
         Mais cette nouvelle illusion dont la société bourgeoise voudrait gaver l’électorat populaire ne pourra pas durer. Le FN ne peut évidemment guérir aucun des maux de l’ordre capitaliste qu’il sert, comme les autres partis. Il ne peut que les aggraver. Sa percée électorale est le dernier avatar du parlementarisme bourgeois. Il est le signe que celui-ci, basé sur le mensonge en haut et la crédulité en bas, est moribond.
Un système capitaliste sans avenir

         En guise de vie politique, le système capitaliste n’a rien d’autre à proposer dans un pays comme la France, qui fait partie des puissances impérialistes les plus riches de la planète avec son passé et sa civilisation, qu’une formation politique qui trouve toutes ses idées dans les poubelles de l’histoire : racisme, misogynie, repliement dans un communautarisme identitaire, haine des autres, étouffement des libertés démocratiques.
         Prétendre opposer à cette crise de dérisoires combinaisons politiques, des lamentations ou des coups de menton de la part de chefs de partis qui ont perdu tout crédit mais qui prétendent quand même incarner la résistance au Front national, est stupide. Tous ces gens-là, en tout cas l’armada de leurs seconds couteaux, se coucheront devant le FN s’il continue à progresser et finit par s’approcher du pouvoir. Ils le font déjà dans le domaine des idées et dans leur langage.
         Alors, il faut rejeter leur jeu, pas seulement à cause de leurs responsabilités dans la situation présente, mais surtout en raison de leur incapacité d’offrir une perspective pour l’avenir. Cette perspective ne peut pas être offerte dans le cadre d’un système capitaliste profondément en crise. Elle ne peut être offerte que par la classe ouvrière, la seule à avoir un intérêt fondamental et la force de combattre efficacement le système capitaliste dans son ensemble et la seule, surtout, à pouvoir le renverser.
         La durée même de la crise, en plongeant des millions d’exploités dans la pauvreté et le désespoir, a porté sur le devant de la scène politique ce que la société bourgeoise a de plus réactionnaire, de plus abject.
         Mais, en bouleversant les règles du jeu politique et les certitudes, elle pose la question de l’avenir de la société plus clairement qu’à l’époque du ronronnement paisible du parlementarisme bourgeois. Rappelons cependant que ce doux ronronnement dans les pays impérialistes n’a jamais cessé d’avoir pour fondement l’exploitation ici même et le pillage des trois quarts de la planète préservé par des dictatures et, au besoin, par des interventions armées.
         La société n’a pas d’avenir sur les bases capitalistes. L’avenir de la société est entre les mains de la classe ouvrière et entièrement suspendu à la rapidité avec laquelle elle retrouvera sa conscience de classe.
                                                                        Georges KALDY

mercredi 9 décembre 2015

Nathalie Arthaud : Après le 1er tour des élections régionales

Argenteuil : mieux vaut ne jamais l'avoir à ses côtés



Mais où sont-elles passées ?

En mars 2014, la droite locale qui a conquis la municipalité lors des élections municipales obtenait 11846 voix au premier tour de scrutin et 14 876 au second. 19 mois plus tard, elle n’obtient plus que 3979 suffrages lors de ce premier tour des élections régionales, et son poulain, l’adjoint aux finances, n’est pas du tout sûr d’être élu dimanche prochain.
         Les résultats des élections départementales de mars dernier, où elle avait été battue, contre toute attente et à contre-courant de la tendance à l’échelle du pays, sonnait comme un avertissement. On ne peut que constater que l’avertissement n’a pas été entendu.
         Tombant à bras raccourci sur le personnel municipal, sur les services publics municipaux utiles à la population, et mouche noire sur son gâteau, sur les anciens, elle se retrouve aujourd’hui avec une chute abyssale de son électorat.
         Dommage que les repas des anciens aient été annulés. L’affaire aurait fait un joli sujet de moquerie, si tant est que les conséquences de la politique municipale n’aient pas les conséquences désastreuses pour la population que l’on connaît.

Des deux côtés du barrage, l’eau n’est guère différente

Quelque peu déboussolé, la seule chose que G. Mothron ait réussi à dire lors de l’annonce des résultats dimanche soir à l'Hôtel de Ville, c’est qu’il fallait « faire barrage au FN ».
         Ce n’est vraiment pas de ce côté-là de tels politiciens contribuant à la désorientation de la population que l’on risque de trouver la voie pour contrer la montée des idées réactionnaires qui ont fait le lit du FN. Le monsieur y a contribué et continue à le faire.

En tout cas, des habitants qui n’ont pas oublié

A Joliot-Curie, les habitants n’ont toujours pas oublié les avanies que le maire d’Argenteuil actuel leur a faites.
         Nous ne reviendrons pas sur l’histoire de la lutte contre la démolition de la cité. Mais on peut rappeler que le déplacement du bureau de vote, du groupe scolaire Joliot-Curie à l’école maternelle Orgemont n’est toujours pas passé.
         Sur 1096 inscrits, la liste Pécresse obtient très laborieusement… 31 voix, littéralement doublé (un peu d'humour) par la liste Lutte ouvrière qui elle obtient 36 voix.
         Moins de 3% des inscrits pour la liste des amis de la municipalité, il faut le faire.
         Cela dit, si les anciens avaient pu se déplacer, c’était la raclée du siècle assurée !

mardi 8 décembre 2015

Elections : compléments électoraux



Les résultats de Lutte ouvrière

320 000 électeurs ont voté pour Lutte ouvrière à l’échelle du pays, soit 1,51 % des voix en moyenne.
Ce score modeste marque un progrès partout en pourcentage et en voix par rapport aux régionales de 2010. Surtout, il est le fait d'hommes et de femmes qui ont choisi clairement de se situer dans le camp des travailleurs, que Lutte ouvrière représentait dans ce scrutin.
Ce choix est un gage d'avenir. Car la classe ouvrière a besoin que renaisse un mouvement ouvrier organisé qui défende ses intérêts politiques contre ses exploiteurs et les politiciens à leur service.

Pour éclairer les électeurs

C’est anecdotique, mais révélateur.
         On nous parle de sécurité, de plan Vigipirate, d’état d’urgence. Mais dimanche, à partir de 17 heures 30, il fallait avoir bien du courage pour aller voter dans certaines écoles de la Ville. Nous ne reviendrons pas sur les problèmes d’éclairage sur la commune, toujours aussi présents, mais nous évoquerons seulement la difficulté pour se rendre dans certains bureaux de vote.
         En tant que délégué de notre liste, j’en ai fait le tour. La palme de l’obscurité revient ainsi aux bureaux installés dans les écoles Paul Langevin maternelle et Ambroise Thomas.
         Pour la première, au bout d’un long non man’s land d’ombre, vous pouviez arriver dans une salle éclairée. Quant aux secondes, attention aux pieds. Les grilles des arbres présentaient de nombreux obstacles dans le noir s’entend.
         La prochaine fois, la municipalité organisatrice peut toujours faire envoyer une lampe de poche avec la propagande électorale.