Mélenchon
: de la poudre aux yeux
Le 9 octobre, Mélenchon a
présenté son programme au Grand Jury RTL. Celui qui se dit le représentant de «
la France insoumise » a affirmé sa foi en la vertu du bulletin de vote pour
réaliser une « révolution citoyenne et pacifique ».
Il faudrait en passer par
l’élection d’une Assemblée constituante, et l’élaboration d’une future
Constitution « qui permette au peuple de définir lui-même les règles du jeu
». Cela nécessiterait surtout, dans l’immédiat, son succès personnel aux
élections.
Sur le chapitre économique, son
objectif est de « réactiver l’économie par le bas, par les producteurs et
les entrepreneurs », de renouveler l’agriculture, de faire un tournant
écologique en changeant la manière de produire et de consommer. Le système
capitaliste est pour lui perfectible, ou du moins réparable, moyennant quelques
coopératives et autres scops, ainsi que des mesures pour stopper la spéculation
financière dont on ne sait pas ce qu’elles seraient, ni surtout pourquoi elles
devraient être plus efficaces que d’autres.
Il défend un « protectionnisme
solidaire ». Sans se mettre à construire des murs et des frontières, on
peut promouvoir, selon lui, des normes adaptées et un tri intelligent des
marchandises proposées à l’importation : cela aboutirait inévitablement à
relocaliser certaines productions en France, en raison de leur qualité,
particulièrement le camenbert.
Dans le programme de Mélenchon,
les classes sociales disparaissent, patrons et travailleurs, exploiteurs et
exploités sont dissous dans la notion de peuple, fourre-tout national
regroupant tous ceux qui n’appartiennent pas à « l’oligarchie »
c’est-à-dire à « ces bons à rien, ces cupides qui ont détruit l’industrie
française, abaissé notre patrie, incapables de négocier avec le gouvernement
allemand parce qu’ils en avaient peur ». Pour lui, le problème n’est pas le
système capitaliste mais l’Union européenne qui, selon ses propres termes, est «
l’Europe allemande », comme si elle n’était pas aussi l’Europe de la
bourgeoisie française.
Derrière le ton faussement
radical de Mélenchon, on ne trouve que des discours cocardiers et un ramassis
de propositions plus ou moins dans l’air du temps, pour tenter de récupérer les
voix des déçus du hollandisme. Cette insoumission-là ne nous mènera pas loin.
Sylvie
MARÉCHAL (Lutte ouvrière n°2515)