dimanche 18 avril 2021

150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871. Un exposé du Cercle Léon Trotsky (26). L’œuvre de la Commune, La Banque de France et le respect de la légalité

Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de cet exposé intitulé « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog « lo argenteuil »

L’œuvre de la Commune

La Banque de France et le respect de la légalité

Reste une question qui a suscité par la suite de nombreuses discussions, celle de la manière dont la Commune a financé son action et s’est comportée avec les banques.

Pour financer les réformes, ainsi que la solde des gardes nationaux, qui n’ont pas d’autre moyen de subsistance pour eux et leurs familles, il fallait trouver de l’argent. Or la Commune, par ailleurs si audacieuse, s’arrêta ici aux portes de la propriété privée. Elle se refusa jusqu’au bout à forcer les portes de la Banque de France pour prendre l’argent qui s’y trouve. Au lieu de cela, après le 18 mars, elle envoie une délégation auprès de son gouverneur, ainsi qu’à Rothschild d’ailleurs, pour leur demander poliment de mettre des fonds à la disposition de la Commune. Les banquiers s’empressent de satisfaire la demande, étonnés et soulagés qu’on ne mette pas tout bonnement leurs banques sous tutelle.

Plusieurs fois, la Commune soumet ses requêtes à la Banque de France, et plusieurs fois elle obtient satisfaction. Mais, à bien y regarder, en tout la Banque verse à la Commune un total de vingt millions de francs, dont près de la moitié appartenaient déjà à la Ville de Paris. Or elle a en réserve dans ses coffres pour trois milliards de numéraire, de billets, de valeurs, de bijoux et de lingots. Les délégués de la Commune, bien trop respectueux de la propriété privée, influencés par les idées de la petite bourgeoisie, ne veulent pas qu’on puisse les accuser du moindre «vol ». Et pourtant, dans le même temps, par l’intermédiaire de ses succursales de province, la Banque de France fournit à Versailles 257 millions, soit dix fois plus que ce qu’elle concède à la Commune, qui servent à financer l’armée versaillaise.

S’emparer de la Banque de France, y compris des fortunes privées de la bourgeoisie, n’aurait pas seulement donné plus de moyens à la Commune, qui en avait bien besoin. «La Banque aux mains de la Commune, écrira Engels, cela valait mieux que dix mille otages. Cela signifiait toute la bourgeoisie française faisant pression sur le gouvernement de Versailles pour conclure la paix avec la Commune.»

Toute leur vie, les prolétaires sont éduqués dans le respect de la légalité. Ils y sont bien plus sensibles que les bourgeois eux-mêmes, qui trouvent mille et une façons de la contourner quand cela les arrange. On inculque ainsi aux exploités le respect de l’ordre établi. En réalité, les lois et les institutions de l’État qui les font respecter sont faites de telle sorte que la domination des riches ne soit jamais remise en cause. Le prolétariat, s’il veut engager la lutte contre cette domination, doit rompre avec ce respect de la légalité bourgeoise. C’est le rôle des révolutionnaires d’accélérer la prise de conscience des travailleurs et de leur donner un programme d’action: le prolétariat ne doit pas se livrer à la merci dune classe dominante qui, elle, ne sembarrasse jamais de légalité quand elle se sent menacée.

………………………………………………

La banque de France –Wikipédia

 (Demain, La Commune : L’œuvre de la Commune, La Commune, devenue symbole de la lutte des classes entre le prolétariat et la bourgeoisie. La Semaine sanglante)

Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM

 

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire