Les
agriculteurs défendent leurs intérêts, les travailleurs doivent en faire autant !
29
janvier 2024
Blocages
de nationales ou d’autoroutes, siège de préfectures, descentes dans les
magasins de la grande distribution et peut-être un blocus de la capitale :
les agriculteurs se mobilisent massivement depuis une semaine. Alors qu’en
travaillant d’arrache-pied, certains d’entre eux n’arrivent pas à se verser un
Smic, on ne peut que partager leur colère !
Les
agriculteurs ont déjà contraint Gabriel Attal, le Premier ministre, à des
concessions qui sont loin de satisfaire tous ceux qui sont mobilisés. C’est que
la colère est profonde. Et la FNSEA, syndicat majoritaire, a pris la tête de la
mobilisation et appelle à poursuivre les actions.
Dans
l’agriculture comme dans d’autres branches économiques, il y a des gros et des
petits. Les gros sont de véritables capitalistes, à l'image d’Arnaud Rousseau, patron
de la grande firme d’agroalimentaire Avril (Lesieur, etc.), également président
de la FNSEA. Ils participent à la fixation des prix sur le marché et se
conduisent comme des financiers. Ils peuvent faire face aux crises, et même en profiter
pour écraser les plus petits.
Ces
entrepreneurs font leur beurre en exportant dans le monde entier. Ils savent profiter
des accords de libre-échange qui font crever bien des petits paysans ici et dans
les pays pauvres. On les entend dénoncer la concurrence étrangère et réclamer
des taxes aux frontières, mais ils sont les premiers à exporter dans le monde
et à défendre la loi du marché. Et ils utilisent le sort des petits pour arracher
de nouvelles subventions.
En
revanche, les petits paysans sont des travailleurs de la terre écrasés par les
intermédiaires, l’agro-industrie, la grande distribution, et les banques auprès
desquelles ils sont souvent surendettés. Ils sont asphyxiés par les plus gros. Lactalis
achète ainsi aux producteurs le litre de lait à 40 centimes, litre que le
consommateur paie 1 ou 1,20 euro en grande surface – on comprend que les
Besnier, actionnaires de Lactalis, soient parmi les plus riches de France, avec
40 milliards d’euros de fortune. À cela, s’ajoutent pour les paysans les aléas
climatiques, les épizooties et mille et une contraintes.
Travailler
du matin au soir sans arriver à payer les factures et dépendre des plus gros, cela
leur fait un point commun avec tous les travailleurs. Car vivre sans avoir la
maîtrise de son salaire et de ses conditions de travail est le lot de presque
tous les salariés, ouvriers, employés et techniciens. Voir son pouvoir d’achat
dégringoler, risquer de se retrouver sans travail ni logement est le sort de
millions de travailleuses et de travailleurs. Eh bien, ce que les agriculteurs mobilisés
n’acceptent pas, nous n’avons aucune raison de l’accepter pour nous-mêmes !
Ces petits
agriculteurs sont, comme nous, travailleurs à la base de la société. Ils
nourrissent la population, disent-ils fièrement et avec raison. Mais sans les
travailleurs qui transportent, transforment et conditionnent les produits
agricoles… ils ne nourriraient personne d’autre qu’eux-mêmes. Et sans les
ouvriers, les hospitaliers, les maçons ou les agents du nettoyage, la société
s’arrêterait brutalement.
Ouvriers
et paysans sont à la base de toutes les richesses. Mais ce sont les
capitalistes, les parasites et les financiers qui profitent de ce travail. Nous
n’avons pas à l’accepter !
Nous
vivons dans une économie injuste où les capitalistes riches à milliards broient
l’ensemble des classes travailleuses. Alors oui, la classe ouvrière et les
petits paysans, artisans et commerçants peuvent se retrouver dans le combat
contre le grand capital et les banques !
L’ironie
de la situation veut que les petits agriculteurs, victimes de la loi du plus
fort qui est au cœur du capitalisme, en sont les défenseurs, car ils aspirent à
conforter leur propriété. Même si, pour nombre d’entre eux, celle-ci se
transforme en endettement à vie et fait planer la menace de la faillite et de
l'expropriation. Même si leur libre entreprise les transforme en quasi-salariés
des grands groupes de l’agroalimentaire.
Comme tous
les exploités, les petits agriculteurs n’auront pas de répit tant que le
capitalisme n’aura pas été renversé. Mais ce combat-là repose d’abord et avant
tout sur la classe ouvrière. La solidarité, la compassion ou l’admiration vis-à-vis
de la lutte des agriculteurs ne suffisent pas : leur mobilisation doit
être une source de combativité pour tous les travailleurs que nous sommes. Pour
être écoutés et respectés, il n’y a pas le choix, il faut nous battre pour nos
intérêts de classe et la perspective d’une toute autre société, collective et planifiée.
Nathalie Arthaud
Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :
-Aujourd’hui lundi 29 janvier : de 18 à 19 heures, centre cl des
Raguenets à Saint-Gratien ;
-Mercredi 31 janvier : de 11 h.30 à midi, marché des Champioux.
Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est
aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la
Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.
N’oubliez pas maintenant
de réserver votre billet d’entrée pour notre banquet local qui aura lieu en journée le dimanche 24 mars prochain. Parlez-en autour de vous. Le prix du
repas est désormais fixé. Comme l’an dernier, 17 euros pour les adultes, 8 pour
les enfants jusqu’à 14 ans.