Réponse
au NPA au sujet des élections législatives
Communiqué
28/04/2022
Courrier adressé en réponse au
NPA le 28/04/2022
Chers camarades,
Nous avons bien reçu votre
courrier du 19 avril, nous proposant une rencontre. Vous êtes en cours de
discussions avec l’Union populaire de Jean-Luc Mélenchon pour faire exister,
lors des législatives, « des candidatures d’union (…) sur la base d’un
programme de contestation du macronisme, de rupture avec les politiques bourgeoises
et les logiques capitalistes. » Vous écrivez dans votre courrier,
« nous savons qu’en ce qui vous concerne, vous ne partagez pas cette
démarche ». C’est le moins que l’on puisse dire.
Considérer le programme de
Mélenchon « en rupture avec les politiques bourgeoises et les logiques
capitalistes », il faut oser ! Et comment trouver positif l’avènement
« d’un réformisme renouvelé et plus radical que ce qu’incarnait le PS
depuis 1983 », quand on connaît les ravages qui ont fait suite aux
illusions suscitées par l’élection de Mitterrand en 1981 ?
Nous marchons depuis toujours sur
des chemins séparés. Cela s’est vu clairement dans cette campagne
présidentielle où vous vous êtes refusés à toute critique sérieuse de l’ancien
ministre et sénateur PS Mélenchon, défenseur de l’industrie de défense
française et du Rafale. Et après le premier tour, vous avez expliqué qu’il
fallait « que pas une voix de notre camp n’aille à Le Pen car il est vital
que l’extrême droite soit battue dimanche », autrement dit, vous avez
appelé à voter Macron.
Vous vous présentez comme
« la gauche de la gauche » avec le projet de « reconstruire une
vraie gauche » pour surfer à la fois sur les déçus de la gauche
gouvernementale et sur les aspirations unitaires. Nous cherchons à construire
un parti ouvrier communiste révolutionnaire, totalement indépendant des
directions réformistes.
Si vous avez continué de
dénoncer, même sous une forme édulcorée, le piège du réformisme et de
l’électoralisme pour les travailleurs, si vous n’êtes jamais entrés dans une
majorité gouvernementale, c’est que la situation ne s’était pas présentée.
Aujourd'hui, La France insoumise de Mélenchon, parti vierge de compromission
parce qu’il n’a jamais gouverné, est en situation de réaliser l’objectif que
vous vous êtes fixé : « reconstruire une vraie gauche ». Votre
participation à cette entreprise ne nous étonne donc pas.
En ce qui nous concerne, nous
restons sur notre ligne politique et plutôt que de cautionner une opération de
rafistolage du réformisme, nous annoncerons, dans les prochains jours, notre
présence aux législatives dans toutes les circonscriptions de la métropole,
pour défendre le « camp des travailleurs ». Dans la continuité de
notre campagne présidentielle, nous y affirmerons la nécessité pour le monde du
travail de s’organiser pour défendre ses intérêts de classe, et pour renouer
avec le combat contre le capitalisme, avec l’objectif ultime de mettre fin au
pouvoir de la bourgeoisie.
Nous mesurons la gravité de la
situation. Si la poussée de l’extrême droite reste, pour l’heure, sur le
terrain électoral, elle n’en constitue pas moins un encouragement pour tous les
individus et groupes fascisants, qui ont nombre de relais et de cadres
potentiels dans l’appareil d’Etat, dans la police et l’armée. Loin d’être une
protection, la réélection de Macron, sera peut-être, pour certains d’entre eux,
un motif supplémentaire pour passer à l’action directe, contre des immigrés,
des travailleurs, des militants de gauche.
Ce sera vrai quelle que soit la
composition de l’Assemblée nationale. Imaginons que votre souhait soit exaucé,
c’est-à-dire qu’il y ait une arrivée en masse de députés de la « gauche
radicale » comme vous avez choisi de l’appeler, ce ne serait pas le début
de la victoire, mais le début de l’affrontement avec l’extrême droite. Si vous
preniez au sérieux vos avertissements quant à la menace fasciste, vous
réaliseriez l’importance qu’il y a à combattre résolument les illusions
électorales et démocratiques.
Prétendre, comme vous le faites,
que l'élection d'un nombre important de députés de cette gauche pourrait
entraîner une dynamique de mobilisations relève de la méthode Coué. Mélenchon
lui-même, répète à l'envi que voter pour lui et son parti, évitera d'avoir à
lutter ! C’est là tout le piège du système politique bourgeois qui
consiste à substituer le combat électoral au combat de classe.
Nos divergences sont évidentes,
sans être nouvelles. Elles sont ancrées dans les désaccords que nous avons sur
le type de parti à construire et son rôle dans un contexte révolutionnaire.
Nous vous laissons donc à vos
pourparlers avec l’Union populaire et nous vous proposons de débattre de la
situation et de nos politiques respectives, publiquement, lors du débat prévu
au moment de notre fête de Presles, c’est-à-dire samedi 28 mai. Ce sera
l’occasion de revenir plus largement sur nos divergences.
Nous n’espérons pas vous
influencer, surtout dans cette période de recul politique et de droitisation de
toute la vie politique. Nous continuerons donc chacun sur la voie que nous nous
sommes choisis. Pour l’heure, ni vous ni nous n’avons pu faire la démonstration
de la validité de notre démarche politique. L’histoire ne nous a pas départagés
devant le seul témoin possible : les masses exploitées.
Salutations
révolutionnaires,
Le Comité exécutif de Lutte Ouvrière