vendredi 22 mars 2019

Algérie : la mobilisation continue. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître (Notre hebdomadaire est en vente à Argenteuil à la librairie Le Presse papier et dans d’autres points de vente de presse)


Algérie : par millions dans la rue pour dire “Système dégage”

Lundi 11 mars, Bouteflika a annoncé le report des élections, prolongeant son mandat actuel jusqu’à la fin d’une Conférence nationale qui sera chargée de réformer le pays et d’élaborer une nouvelle Constitution. Comme le disait un slogan : on voulait « une élection sans Bouteflika, on se retrouve avec Bouteflika sans élection ».
Cette manœuvre a provoqué un rejet massif et sans appel de la part du peuple algérien. La contestation s’est encore amplifiée, avec la multiplication des grèves et des manifestations dans toutes les catégories de la population, que jusqu’à présent le pouvoir est impuissant à faire cesser.
À Alger, le mardi 12 mars, les collégiens et lycéens refusaient de rentrer en cours et manifestaient dans tous les quartiers au cri de « On n’est pas des naïfs. » La manifestation étudiante, initialement prévue pour protester contre la fermeture des universités, était massive. Elle s’est transformée en une vibrante démonstration de colère, avec comme mots d’ordre : « Système dégage ! », « Non à la prolongation du 4e mandat ! » Toute la journée, les discussions ont animé les rues, les cafétérias : « Il faut qu’ils partent tous. Le mouvement ne doit pas s’arrêter. »
Le lendemain, répondant à l’appel des syndicats enseignants, qui étaient restés jusque-là silencieux et hostiles aux manifestations d’élèves, le personnel des écoles, des collèges et lycées a manifesté à son tour. Dans les jours suivants, des personnels de la santé, des employés de diverses administrations, des employés communaux, avocats, magistrats, architectes, artistes et même retraités de l’armée, notaires, huissiers et commissaires-priseurs, et les imams fonctionnaires de l’État, ont protesté contre le système et le report des élections.
La mobilisation des travailleurs

Dans les chemins de fer, le mouvement de grève a été très suivi, pas seulement sur les lignes de banlieue mais aussi sur les grandes lignes. Dans le métro algérois, un service minimum a été négocié avec les employés, qui ont imposé la gratuité pendant la grève.
Dans nombre d’entreprises, les travailleurs, qui s’étaient mis en grève le 10 mars contre le cinquième mandat, ont poursuivi le mouvement. Dans l’immense zone industrielle de Rouïba à l’est d’Alger, différents cortèges ont réuni des travailleurs de plusieurs secteurs : ceux de la SNVI (production de véhicules industriels), entreprise phare de la zone, mais aussi ceux de Sapta (ponts et travaux d’art), de Divindus (construction aluminium) et d’Hydro Aménagement (travaux publics). Les travailleurs de Maggi ont fait débrayer ceux de Pepsi-cola et de Coca-cola. Même scène dans d’autres zones industrielles, comme celle de Bejaïa à l’est du pays, où toutes les usines étaient à l’arrêt.
Face à la mobilisation des travailleurs, des patrons hostiles au pouvoir ont laissé faire, puis ont invité avec plus ou moins de succès les travailleurs à rentrer chez eux. Mais le lendemain du renoncement de Bouteflika, les choses ont brusquement changé. Ainsi Issad Rebrab, le patron milliardaire du groupe Cevital, en pointe contre le cinquième mandat, a menacé les travailleurs de sanctions s’ils continuaient la grève. Dans chaque entreprise une fraction des travailleurs est cependant revenue devant les usines pour se retrouver et discuter. Là où les travailleurs ont repris le travail, la production n’est pas repartie comme avant. Les discussions se sont poursuivies.
Le 17 mars, malgré les menaces selon lesquelles tout arrêt de travail, tout rassemblement seraient considérés comme une faute professionnelle, les travailleurs du site pétrolier d’Hassi R’mel, dans la wilaya (département) de Laghouat, se sont mis en grève.
Avec la contestation des travailleurs, le secrétaire général du syndicat UGTA, Sidi Saïd, fidèle soutien de Bouteflika, fait face à une contestation dans ses propres rangs. Plusieurs syndicats et unions locales s’en sont désolidarisés, à l’image du syndicat de la zone industrielle de Rouïba ou des unions locales des wilayas d’Annaba et de Tizi Ouzou.
La pression des travailleurs contre le système et la prolongation du 4e mandat a créé un climat favorable à leurs revendications. À Cevital, le patron a augmenté une prime de 5 à 10 %. Dans l’entreprise d’assemblage Hyundaï de Tiaret, au port d’Alger, chez Naftal à Bejaïa, les travailleurs ont arraché des augmentations de salaire. Ailleurs, comme à la Poste, ils sont en lutte contre la précarité et pour la permanisation (la titularisation) de tous les contractuels.
Le 15 mars, une marée populaire
Après cette semaine d’agitation, les manifestations ont atteint une ampleur inégalée. Dans tout le pays, dans toutes les localités, même des villages, la population est descendue par milliers dans la rue exprimer son rejet du système en criant : « Voleurs ! Vous avez mangé le pays ! »
Conscientes que leur nombre serait observé et interprété comme un rejet ou une approbation de la prolongation du 4e mandat, les classes populaires sont descendues en masse. Elles n’ont pas attendu 14 heures et la fin de la prière, et dès 11 h 30 la place de la Grande poste à Alger était noire de monde. C’est très tôt que des cortèges populaires, venus à pied des communes voisines de Zéralda, Staouéli, Aïn Benian, Réghaïa ou de Boufarik, situé à 29 kilomètres, se sont dirigés vers la capitale ! De plus en plus rodés et organisés, les manifestants ont brandi des pancartes fustigeant le pouvoir, mais aussi Macron qui en début de semaine avait salué le report des élections. « C’est le peuple qui choisit, pas la France », « L’Élysée, stop ! On est en 2019, pas en 1830 », ou encore « Macron, occupe-toi de tes gilets jaunes ».
Comme les vendredis précédents, les cortèges de jeunes supporters ont animé de leurs chants politiques et contestataires les rues de la capitale. La veille, par crainte de violences qui auraient pu servir de prétexte à la mise au pas de la contestation par le pouvoir, les jeunes supporters avaient appelé au boycott du derby algérois de football. Le stade du 5-Juillet, qui peut accueillir près de 80 000 personnes, est resté vide.
Avec cette immense mobilisation qui redonne dignité à tout un peuple, la prière et le foot sont passés à l’arrière-plan. L’espoir est revenu, celui d’une société libre et démocratique, l’espoir aussi de voir finir la mal-vie et la misère, qui poussent la jeunesse à quitter le pays dans des embarcations de fortune.
Cette mobilisation a entraîné des couches sociales aux intérêts parfois opposés. Contre le cinquième mandat, le milliardaire Rebrab s’est servi des travailleurs comme d’une force de manœuvre. Sitôt ses intérêts servis, il les a menacés. Des tractations ont lieu en coulisse pour trouver une solution politique préservant l’avenir pour les classes possédantes. Face à ces manœuvres, en cours ou prévisibles, face aux menaces de répression qui peuvent venir de l’armée et de l’appareil d’État, la classe ouvrière devra se donner les moyens de défendre ses propres intérêts.
                                                    Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2642)


Boeing et FAA : complaisance mortelle


Des Etats aux ordres des capitalistes



Après le crash de deux avions Boeing 737 Max, les révélations se multiplient. La FAA, l'autorité de régulation aérienne des Etats-Unis, qui emploie de nombreux anciens cadres de Boeing, avait sous-traité le contrôle et la certification du logiciel anti décrochage à... Boeing ! On n'est jamais si bien servi que par soi-même.
Cette collusion entre l'Etat et Boeing n'a rien de surprenante. Les Etats sont aux ordres des capitalistes en toute opacité pour le grand public.
Quant au choix de bâcler des tests de sécurité pour gagner quelques millions de dollars c'est aussi dans l'ordre des choses dans ce système ou la priorité est donnée aux résultats financiers immédiats, quitte à risquer des dizaines de vies humaines.

Éducation : Blanquer invente l’Ecole de la défiance


Pas confiance !



La journée de grève interprofessionnelle du 19 mars a été particulièrement suivie dans l'éducation, où les causes de mécontentement s'accumulent comme ailleurs. Au collège comme au lycée, les classes sont de plus en plus surchargées et les moyens pour faire des séances en petits groupes disparaissent. La réforme du lycée va dégrader encore la situation.
Dans les écoles primaires, une réforme prévoit de donner plus d'argent public aux écoles privées, mais aussi de supprimer une bonne partie des postes de directeurs d'écoles.
Derrière le baratin sur « l'école de la confiance », les grévistes ont dénoncé la réalité d'une éducation qui se dégrade, en particulier dans les quartiers populaires. Blanquer voudrait imposer un « devoir de réserve » aux enseignants espérant faire taire ceux qui contestent les choix de son gouvernement. C'est raté !
Et le ton monte chez les enseignants…

Argenteuil, services de la Ville, la direction générale amuse les agents


Café et eau bénite



Hier, ce n’était pas encore le vendredi saint, mais un simple jeudi, mais la direction générale des services de la Ville d’Argenteuil ne voulait apparemment pas que les agents communaux aillent au travail !
         Le matin, elle les invitait à un « café des projets » à la salle des fêtes Jean Vilar. Café à 8 heures 30, présentation des « projets » de 9 à 10 heures 30, et point trop n’en faut, retour dans les services !
         Quant aux projets eux-mêmes, ils étaient cantonnés à ceux qui ne fâchent pas, ou sur lesquels il n’y a rien à dire. Ainsi, rien sur la réorganisation du service « Relations citoyens » qui a entraîné une grève la semaine passée. Rien sur le projet Jean Vilar…
         Mais rebelote l’après-midi, la direction générale de la mairie d’Argenteuil conviait à nouveau les agents territoriaux à se retrouver à 17 heures pour une grande messe des religions, les mécréants étant, il est vrai, laissés de côté.
         Étonnant tout cela… Mais à l’approche de Pâques, pardon des élections municipales… tout devient possible.

Argenteuil : salle des fêtes municipale Jean Vilar : vers la rénovation ?


Vers le miracle à Jean Vilar




Est-ce l’état de grâce actuel,  papal et œcuménique de la municipalité, mais ce qui paraissait inimaginable il y a encore peu a lieu. La municipalité a commencé des travaux dans la salle des fêtes municipale Jean Vilar. Si si. Ce n’est pas encore, il est vrai, la grande rénovation nécessaire, ce n’est pour l’instant que des rafistolages, mais là où il n’y avait rien, c’est le début de quelque chose.
         Cela ne pouvait plus durer longtemps comme cela, des dégradations préjudiciables se multipliaient alors qu’il est patent que la municipalité a encore besoin, et aura besoin, très-très longtemps de ce complexe, au-delà même de la question de son avenir.
         A ce propos, quand la municipalité annonce-t-elle la énième saison, 2019-2020 en l’occurrence, des salles Jean Vilar et Pierre Dux ? Ce que le blog « lo argenteuil » peut faire, la municipalité serait-elle dans l’incapacité morale de l’imiter ?