lundi 23 avril 2018

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise de ce lundi 23 avril 2018 : « Comme les cheminots, osons relever la tête ! »


Comme les cheminots, osons relever la tête !

Près de trois semaines après le début de leur mouvement, les travailleurs de la SNCF restent déterminés, et la grève tient bon. Le 19 avril, ils étaient plus nombreux dans la grève que le 13, n’en déplaise à la direction de la SNCF qui annonce toutes les semaines que la grève recule. Dans les manifestations organisées ce jour-là dans tout le pays, on trouvait, solidaires des cheminots, des jeunes dénonçant la sélection à l’université, des retraités contre la ponction opérée sur leur retraite par la CSG, mais aussi des travailleurs d’autres secteurs du public et du privé.

À Reims, ce sont tous les employés d’un Monoprix qui ont déserté le magasin pour se joindre à la manifestation. À Limoges, des salariés de Legrand ou de l’usine d’emboutissage Steva, menacés de perdre leur emploi, étaient eux aussi dans la rue. Et dans bien d’autres villes, beaucoup ont profité de cette journée pour marquer leur solidarité avec les cheminots, mais aussi pour exprimer leur ras-le-bol.

Macron prétend ne pas être le « président des riches », ceux-ci n’ayant pas besoin d’un président pour les défendre, ajoute-t-il. C’est vrai ! La bourgeoisie, aux commandes dans cette société, n’a pas besoin d’un président mais d’un serviteur, qui la seconde dans la guerre qu’elle mène au monde du travail. Et Macron remplit le rôle à la perfection : des ordonnances de la loi travail en passant par la suppression quasi totale de l’ISF, l’augmentation de la CSG, le régime sec imposé à tout le secteur public, il prend des mesures en faveur de la classe riche.

Macron ose dire qu’il n’y a aucun rapport entre les différents mécontentements qui s’expriment. Mais c’est bien l’ensemble du monde du travail qui a toutes les raisons d’être mécontent ! Car la politique de Macron vise en fait tous les travailleurs. Lors d’une visite à Saint-Dié, dans les Vosges, il a fait la leçon à un cheminot en lui expliquant qu’il devait accepter le changement… Un changement vers le pire, bien sûr ! D’après lui, les cheminots auraient d’autant moins de raisons d’être contre la suppression du statut qu’elle ne touche que les futurs embauchés.

Dans le monde de la grande bourgeoisie, il va de soi qu’on transmettra sa richesse et sa position sociale en haut de l’échelle à ses enfants, mais les travailleurs devraient accepter que leurs enfants perdent les quelques avantages conquis par leurs aînés ? Eh bien, les cheminots refusent que les générations futures soient condamnées à des emplois au rabais, et c’est tout à leur honneur ! Ils s’opposent ainsi à l’avenir que le patronat voudrait imposer à tous les travailleurs, fait de précarité généralisée, de bas salaires et de conditions de travail dégradées.

Macron peut toujours prétendre ne voir « aucun rapport entre les colères », c’est bien là que se trouve l’origine commune de toutes les inquiétudes, de tous les mécontentements. Le retraité qui voit ses revenus baisser sait que cet argent ne servira pas à ce qu’il soit mieux soigné ou à créer des emplois pour ses petits-enfants. Le lycéen qui boucle péniblement son dossier de candidature à la fac sait qu’on lui impose cette mascarade parce que les universités débordent et qu’une partie de la jeunesse sera laissée à la porte faute de place. Les travailleurs menacés de licenciement, ceux qui revendiquent des augmentations de salaire, ceux condamnés aux missions d’intérim ou aux temps partiels imposés savent qu’ils sont sacrifiés pour la sauvegarde des profits.

Avec son mépris habituel, Macron s’est défendu de ceux qui le contestaient en s’exclamant : « On a pris en France l'habitude de la plainte », ajoutant : « On regarde son petit bout de lopin et on dit “voilà, moi, on m'a enlevé ça” ». Loin de ne pas savoir regarder plus loin que leur « petit bout de lopin », les cheminots se battent pour ne pas se laisser dépouiller de leurs droits. Ils ont mille fois raison ! Avec leur grève, ils ont transformé l’indignation, le dégoût que chaque travailleur peut ressentir individuellement contre ce qu’il subit, en une riposte collective. Loin de se plaindre, ils se battent, et c’est bien ce qui gêne Macron !

Le fait que la grève des cheminots dure, qu’ils s’adressent aux usagers mais aussi à d’autres catégories de travailleurs, est positif pour l’ensemble du monde du travail. Pour tous ceux qui refusent de subir les attaques, la lutte des cheminots incarne une contestation plus large, exprime leur colère. C’est un encouragement pour tous ceux qui veulent redresser la tête.

Alors, faisons tout pour que la grève des cheminots ouvre la voie à un combat plus large, à l’offensive de l’ensemble du monde du travail, nécessaire pour faire reculer le grand patronat et son représentant en chef Macron !

Retraités, actifs, précaires, privé, public, c’est tous ensembles qu’il faut lutter. Comme à Bayonne


On n'a jamais eu autant de plaisir à aller chez Carrefour !



Ce jeudi 19 avril, la manifestation bayonnaise est sortie des sentiers battus. Sous le regard surpris des clients, en majorité bienveillants, le cortège des manifestants s’est engouffré dans la galerie marchande du centre Carrefour BAB2. Un joli pied de nez à la direction de Carrefour en soutien aux grévistes Carrefour qui se battent pour leur emploi.
À la tête du cortège, les cheminots, environs 300, suivis par les salariés de Dassault, les électriciens et gaziers, les hospitaliers, les postiers, les salariés de Castorama et Carrefour, les retraités et bien d'autres. Il y avait de l’ambiance. Pour bon nombre de salariés, c’était leur première manifestation.
Une démonstration qu'avec les cheminots des travailleurs se rassemblent pour construire la lutte.

Frontières, libre circulation, selon que vous serez riches ou pauvres





La presse fait état des « passeports de complaisance » que l'on peut acheter pour 1 million d'euros à Malte. Mais cette île n'est pas le seul paradis accueillant pour les riches. Bien des pays européens offrent des « goldens visas ». Au Portugal ou en Espagne, il suffit d'acheter pour 500000 euros de biens immobiliers et de résider entre cinq et dix ans pour acquérir un passeport européen.
Pour les hommes et les femmes qui fuient la misère, les pays riches sont cadenassés et entourées de barbelés. Décrocher un simple visa de tourisme est un parcours du combattant. Par contre, les hommes d'affaires circulent sans entrave, partout où ils veulent.

Argenteuil, marché Héloïse, et municipalité, une bataille perdue d’avance


Si elle veut la révolte des commerçants et des chalands…

 
                                                                                      Photo Le Parisien-95

Nous avons déjà évoqué la question il y a quinze jours. La municipalité fait pression pour que le marché Héloïse du dimanche se termine à l’avenir beaucoup plus tôt. Elle fait pression sur le délégataire, et celui-ci fait pression sur les commerçants du marché.
         Aux dernières nouvelles il faudrait que ces derniers arrêtent de vendre impérativement à 13 heures 30.
         C’est une lubie de la municipalité qui sait pertinemment que c’est inapplicable, d’autant plus que la clôture tardive du marché est une tradition ancienne.
         Que ce marché ne lui plaise pas est une chose, mais qu’elle s’en prenne aux commerçants et aux chalands modestes de cette façon en est une autre.
         Si elle veut vraiment satisfaire  la population du quartier, qu’elle annonce l’abandon du « projet Héloïse » qui risque de créer bien d’autres désagréments pour les habitants du quartier que les soucis liés à un marché plus que centenaire !

Argenteuil, médiathèques, quelle place pour les "classiques" et les livres d'art ?


Les œuvres d’aujourd’hui, mais également celles du passé

 
Lire les œuvres de Balzac dans La Pléiade grâce à la bibliothèque Aragon-Triolet dans les années 1975...

Nous avons reçu d’un de nos lecteurs le témoignage suivant qui s’étonne de la faiblesse de la présence des « classiques » et des livres d’Art dans les médiathèques de la Ville d’Argenteuil, et que certains rayonnages soient largement incomplets. Nous rappelons que la responsabilité des médiathèques dépend de la municipalité, et que ce qui y est fait relève de sa politique culturelle, si tant est qu’elle en ait une.
 Nous partageons l’étonnement et le contenu du témoignage de ce lecteur. Nous attendons bien évidemment les commentaires de chacun. Que le débat commence. DM 

« … En gros l'explication qu'on me donne est : 1) on supprime tout ce qui ne sort pas assez 2) nous ne sommes pas une bibliothèque de conservation, mais d'actualité (on donne ce que les gens réclament). 3) les livres du genre pléiade etc sont plutôt destinés à des bibliothèques universitaires. 4) enfin, il faut que la bibliothèque soit un espace aéré, d'où les étagères à moitié vides.
Inutile de dire que je suis en désaccord avec tout ça, ne serait-ce que parce que bon nombre de ces œuvres complètes ou classiques ne sont plus réédités (et qu'il faut quand même conserver la base de notre patrimoine. Et en tant que lecteur, jamais je n'aurais découvert Aragon, et bien d'autres qui m'ont conduit aux études de Lettres, si de magnifiques collections n'avaient été physiquement présentent sur les rayonnages. (Par exemple il y avait les œuvres complètes de Zola par Henri Mitterrand, avec tous ses écrits de jeunesse, journalistiques, la critique, les poèmes etc.… qu'on ne trouve plus, même en La Pléiade. Ces volumes ont été retirés : comment un jeune lecteur pourrait-il les découvrir autrement qu'en tombant dessus ?)
Enfin, je défends dans l'idée de bibliothèque, le fait qu'on peut "essayer" gratuitement tout un tas d'auteurs classiques ou difficiles, dont on n'aurait pas fait la dépense en librairie. Le lecteur peut ainsi tester ses goûts, découvrir ce qui lui plaît, et ainsi trouver sa voie. Ou revenir plus tard à un auteur auquel il n'aura pas accroché dans un premier temps. Bref, la bibliothèque municipale gratuite a un rôle d'éducation très grand à jouer. Il ne s'agit pas seulement de donner aux gens ce qu'ils connaissent déjà. Ceci concerne la littérature, mais il en est de même pour le rayon des livres d'art, qui a été aux trois quarts vidé : là encore, ce sont des livres chers pour les non-initiés, et qu'on ne retrouve plus forcément après.
 Je me souviens qu'au temps où j'ai commencé à fréquenter la bibliothèque, il y avait les deux grands volumes d'Aragon sur Matisse ; on ne les trouve plus que dans une édition Quarto en noir et blanc ! Il y avait les écrits sur l'art d'Eluard en trois volumes aux Editions du Cercle d'art ; disparus. Etc etc... En conclusion, je ne dis pas qu'il ne faut rien retirer, mais ce geste doit-être raisonné. Qu'on ne trouve pratiquement plus un livre d'Elsa Triolet dans la bibliothèque qui porte son nom, ça me paraît dingue (d'autant qu'avant ils y étaient tous). Voilà en deux mots… »