Reprendre
confiance dans notre force
Les chauffeurs de taxis sont à
bout. À cause de la concurrence des VTC, les voitures de tourisme avec
chauffeur, leurs revenus sont en chute libre. Même en allongeant leur journée
de travail, beaucoup n’arrivent plus à payer le crédit de leur voiture et de
leur licence. Mais ils s’organisent et se battent pour défendre leurs intérêts.
Il
en va de même pour les éleveurs et les producteurs de lait. Ils vendent leurs
produits à perte et n’arrivent à se payer un salaire que grâce aux aides de
l’Europe et du gouvernement. Mais ils manifestent, ils mettent l’opinion de
leur côté et forcent le gouvernement à les entendre.
Et
les salariés ? Combien d’ouvriers, d’employés, de techniciens sont, eux
aussi, au bout du rouleau ? Combien d’hospitaliers, d’agents
territoriaux ? Eux aussi accumulent les heures de travail et la fatigue et
sont condamnés aux salaires de misère. Et que dire de ceux plongés au chômage
et réduits à survivre avec les minima sociaux ?
Eh
bien, ils doivent, eux aussi, se manifester ! D’abord pour se faire
entendre, puis pour réussir à résister aux attaques de leurs conditions de
travail et de vie. Car les salariés subissent, depuis plusieurs années, une
offensive systématique du grand patronat. Déjà violentes sous Sarkozy, les
attaques ont empiré avec Hollande.
La
crise, la concurrence exacerbée et le chômage de masse ont été utilisés comme
des moyens de chantage pour restaurer les marges et les profits des entreprises
qui n’ont fait qu’enrichir une minorité. Les grandes banques réalisent
plusieurs milliards de bénéfices annuels. Même des firmes comme PSA dont on
nous a dit qu’ils étaient à deux doigts de la faillite pour justifier des
milliers de licenciements, font désormais le bonheur de la Bourse.
Il
s’agit d’une politique de classe. Il s’agit d’une guerre de classe que le
patronat mène avec l’aide du gouvernement. Mais il la mène d’autant plus
facilement qu’il n’y a pas d’opposition frontale avec les travailleurs, car les
réactions sont faibles ou isolées. C’est ce qu’il faut changer.
La
politique et la vie des travailleurs changeront si le rapport de force entre
les travailleurs et le patronat change, si les travailleurs se lèvent à nouveau
pour leurs intérêts.
Les
attaques contre le Code du travail, celle qui se dessine contre les chômeurs,
la répression contre les salariés d’Air France ou ceux de Goodyear montrent
qu’aujourd’hui, le patronat et le gouvernement se sentent tout permis. Il faut
leur montrer qu’ils se trompent, en participant, nombreux, aux rassemblements
organisés jeudi 4 février pour soutenir les anciens salariés de Goodyear
condamnés à de la prison ferme.
Il
faut faire en sorte que les travailleurs retrouvent l’envie, l’énergie et les
moyens de répondre à l’arrogance et aux provocations patronales et
gouvernementales. C’est à cet objectif que doivent se consacrer ceux qui ne
veulent pas se laisser faire.
D’ici
la présidentielle, les manœuvres au PS et à la gauche de la gauche vont se
multiplier. Aujourd’hui les frondeurs du PS, les écologistes et le Parti
communiste tentent de se mettre d’accord sur l’organisation d’une primaire dans
l’espoir que la gauche puisse se refaire une virginité en se trouvant un
candidat autre que Hollande pour 2017.
Mais
qu’y a-t-il à attendre de ces anciens ministres devenus frondeurs après avoir
cautionné la plupart des mesures antiouvrières de Hollande ?
Se
fixer pour objectif de ressusciter une « vraie gauche », comme le
souhaitent Mélenchon ou le Parti communiste, est un objectif aussi vague que
trompeur.
Faut-il
rappeler que Hollande, Valls et Macron se revendiquent toujours de la
« gauche » ? Faut-il rappeler que, de Mitterrand à Hollande,
tous se sont présentés comme des candidats « vraiment » à gauche et
qu’il y a eu tromperie sur la marchandise ?
L’expérience
a prouvé que les frontières politiques ne passent pas entre la gauche et la
droite. Elles sont déterminées par les intérêts de classe et opposent les
travailleurs et les exploités à la poignée de capitalistes qui dominent
l’économie.
Au
lieu de véhiculer de nouvelles illusions dans des politiciens qui ne méritent pas
la confiance des travailleurs, il faut encourager ces derniers à mettre en
avant leurs intérêts et leur donner confiance en leurs propres forces.
La
crise est à mettre au compte des banquiers et du grand patronat. C’est la
faillite d’un système basé sur le monopole du capital et la recherche effrénée
du profit.
Les
travailleurs, qui portent toute la société sur leurs épaules, n’ont pas à
accepter d'être les pions d’un tel système. Ils doivent se battre pour leurs
intérêts et pour remettre l’économie sur ses pieds.