À Calais,
les dirigeants européens claquent la porte au nez de leurs victimes
Malgré
leurs déclarations de fermeté, malgré des mesures de contrôle toujours plus
délirantes, les gouvernements des deux côtés de la Manche ne peuvent faire
cesser cette situation. Des politiciens en mal de démagogie comme le député de
droite Xavier Bertrand dénoncent les autorités britanniques qui ne
coopéreraient pas assez. D’autres, coté anglais, s’en prennent aux autorités
françaises qui ne seraient pas assez répressives. Les deux gouvernements
déclarent qu’ils feront front ensemble mais que le problème est européen et ne
doit pas reposer sur eux seuls.
Les mêmes
préféraient hier laisser l’Italie se débrouiller seule avec l’afflux de
migrants arrivant de Méditerranée, et à Menton la police française refoule sans
pitié ceux qui tentent de passer la frontière. Malgré leurs discours sur la
solidarité européenne, les dirigeants français, anglais, allemands, italiens ou
autres se rejettent mutuellement les responsabilités. Mais ils sont d’accord
pour laisser ainsi des milliers de personnes vivre dans des conditions
indignes.
Après
avoir risqué leur vie sur des embarcations de fortune en payant leur passage
d’un prix exorbitant, les migrants se retrouvent donc à errer sur le territoire
européen, rejetés d’un pays à l’autre. L’attitude du gouvernement français est
parmi les plus méprisables. Il ne laisse parvenir qu’une aide humanitaire
dérisoire à des milliers de personnes, contraintes de survivre comme elles
peuvent dans les bois autour de Calais.
Qu’ils
soient syriens ou afghans, ou bien érythréens, soudanais ou ressortissants
d’autres pays d’Afrique, les candidats à l’exil fuient des situations de guerre
ou de misère extrême dans lesquelles les dirigeants américains, mais aussi
européens, portent une grande part de responsabilité. Cela n’empêche pas les
responsables de cette Europe forteresse de leur claquer la porte au nez et de
traiter de façon ignoble ceux qui ont réussi à y entrer.
Pour des
pays aussi riches que ceux d’Europe, accueillir chaque année de façon décente
quelques centaines de milliers de personnes ne coûterait pourtant pas
grand-chose, comparé aux sommes consacrées à subventionner leurs capitalistes
ou à mener des guerres en Afrique ou au Moyen-Orient, comme le fait le
gouvernement Hollande. Et les dirigeants européens osent encore déclarer que la
vraie solution serait de développer l’économie dans les pays d’origine, alors
que c’est justement leur politique qui y sème la désolation.
La
situation dramatique des migrants de Calais, ou d’autres qui ailleurs
s’entassent dans des camps de fortune, n’est encore qu’un pâle reflet de ce qui
se passe à l’échelle de pays entiers. Les guerres au Moyen-Orient et en
Afrique, la misère qui sévit dans toutes ces régions, ne produisent pas des milliers
mais des millions de réfugiés. Ils trouvent asile dans les pays voisins, des
pays pauvres qui n’ont rien d’autre à leur offrir que des camps de toile où ils
devront survivre des années avec de maigres secours, une situation à laquelle
quelques-uns tentent désespérément d’échapper en gagnant l’Europe.
À tout
cela les dirigeants du monde capitaliste n’ont pas de solution car ils en sont
les premiers responsables. Aussi ne savent-ils qu’hérisser les frontières de
barbelés, voire de murs, pour empêcher les victimes de leur système d’entrer
sur leur territoire.
Les
migrants de Calais ne sont pas nos ennemis, ils sont nos frères. Non seulement
parce que nous faisons partie d’une même humanité, mais parce qu’ils sont les
victimes de la même société d’injustice. Beaucoup diront qu’il n’y a rien de
commun entre l’exploitation que subissent les travailleurs en France et la
situation désespérée où plonge la population de pays entiers en Afrique ou en
Asie, mais c’est faux. Les travailleurs que l’on licencie ici, ou même les
agriculteurs qui se plaignent de ne plus pouvoir vivre de leur travail, sont
victimes d’un même système capitaliste qui, en obéissant à la seule logique du
profit, rend la planète de plus en plus invivable pour la majorité de ses
habitants. Un système économique et politique absurde, injuste, violent,
inhumain, qu’il est de plus en plus urgent de renverser.