Barrage
de Sivens : acharnement pour un projet contestable
Après que dimanche 26 octobre,
lors des échauffourées entre la police et des opposants au barrage de Sivens,
Rémi, un jeune manifestant, est mort victime de l'explosion d'une grenade, les
autorités ont dû faire marche arrière.
Décidé
par le conseil général du Tarn et approuvé par l'État, le barrage a été jugé,
dans un rapport rédigé par deux ingénieurs des Ponts, des Eaux et des Forêts,
comme étant surdimensionné, coûteux et d'une utilité discutable. Seuls une
vingtaine de producteurs de maïs bénéficieraient du barrage, dont le coût a été
évalué à 8,49 millions d'euros par le conseil général du Tarn, auxquels
s'ajouterait une dépense de gestion annuelle de 300 000 euros. Le projet est financé
à 50 % par l'agence de l'eau Adour-Garonne (c'est-à-dire aussi par les
consommateurs) et à 50 % par l'Europe, la région et deux départements.
Depuis
des années que ce projet de barrage fait discussion, jamais la population n'a
été réellement consultée sur ce projet. Les opposants à sa réalisation,
écologistes et habitants des communes avoisinantes, se sont mobilisés et ne
désarment pas. Grèves de la faim, manifestations se sont succédé pour demander
un moratoire sur ce projet et un débat public. La seule réponse a été à chaque
fois d'embarquer les manifestants, de raser leurs installations provisoires ou
de les matraquer.
Lundi 27 octobre, près d'un millier de personnes étaient
présentes à Albi devant la préfecture, pour protester contre les violences
policières responsables de la mort de Rémi. Plusieurs interventions se sont
succédé, toutes pour dire leur hostilité au président PS du conseil général,
Thierry Carcenac, qui fait la sourde oreille depuis plusieurs mois, et pour
clamer leur révolte face à la violence quotidienne de la police sur le site du
Testet.
Les
forces de police étaient en nombre et leur présence ostentatoire aux abords du
rassemblement a été prise comme une provocation. Des opposants qui voulaient
manifester dans la ville en ont été empêchés par les CRS. Devant ce déploiement
de forces, un petit groupe de jeunes manifestants, choqués de la mort de leur
camarade et exaspérés par cette présence arrogante, s'en est pris aux CRS. Le
gros de la manifestation ne s'est alors pas dispersé mais est au contraire
resté sur place, pour ne pas laisser les jeunes seuls face aux matraques.
La
réalisation de ce barrage va dilapider les fonds publics alors que son utilité
n'est aucunement prouvée. De toute façon, à aucun moment la population n'a eu
son mot à dire ; une raison pour s'opposer à sa réalisation comme aux violences
policières.
Correspondant LO