Mettre fin à l’obscurantisme, garantir le libre choix de chacun
Après
avoir reçu des représentants des cultes et des médecins, Macron s’est rendu
jeudi après-midi dans le service de « soins palliatifs » de l’hôpital
Victor Dupouy d’Argenteuil pour s’entretenir avec les familles et les agents de
ce service hospitalier essentiel. Un nouveau projet de loi devrait être voté
dans les mois qui viennent. Ci-dessous, un article sur ce sujet extrait d’un
numéro de l’an passé de notre hebdomadaire Lutte ouvrière et une référence d’un
beau livre sur la question du suicide assisté. DM
Fin de vie : selon que vous serez
puissant ou misérable
05 Avril 2023
Pour la énième fois, le sujet de
la fin de vie revient à la une de l’actualité. Le droit de choisir d’avoir une
fin de vie digne devrait appartenir à chacun. Mais dans une société toute
entière soumise à la rentabilité, ce droit n’existe pas, pas plus que le droit
de vivre dignement.
Convoquée pour répondre à la
question « Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux
différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils
être introduits ? », la convention citoyenne a répondu non et
proposé de dépasser ce cadre en inscrivant dans la loi l’aide active à mourir,
c’est-à-dire le droit au suicide assisté ou à l’euthanasie.
Il s’agit ici de la situation de
personnes souffrant d’une maladie incurable en phase terminale, ou victimes
d’accidents qui ne leur offrent plus comme avenir que la mort au terme de
grandes souffrances et de dégradations insupportables pour elles-mêmes et leurs
proches.
La loi actuelle répond en partie
au problème. À la demande du malade ou, s’il ne peut plus le faire lui-même,
après une décision collective des proches et des soignants, la loi autorise à
arrêter les traitements. Elle oblige aussi à calmer les douleurs y compris avec
des doses de médicaments dont on sait qu’elles peuvent entraîner la mort. Elle
impose de « permettre une sédation profonde et continue jusqu’au
décès ».
Avec une bonne dose d’hypocrisie,
la loi permet donc de « laisser mourir » mais elle refuse de
« faire mourir. » Cela dit, dans une société où tous les rapports
sociaux et toutes les activités sociales sont gouvernés par l’argent, on pense
immédiatement aux multiples et sérieux garde-fous qu’il faudrait mettre en
place si la loi autorisant à faire mourir, donc autorisant l’euthanasie, était
votée.
Mais c’est dans tous les aspects
qui entourent la fin de vie que les impératifs financiers et de rentabilité
règnent en maîtres. Les hôpitaux et les Ehpad sont à la diète. Ils manquent de
personnel, de lits, voire même de services de soins palliatifs, de médicaments,
pour peu que ceux qui sont nécessaires ne soient pas répertoriés par la
pharmacie de l’hôpital parce que trop chers. En termes d’hébergement,
d’équipements techniques, de matériel, la différence est grande entre les
meilleurs services des meilleurs hôpitaux privés au tarif exorbitant et
certains hôpitaux publics à la diète.
Quant à la fin de vie de ceux qui
n’ont pour maladie que le grand âge, il n’y a rien de comparable entre celle ou
celui auquel ses revenus permettent de rester chez lui avec le personnel
nécessaire matin, midi, soir et même la nuit, et celle ou celui qui se retrouve
isolé dans un logement inconfortable avec pour seule compagne la télévision.
La vie de chacun dépend de ses
revenus, de son milieu, de ce qui définit son niveau de vie. Il ne peut en être
autrement pour la fin de vie.
Sophie GARGAN (Lutte ouvrière
n°2853)
Carole
Fives Le jour et l’heure, J-C Lattès