États-Unis
: la grève dans l’automobile
21 Septembre 2023
Depuis le 15 septembre, la
centrale syndicale des ouvriers de l’automobile, l’United Auto Workers (UAW), a
entamé un bras de fer avec les trois grands constructeurs historiques des
États-Unis : General Motors, Ford, ainsi que Chrysler qui fait à présent partie
de Stellantis.
Pour la première fois, l’UAW a
démarré une grève touchant simultanément ces « trois grands ». Depuis
que Shawn Fain a été élu président de l’UAW au printemps, la direction
syndicale a adopté un langage combatif, préparant ses 150 000 adhérents de
l’automobile à se mobiliser pour appuyer les négociations des contrats de
travail collectifs de quatre ans, ceux-ci arrivant à expiration le 14 septembre.
Mettant en avant les 250
milliards de dollars de bénéfices réalisés par les « trois grands »
sur le marché nord-américain ces dix dernières années et les sacrifices
consentis par les ouvriers, notamment suite à la crise de 2008, le syndicat a exprimé
des revendications très largement partagées par ses adhérents. Il réclame une
hausse de 46 % des salaires sur les quatre années à venir pour faire face
à l’inflation prévisible, rattraper les 20 % de l’inflation passée, ainsi
que pour compenser les pertes subies par les ouvriers licenciés puis
réembauchés à des taux horaires souvent inférieurs d’un tiers. Le syndicat
réclame aussi le retour de l’allocation compensatrice de l’inflation (COLA), à
laquelle il avait renoncé en 2007 sous la pression du patronat. Enfin, au nom
de l’unité des travailleurs, l’UAW exige la fin du statut dérogatoire
(« tiers », accepté lors des contrats précédents) que connaissent les
nouveaux embauchés et les intérimaires, payés bien moins que leurs collègues et
ne bénéficiant pas de la même retraite ni de la même couverture médicale.
Ces derniers mois, l’UAW a
popularisé ces revendications, en rappelant les grèves avec occupation d’usines
des années 1930 qui avaient imposé les syndicats aux plus grandes entreprises.
Ses dirigeants parlent à nouveau de classe ouvrière, en appelant au
« combat d’une génération ». Nul doute que la grande majorité des
membres de l’UAW se retrouvent dans les revendications de leur syndicat et
savent qu’une grève importante est nécessaire pour faire plier les
constructeurs. En face, le patronat et ses relais politiques ont dénoncé ces
revendications comme excessives et prétendu qu’une grève mettrait l’économie en
péril. Pourtant il n’est même pas question de recréer les emplois qui ont été
détruits par dizaines de milliers, ce qui permet aux patrons de faire plus de
profit sur chaque véhicule et explique les bénéfices gigantesques accumulés. Il
n’est pas question non plus d’alléger les horaires de travail harassants et les
cadences qui détruisent la santé des ouvriers.
Pour l’instant, les « trois
grands » n’ont proposé que des miettes aux négociateurs de l’UAW, tandis
que ceux-ci voudraient augmenter progressivement la pression gréviste avant
d’obtenir des contrats qu’ils pourraient soumettre au vote des syndiqués. La
grève n’est légale qu’au moment du renouvellement de ces contrats et seule une
petite partie des syndiqués a été appelée pour l’instant à l’action, tandis que
la caisse de grève du syndicat indemnise partiellement les grévistes. L’UAW
n’organise la grève que dans une seule usine de chacun des « trois
grands », avec des piquets de grève tournants qui ne mobilisent chacun des
13 000 grévistes qu’une seule fois par semaine. Dans sa tactique pour
renforcer sa position face à des constructeurs riches à milliards, et appuyés
sur leurs actionnaires financiers de Wall Street, Shawn Fain a averti les
adhérents de l’UAW qu’ils doivent se tenir prêts à répondre lorsque que le
syndicat appellera de nouvelles usines à rejoindre la grève.
La direction de l’UAW contrôle
donc de bout en bout ce mouvement, dont elle a l’initiative. Les travailleurs
membres du syndicat ont été consultés sur l’opportunité d’une grève et l’ont
approuvée, même si sa conduite leur échappe totalement. Elle est certainement
vue avec sympathie bien au-delà des rangs de l’UAW. Les ouvriers de
l’automobile peuvent trouver des alliés dans tout le monde du travail, syndiqué
ou non.
Lucien DÉTROIT (Lutte ouvrière n°2877)
Les prochaines
permanences prévues :
-Aujourd’hui
Vendredi 22 septembre, de 17 h.15
à 18 heures 15, carrefour « Babou » ;
-Samedi matin
23 septembre, de 10 h.15 à 10 h.55 devant Monoprix ;
- de 11 h. à
midi au marché de la Colonie ;
-et de 11 h. à
midi, devant le magasin Auchan au Val-Sud.
-Dimanche 24
septembre, de 10 h.15 à 10 h.55 devant l’Intermarché du Centre ;
- et de 11 h. à
midi au marché Héloïse ;
-Lundi 25
septembre, de 18 h. à 19 h. centre commercial des Raguenets à
Saint-Gratien ;
-Mardi 26
septembre, de 18 à 19 heures devant l’Intermarché de la cité Joliot-Curie.
Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est aussi en vente à la
librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la Terrasse du
quartier du Val-Nord que nous remercions.