Comme
vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait
aborder, un siècle après le Congrès de Tours de décembre 1920, la naissance du
parti communiste en France. Le texte de cet exposé est néanmoins disponible sur
notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposons à partir d’aujourd’hui en
feuilleton sur notre blog « lo argenteuil »
Le jeune
parti communiste : du combat pour créer un parti révolutionnaire au stalinisme
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Avant le
congrès de Tours : des années décisives
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Deuxième
congrès de l’IC
Un reflux s’amorçait, qui n’était
pas propre à la France. Au printemps 1920, le pouvoir soviétique sortait
victorieux de la guerre civile. Mais après une série de révolutions en
Allemagne, en Hongrie, des situations révolutionnaires dans plusieurs pays
d’Europe, le pouvoir de la bourgeoisie s’était stabilisé. La prise du pouvoir
par le prolétariat n’était plus à l’ordre du jour immédiat. La Russie
soviétique se retrouvait isolée, ce qui allait poser des problèmes terribles
aux bolcheviks car l’arriération économique du pays et les dévastations de la
guerre menée par les Blancs menaçaient la survie du jeune État ouvrier.
Plus que jamais, le sort de
révolution russe était lié à l’évolution de la situation politique mondiale et
à la capacité du prolétariat de prendre le pouvoir lors de la prochaine montée
révolutionnaire. Pour cela il était urgent de former des partis communistes
dans tous les pays pour transmettre l’expérience du bolchevisme : celle d’un parti ayant appris à s’orienter
dans des périodes de reflux comme dans des périodes de montées, dans
l’opposition ou au pouvoir ; d’un parti
qui s’est trempé en
affrontant collectivement ces changements rapides de situations. Cette expérience, Lénine et
les bolcheviks cherchaient à la transmettre
par des textes diffusés dans tous les pays, par l’envoi de cadres, par des
moyens financiers mis, modérément, à disposition des communistes étrangers,
mais surtout en proposant une politique pour les travailleurs du monde entier.
C’était l’objectif du Deuxième congrès de l’IC, en juillet 1920.
Mais les partis ou les groupes
militants qui se tournaient vers l’Internationale, poussés par l’attraction
toujours très vive exercée par la révolution russe sur des millions d’opprimés,
étaient loin d’être sur la même longueur d’onde que les bolcheviks. Deux
dérives les menaçaient. D’un côté certains ne venaient que pour profiter du
prestige des bolcheviks et voulaient poursuivre les vieilles pratiques
parlementaires et réformistes des partis socialistes et sociaux-démocrates.
D’autres, qualifiés de gauchistes par Lénine, rejetaient toute participation
aux élections et tout travail dans les syndicats réformistes alors qu’ils
organisaient encore des millions de travailleurs. Diffuser et implanter les
idées communistes auprès de larges masses en utilisant tous les moyens, y
compris les élections, était indispensable. Pour tenter de lutter contre les
deux écueils, opportunisme et gauchisme, et écarter les indésirables, 21
conditions d’adhésion à l’IC furent établies.
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(Demain : Avant le
congrès de Tours : des années décisives, Le congrès de Tours)