Salaires
: la “smicardisation” et ceux qui la fabriquent
07 Février 2024
Dans son discours du 30 janvier
devant l’Assemblée nationale, Gabriel Attal a dénoncé « la smicardisation de
la France » et promis d’y mettre un terme.
Il faut un sacré culot aux
macronistes pour dénoncer une situation qu’ils ont eux-mêmes encouragée, après
leurs prédécesseurs. Année après année, des millions de travailleurs sont
rattrapés par le smic et doivent vivre avec ce salaire, aujourd’hui
1 398,69 euros net par mois. En 2023, 17,3 % des salariés étaient
payés au smic en France, contre 12 % en 2021. La période de forte
inflation a accéléré cet alignement des salaires sur le palier bas.
Le smic est le seul salaire dont
le montant doit être revalorisé quand l’inflation officielle dépasse 2 %.
Il l’a donc été plusieurs fois depuis trois ans. Par contre, l’augmentation de
tous les autres salaires dépend du bon vouloir des patrons, ou plutôt du
rapport de force entre salariés et employeurs. En l’absence d’une augmentation
générale de tous les salaires, des millions de salariés sont devenus smicards.
Les patrons rechignent d’autant
plus à augmenter les salaires supérieurs au smic que les gouvernements
successifs ont allégé les cotisations sociales patronales sur les salaires
inférieurs à 1,6 fois son montant. Et ils les ont quasiment supprimées pour le
smic, ce qui encourage les patrons à embaucher aux plus bas salaires.
Sans surprise, Attal ne prévoit
pas d’imposer par la loi l’indexation automatique de tous les salaires sur
l’inflation. Il a juste promis « d’agir pour que les branches
professionnelles revoient leurs grilles et remontent les premiers niveaux quand
ils sont en dessous du smic ». Catherine Vautrin, la nouvelle ministre
du Travail, promet « de réaliser des contrôles ». Les patrons
doivent trembler… de rire.
Vautrin envisage plus
sérieusement deux autres pistes : réduire davantage les cotisations
patronales sur les salaires supérieurs au smic, ce qui viendra vider un peu
plus les caisses d’allocations familiales, de l’Assurance maladie ou du
chômage ; ou baisser les impôts des salariés gagnant un peu plus que le
smic. Une fois de plus, tous les moyens sont bons pour ne pas faire payer le
patronat.
Vautrin a tenu à préciser que « le
smic ne sera pas supprimé », ce qui signifie que l’hypothèse a été
envisagée ! Certains commentateurs, exprimant les désirs du patronat,
proposent de le régionaliser, autrement dit de baisser son montant dans
certaines régions, sous prétexte que le coût de la vie y serait moindre que
dans les grandes métropoles. Mais, à Paris comme dans la Creuse, on ne peut
vivre décemment avec moins de 2 000 euros net par mois. Tous les salaires
devraient être non seulement indexés sur le coût de la vie mais massivement
augmentés.
Le salaire de tous les
travailleurs, au smic ou pas, ne représente qu’une infime fraction des
richesses qu’ils créent par leur travail. Tant que durera le salariat, il n’y a
qu’une façon légitime d’augmenter les salaires : transférer aux
travailleurs une partie bien plus grande des richesses créées, en réduisant les
profits patronaux.
Xavier LACHAU (Lutte ouvrière
n°2897)
Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :
-Aujourd’hui samedi 10 février : de 10 h30 à midi, centre cl de la
cité Joliot-Curie ;
-et de 11 h à midi au marché de la Colonie ;
-Lundi 12 février : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à
Saint-Gratien ;
-Mercredi 13 février : de 11 h.30 à midi, marché des Champioux.
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