Mesures sécuritaires : xénophobie
officielle
Mesures
sécuritaires : xénophobie officielle
11 Novembre 2020
Une semaine après l’attentat de
Nice, Macron a ajouté une nouvelle couche à la campagne anti-immigrés du
gouvernement, annonçant depuis le Perthus, sur la frontière franco-espagnole,
le doublement des effectifs policiers aux frontières.
Il a aussi appelé à revoir les
règles de l’espace Schengen, cet ensemble de 26 États dans lequel les
ressortissants européens sont censés circuler librement.
Cette libre circulation est
pourtant de plus en plus entravée, et plus encore depuis l’épidémie de
Covid-19. Mais ce n’est pas le problème de Macron, pour qui l’essentiel restait
d’affirmer que, pour lutter contre les terroristes, il fallait renforcer les
frontières. Comme si multiplier les gardes-frontières allait dissuader des
jeunes fanatisés de passer à l’action ! Par contre, ils seront autant
d’obstacles supplémentaires sur la route des dizaines de milliers d’hommes, de
femmes et d’enfants qui tentent de rejoindre l’Europe et le paient parfois de
leur vie.
Même si la plupart des auteurs
des attentats commis ces dernières années étaient de nationalité française,
Macron utilise l’origine tunisienne et l’arrivée récente en France du
terroriste de Nice pour reprendre les arguments de l’extrême droite, et ainsi
jeter la suspicion sur l’ensemble des immigrés, jugés, comme les musulmans,
collectivement responsables des attentats, passés et futurs.
Cette campagne raciste et
xénophobe non seulement ne désarmera en rien les fanatiques religieux prêts à
manier le couteau ou l’explosif, mais elle risque de diviser encore plus le monde
du travail, de creuser de nouveau le fossé entre ceux qui possèdent la carte
d’identité française et ceux qui en sont dépourvus, poussant chacun à
soupçonner l’autre, qui de complicité avec les terroristes, qui de complaisance
avec les racistes.
Cela favorise la progression des
idées de l’extrême droite. Marine Le Pen s’en est d’ailleurs félicitée et a
profité de l’occasion pour demander la réforme du Code de la nationalité et
l’expulsion de tous ceux qu’elle estime indésirables. En miroir, loin d’affaiblir
les courants djihadistes, une telle propagande les renforce, en aggravant le
sentiment de rejet ressenti par bien des jeunes issus de familles anciennement
immigrées et en permettant aux djihadistes de se faire passer pour leurs
défenseurs.
Jacques Le
Gall (Lutte ouvrière n°2728)