États-Unis
: victoire partielle d’une grève partielle
01 Novembre 2023
Après plus de quarante jours de
grève de dizaines de milliers d’ouvriers de l’automobile, les patrons des trois
grands constructeurs historiques (Ford, Stellantis, dont fait partie Chrysler,
et General Motors) ont fait des offres, que la direction du syndicat UAW a
acceptées.
Ces accords portent sur les
nouveaux contrats de travail collectifs prévus pour les quatre années et demie
prochaines. La grève continue tant qu’ils ne sont pas ratifiés par les
145 000 salariés adhérents de l’UAW dans ces trois entreprises, au cours
de trois votes distincts, mêlant les ouvriers des usines en grève et ceux qui
n’ont pas été appelés à s’y joindre par le syndicat. Si un de ces accords était
rejeté par les travailleurs, la grève continuerait dans cette entreprise.
L’UAW qualifie ces trois accords
– similaires dans leurs grandes lignes – de « victoire historique ».
Il est certain que, sans leur détermination, les grévistes n’auraient pas
obtenu 11 % d’augmentation immédiate de leur salaire horaire ; avec
la perspective qu’au bout des quatre ans et demi du nouveau contrat
l’augmentation, indemnité inflation comprise, sera autour de 30 %. Il faut
toutefois rappeler que l’inflation subie les deux années passées a été de
20 %...
Les grévistes n’ont pas réussi à
arracher l’abolition du statut dérogatoire, qui permet aux patrons de
sous-payer les nouveaux embauchés et de diviser ainsi les travailleurs. Mais
ils ont obtenu la réduction de la durée passée dans ce purgatoire avant de
toucher une paye entière.
Autre élément à mettre au compte
de la mobilisation : le syndicat a obtenu le droit d’appeler à la grève
contre une fermeture d’usine. Auparavant, une telle grève aurait été considérée
comme une rupture du contrat collectif, ce que l’UAW s’est bien gardé de faire
lors des nombreuses fermetures d’usine de ces dernières années.
Ce qui a été gagné face à un
patronat puissant, bien que la grève soit restée partielle à cause de la
politique syndicale, montre la force bien réelle de la classe ouvrière aux
États-Unis.
Lucien DÉTROIT (Lutte ouvrière
n°2883)