Haïti :
guerre des gangs et manœuvres américaines
13 Mars 2024
Le 11 mars, le secrétaire d’État
américain Anthony Blinken s’est déplacé à la Jamaïque pour une réunion
consacrée à Haïti. Le lendemain, Ariel Henry, Premier ministre dont le départ
était exigé par le principal chef des gangs haïtiens, démissionnait.
La démission
« encouragée » d’Ariel Henry, chef d’État de fait depuis l’assassinat
de Jovenel Moïse en 2021, fait partie des manœuvres américaines pour tenter de
restaurer un pouvoir central à la tête d’Haïti, livré à une violente guerre des
gangs pour le contrôle du pays.
Mois après mois, ces bandes
armées ont étendu leur emprise et affermi leur pouvoir. Non contentes de couper
les routes pour rançonner les travailleurs contraints d’aller gagner leur pain,
de taxer les entreprises petites ou grandes, de kidnapper ou d’abattre
n’importe qui dans la rue, elles ont attaqué des commissariats, puis vidé les
prisons. Le 29 février, au prix de destructions considérables, les gangs ont
pris pour cible l’aéroport de Port-au-Prince, les derniers bâtiments officiels,
ceux des ONG et les ambassades occidentales.
Tant que les meurtres, les viols,
la famine touchaient la majorité pauvre du pays, ceux qui ne peuvent ni
s’exiler ni se barricader derrière des barbelés, les bourgeois haïtiens comme
les dirigeants occidentaux ont toléré ces gangs. Beaucoup parmi les chefs de
gang sont leurs anciens hommes de main qui réprimaient les grèves ou les
manifestations d’ouvriers, faisaient le coup de poing contre des étudiants ou
des opposants, au service de tel ou tel responsable politique. D’autres, comme
Jimmy Chérizier dit Barbecue ou Guy Philippe, en rivalité pour le pouvoir, sont
d’anciens gradés de la police ayant basculé dans le trafic de drogue. Nommées
selon les périodes Macoutes, Chimères ou d’autres noms poétiques, ces bandes
armées ont permis à la bourgeoisie, locale ou plus lointaine, de tirer pendant
des décennies du profit de l’exploitation des travailleurs haïtiens sous-payés.
Aujourd’hui, ces chiens de guerre
mordent leurs maîtres et exigent tout le pouvoir. Le dénommé Barbecue a réussi
à s’imposer comme le chef du G9, un regroupement de gangs qui contrôle presque
toute la capitale. Il est en rivalité pour le pouvoir avec Guy Philippe,
ex-membre des forces spéciales formées en Équateur, ex-commissaire de police,
ex-sénateur, ex-détenu aux États-Unis pour trafic de drogue, libéré et rentré
récemment en Haïti. Ces deux gangsters, qui se proclament désormais « combattants
de la liberté », ont formé un « Conseil révolutionnaire »
présidé par Guy Philippe. L’enjeu de leurs dernières attaques est de faire
reconnaître par les dirigeants américains leur « Conseil » comme le
pouvoir de transition officiel.
La démission d’Ariel Henry valide cette possibilité. Sans rire, le
chef d’État du Guyana, qui préside la Communauté des Caraïbes, a déclaré que
cette démission « ouvrait la voie à une transition pacifique (!)
du pouvoir, à un plan d’action à court terme en matière de sécurité et à des
élections libres et équitables ». Les conseillers américains
réussiront-ils à travestir le « Conseil révolutionnaire » de Guy
Philippe et Barbecue en un « Conseil de transition comprenant un vaste
panel de la société civile haïtienne », comme annoncé à la sortie de
la réunion en Jamaïque ? Les 133 millions de dollars que Blinken vient de
promettre pour « résoudre la crise » satisferont-ils ces candidats au
pouvoir ? Dans le chaos d’Haïti, il s’agirait de plaquer un semblant de
façade démocratique sur une situation qui est de fait une dictature des gangs.
Quelle que soit la suite de ces
manœuvres sordides, les travailleurs et les classes pauvres d’Haïti savent,
pour l’avoir vécu bien des fois, qu’elles n’ont rien à en attendre.
Xavier LACHAU (Lutte ouvrière
n°2902)
Les prochaines permanences prévues à Argenteuil :
-Aujourd’hui dimanche 17 mars, de 10 h15 à 10 h.55 devant l’Intermarché du
Centre ;
-et de 11 h. à midi marché Héloïse ;
-Lundi 18 mars : de 18 à 19 heures, centre cl des Raguenets à
Saint-Gratien ;
-Mercredi 20 mars : de 11 h.30 à midi, marché des Champioux.
Toutes les semaines, l’hebdomadaire Lutte ouvrière est
aussi en vente à la librairie Le Presse-papier et au Tabac-Presse du mail de la
Terrasse du quartier du Val-Nord que nous remercions.
Réservez
votre billet d’entrée pour notre banquet local qui aura lieu en journée le dimanche 24 mars prochain. Le prix du repas : 17 euros pour
les adultes, 8 pour les enfants jusqu’à 14 ans.