vendredi 29 avril 2016

Censure à Argenteuil : un acte anti-démocratique. L'expression des convictions, un droit pour tous !



Liberté de conscience et d’expression, certes, mais pour tous !

G. Mothron a motivé la déprogrammation des deux films en parlant de « polémique » et, pour résumer, de « risque à l’ordre public ». Donc, si on prend cela au pied de la lettre, il n’est pas question, dans ces justifications officielles de sa décision, de ses propres convictions. On peut seulement largement en douter.
         « La sociologue et l’ourson » évoque les questions au cœur de la « Manif pour tous », apparemment de manière intelligente et humoristique, du mariage homosexuel, de l’adoption par des couples homosexuels, et de la procréation médicalement assistée.
         A la vérité, sur ces questions, le maire actuel d’Argenteuil n’y allait pas, à la veille du second tour des dernières élections municipales de 2014, avec le « dos de la cuillère » si l’on peut dire. Dans une « lettre ouverte aux Argenteuillais » qui ne fut distribuée qu’à la porte des lieux de culte musulman mais qui aurait pu l’être à destination de bien d’autres cultes, il écrivait : « Philippe Doucet, c’est la destruction de la famille et de nos valeurs communes » (son concurrent, le député PS du cru, avait voté le mariage pour les couples homosexuels). Il ajoutait : « je le dis solennellement : NOUS NE CEDERONS PAS FACE AU LOBBY LGTB. Au nom du droit de la liberté de conscience, jamais je ne marierai un couple homosexuel. Afin de préserver nos enfants et nos familles, je créerai une cellule de veille qui s’assurera que la Théorie du genre ne soit jamais enseignée dans nos écoles… »
         Cela avait au moins le mérite d’être clair.
         Ce sont ses opinions. Il a le droit de les avoir, mais qu’il les assume encore aujourd’hui alors qu’il est élu. Mais en aucun cas, cette opinion ne doit être un prétexte pour restreindre la liberté d’expression qui doit s’appliquer à tous et qui ne devrait pas relèver normalement de son bon-plaisir.
         Toutes les opinions doivent pouvoir s’exprimer librement sur Argenteuil. Les deux filles déprogrammés doivent l’être à nouveau sur la Ville.

Maroc : Mi Fatiha, le martyre de la dignité



Maroc : Mi Fatiha, martyre de la dignité

À Kenitra, ville portuaire et industrielle du Maroc, une vendeuse ambulante s’est immolée par le feu après avoir été humiliée et molestée par les autorités locales. Ce drame, révélateur de la façon dont les plus pauvres sont écrasés, a ému bien au-delà de la ville.
         Mi Fatiha (Mère Fatiha) était une vendeuse ambulante de crêpes dans un quartier populaire de Kenitra. Veuve, elle survivait avec sa fille grâce à ce petit boulot, ne gagnant, selon ses proches, qu’une trentaine de dirhams (3 euros) par jour. Le 9 avril, avec les autres vendeurs ambulants, elle était harcelée par les agents de la mairie d’arrondissement, comme c’est fréquemment le cas. Elle s’est alors vu confisquer sa marchandise, a été giflée et poussée à terre quand elle a protesté. Après avoir essayé en vain de récupérer sa marchandise, elle est allée chercher un liquide inflammable et, dans un geste désespéré, s’est immolée par le feu devant la mairie.
         Brûlée au troisième degré, Mi Fatiha a été emmenée à l’hôpital de Kenitra, mais il n’était pas équipé pour traiter ces brûlures graves, le Maroc ne disposant que de deux centres pour cela, l’un à Meknès, actuellement fermé pour maintenance, l’autre à Casablanca. Le lendemain, elle était transférée au CHU de Casablanca dans un état très grave, et décédait le surlendemain.
         Ce drame a suscité l’indignation et la colère parmi les vendeurs ambulants et les militants progressistes de Kenitra, qui ont organisé un sit-in devant la mairie d’arrondissement pour réclamer l’ouverture d’une enquête et la punition des responsables. Puis la réaction s’est élargie par l’intermédiaire des réseaux sociaux, où a été lancée la campagne « Nous sommes Mi Fatiha ».
         Le ministre de l’Intérieur a alors lancé une enquête judiciaire, puis a rapidement révoqué deux fonctionnaires impliqués et suspendu le maire d’arrondissement de ses fonctions. Cela suffira sans doute à calmer le jeu pour cette fois, mais cela ne diminuera pas la colère devant le comportement des autorités face aux plus pauvres.

                           Valérie FONTAINE (Lutte ouvrière n°2491)

A Argenteuil, "Comme des lions", au cinéma



« Comme des lions », la force des travailleurs

« Comme des lions », de la réalisatrice Françoise Davisse, est un film sur la grève des travailleurs de PSA en 2013 contre la fermeture de leur usine d’Aulnay du groupe automobile PSA. Ce documentaire ne raconte pas seulement certains épisodes de la mobilisation et de cette grève de quatre mois. Il démontre surtout l’énorme richesse d’un combat collectif de travailleurs quand la démocratie la plus complète est de rigueur tout au long du conflit. Une telle richesse a été portée en l’occurrence durant cette grève par quelques centaines de travailleurs totalement impliqués dans leur lutte. Si elle s’exprimait demain par l’action consciente de millions de travailleurs, voilà la force capable de bouleverser le monde. Un film vraiment à voir, particulièrement en ces temps de mobilisation contre la Loi travail.





Au Jean Gabin (Parc de la mairie)à Argenteuil



Ce vendredi 29 avril à 20 h.30

Dimanche 1er mai à 14 heures

Lundi 2 mai à 18 heures