mardi 27 octobre 2015

Argenteuil -"La dalle" : dix ans plus tard


Pour que cela change, il faut inverser les priorités de la société

 

Dix ans après la provocation nocturne de Sarkozy à Argenteuil le 25 octobre 2005, quel bilan font les habitants du Val-Nord ? Cette venue avait contribué au déclenchement des jours de violence qui le mois suivant touchèrent nombre de quartiers populaires du pays. Une sorte d’« examen de conscience » avait eu lieu alors sur le thème de la banlieue, et un certain nombre de mesures annoncées.

         Dix ans plus tard, lorsque les habitants sont interrogés, ils répondent que rien n’a fondamentalement changé. La rénovation urbaine ANRU a certes -au moins pour un temps- amélioré le cadre du quartier, mais la vie des gens, elle, n’a pas changé. Mais pourquoi en irait-il autrement.

         La pauvreté des familles s’approfondit. De nombreux enfants auraient besoin d’un soutien supplémentaire à l’école. A défaut, l’échec scolaire et la marginalisation augmentent. Le chômage touche un nombre important d’habitants. Malgré une emprise plus importante des religieux dans le quartier, qu’une étincelle se produise, et la violence embrase le quartier comme cela s’est produit à l’occasion du 14 juillet dernier.

         Pour inverser cette situation, ce qui est nécessaire c’est inverser totalement le cours de toute la société.

 

Série « les hypocrites »

 

Interrogé sur le sujet, G.  Mothron déclare aujourd’hui que la venue de son leader ce soir-là avait été dommageable pour l’action qu’il dit avoir mené à cette époque en direction des jeunes.

         Mais pourquoi était-il présent à ce moment-là aux côtés (ou non loin) de Sarkozy ? Lorsqu’il a été mis au courant de cette venue qu’il juge aujourd’hui intempestive, cela n’a pas entraîné chez lui une rage de dent, l’obligeant à devoir rester au lit ?

         Sur le reportage INA, on ne le voit pas faire la tête. Quant à son actuel 1er adjoint, aucune obligation ne l’obligeait alors d’être à ses côtés ! Il a même l’air tout joyeux d’en être !

Air France : guerre sociale


Violence patronale

 Le DRH d'Air France, qu'a rendu célèbre sa chemise déchirée, revient à la charge. Il a proposé dans les médias trois contrats aux pilotes d'Air France.
      Premier cas, leur salaire ne baisse pas s'ils acceptent de travailler plus longtemps. Deuxième cas : ils gagnent un peu plus pour beaucoup plus de travail. Troisième cas : ils refusent les sacrifices qu'on leur impose et on baisse leur salaire.
      Ce DRH dit vouloir étendre ce système aux hôtesses et stewards. Et ensuite, à tout le personnel ?
      Partout les patrons s'attaquent aux salaires et aux conditions de travail. Air France ne fait pas exception. Le patronat nous fait la guerre. Et il voudrait que les travailleurs se laissent faire ?

Clochemerle sur Argenteuil : nouvelles


Ridicule
 L’Argenteuillais rapporte dans sa livraison de cette semaine le projet d’une association argenteuillaise -Insane- dont les locaux, au 1er étage du bâtiment des anciens Bains-douches municipaux du centre d’Argenteuil, au 9 rue de Calais, viennent d’être inaugurés.
         Cette association mise en place par une douzaine d’étudiants en grandes écoles vise, entre autres à « … Travailler avec des jeunes qui ont un potentiel, les former, les aider dans leurs cours, les mener à l’excellence… »
         Une bonne initiative.
         Mais il a fallu que cet article qui est bien évidemment relu et l’expression de la municipalité soit l’occasion de déverser un peu de fiel sur le grand adversaire de la municipalité, c’est-à-dire… l’Agglomération et une de ses créations : le centre « Silicon Banlieue » qui, un étage plus bas, dans le même bâtiment, a entrepris une activité de qualité de vulgarisation informatique. Selon l’Argenteuillais, l adjoint en charge du centre-ville aurait déclaré : « Le dispositif de l’Agglomération est très élitiste ».
         Loin d’Argenteuil, la synergie est la base de la réussite de la Silicon Valley. Loin des rivalités ridicules en la matière, les jeunes des deux étages, autour d’un intérêt partagé pour la science, eux, à coup sûr, auront vite fait de se rencontrer.

lundi 26 octobre 2015

Editorial des bulletins Lutte Ouvrière d'entreprise de ce lundi 26 octobre 2015


Quand la barbarie du monde nous rattrape

 Bombardements, quartiers dévastés, attentats, assassinats, tortures, populations terrorisées par des régimes sanguinaires, réfugiés survivant dans des conditions infâmes : chaque jour la télévision et la presse amènent leur lot d’images barbares.

Cela se passe en Syrie, en Turquie, en Israël, dans les territoires palestiniens occupés. C’est en Irak, en Libye, au Yemen, au Nigeria ou en Afghanistan. C’est à des milliers de kilomètres d’ici. Mais même ceux qui veulent ne pas voir ne peuvent pas faire comme si cela n’existait pas.

Parce que les victimes de ces guerres sont jetées sur les routes par centaines de milliers et frappent aujourd’hui à nos portes. Parce qu’avec la menace du terrorisme, nous payons les contrecoups de ces oppressions et de ces guerres.

Et ce n’est pas un hasard : notre gouvernement est coresponsable de cet enfer. Parce qu’il bombarde en Irak et en Syrie. Parce qu’il apporte son soutien à l’État d’Israël, au gouvernement turc et aux dictatures du Golfe. Parce qu’il manœuvre en Afrique pour que la bourgeoisie française continue d’exploiter les richesses de ce continent. Cette barbarie ne peut pas ne pas rejaillir sur nous.

Elle aggrave d’ores et déjà le cours réactionnaire dans lequel l’Europe est engagée depuis quelques années. De partout en Europe, la crise, le chômage de masse et les politiques anti-ouvrières menées par tous les gouvernements, de gauche ou de droite, ont affaibli les partis gouvernementaux au profit de partis souverainistes anti-immigrés.

Ces partis d’extrême droite, pour différents qu’ils soient, ont en commun de s’appuyer sur des peurs et des préjugés et de les attiser. Ils sont partout profondément réactionnaires et anti-ouvriers.

Mais si l’extrême droite est championne du repli sur soi, elle n’est pas la seule force politique à pousser dans ce sens. La volonté affichée par tous les dirigeants européens de renforcer les frontières européennes, d’expulser ceux qui ne sont pas considérés comme de « vrais réfugiés » et même de rétablir des frontières au sein de l’espace Schengen, en témoigne.

Ici en France, sans même parler du Front national qui joue sur les préjugés les plus crasses, comment la droite et les socialistes présentent-ils les migrants ? Non pas comme des victimes, mais comme des indésirables ! Non pas comme des femmes et des hommes qui nous ressemblent, mais comme des « fardeaux » ! Qu’un élan de solidarité s’exprime, et la propagande mensongère et honteuse se met en marche pour marteler qu’il ne faut pas créer d’appel d’air.

Tout est fait pour que nous taisions nos sentiments de fraternité. Tout est fait pour nous convaincre que les migrants représentent une menace pour nous et nos enfants. Tout cela pour accréditer, ouvertement ou hypocritement, l’idée que le salut viendra du protectionnisme, de la méfiance à l’égard de l’étranger, des frontières voire des barbelés.

La France et la Grande-Bretagne - deux pays riches pour lesquels absorber quelques dizaines de milliers de migrants n’est pas un vrai problème - en sont à s’accuser mutuellement pour ce qui se passe à Calais. En Allemagne et en Suède, des minorités d’extrême droite s’organisent pour incendier des foyers de réfugiés. Combien d’autres racistes, portés par le climat actuel, se sentiront autorisés à s’attaquer aux immigrés ?

Dans les années 1990, en Yougoslavie, la démagogie xénophobe a débouché sur la constitution de milices puis sur la guerre civile. Il y a deux ans, dans l’est de l’Ukraine, on a vu comment ces mêmes réflexes ont dégénéré en escalade guerrière.

Si on n’y prend garde, la barbarie du monde, la xénophobie, les guerres nous rattraperont. Le nationalisme, la méfiance généralisée nous ont déjà rattrapés. Il faut que les travailleurs conscients prennent le contrepied de cette évolution délétère.

Ce n’est pas en se barricadant derrière des frontières qu’on se protégera du fléau du chômage, de la concurrence et de la misère du monde. Ces méfaits ne viennent pas de l’extérieur, mais de l’intérieur de notre société. Ils sont propres au capitalisme, et on ne s’en débarrassera qu’en renversant ce système.

Tout se tient : les bombes là-bas, l’exploitation et le chômage ici. Car elles ont une source commune, la course au profit et la domination d’une minorité sur toute la société.

La seule force capable de renverser cette domination est la classe ouvrière consciente de ses intérêts et organisée à l’échelle internationale. Cela commence par comprendre que toutes les victimes du capitalisme ont le même intérêt fondamental de mettre fin à ce système aussi injuste qu’inhumain.

Le PS aujourd'hui, demain la droite, l'alternance ! La dictature du Capital toujours !



Que les militants sincères y réfléchissent sérieusement

Lors de notre dernière permanence du vendredi au carrefour Babou, deux militantes du PS -pas hostiles par ailleurs- nous ont dit deux choses qui méritent que l’on s’y arrête. La première, en faisant allusion à Valls : « Il ne nous aide pas ». On comprend que celui-ci ne rende pas la vie facile aux adhérents de son parti, mais cette phrase (« Il ne nous aide pas ») que nous avons déjà entendue est comme une parole convenue parmi ceux qui restent au PS. Exprimer la politique du PS de cette façon est une litote : la politique de Valls et cie est une politique pro-patronale un point c’est tout. Ceux qui ne la dénoncent pas comme telle, que cela leur fasse mal ou pas, en sont les complices.
         La seconde remarque (en passant, sans vraiment s’arrêter pour en discuter) était la suivante : « Bon, et bien vous aurez Sarkozy ». Que ces militants n’inversent pas les rôles. C’est cette politique patronale d’un gouvernement soit disant de « gauche » qui, une nouvelle fois de plus, contribue à démoraliser et à désorienter une grande fraction du monde du travail. C’est cela qui la pousse sur le plan électoral -pour l’instant, nous l’espérons- à exprimer cette démoralisation et son écœurement en s’abstenant ou en votant pour des adversaires d’hier et de demain des travailleurs et des milieux populaires. C’est Valls qui va imposer le retour de Sarkozy ou un de ses semblables, comme la politique du PS sur le plan local a imposé le retour d’un maire de droite avec la politique que l’on sait.
         C’est à cela que ces militantes devraient réfléchir. Non seulement cela leur permettrait de retrouver le moral mais cela aiderait à ce que la tendance à la démoralisation que nous évoquons soit davantage combattue en ouvrant la seule perspective qui peut s’opposer à tout le jeu politicien de droite, d’extrême-droite, de gauche. La perspective qui consiste à redonner confiance au monde du travail en ses propres forces capables de changer la donne pour lui et la société, comme 1936 et 1968 l’avaient montré aux générations d’hier.
         En tout cas, c’est tout cela que nous défendons dans la campagne des élections régionales, à travers les listes « Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs », dont celle conduite par Nathalie ARTHAUD en Ile de France.